Il est où le frein?!

[Atlante]

Du rock rapide, agile, tranchant, nerveux? Autant se fournir chez les spécialistes des bolides légers et survitaminés, en Angleterre.
On peut (peut-être) leur reprocher beaucoup de choses aux Anglais, mais il faut reconnaître cette capacité d'accélération que peu de groupes Made in USA possèdent. Confirmation avec cet album des Max Raptor, dont la référence au prédateur fulgurant préhistorique n'est pas un hasard.

Pas de temps d'observation, pas de présentation, pas de demi-teinte, on file plein pot sur les cibles en quasiment toujours 3 mn, avec une voix qui évoque le punk-rock. Batterie mitrailleuse, guitares hyper-rythmées et un enthousiasme qui tire le portrait avec une joyeuse colère, des choeurs mâles parfois tirés du punk, lequel aurait fricoté avec le pop-rock juste pour arrondir les mélodies, sans prise de graisse (un peu à l'inverse de ce que Green Day est devenu...).
L'album s'appelle "Portraits": comme la pochette les couleurs sont violentes, les gros-plans vous pètent à la figure.

Pourquoi acheter encore un autre disque de rock? Parce que c'est vivant, intense, jubilatoire et que c'est un retour salutaire aux sources des plaisirs de ce qui a été, qui est et qui restera jeune chez vous.

Courez, les Max Raptor vous accompagnent en formation d'attaque!

Coups de semonce ici: http://www.amazon.fr/Portraits/dp/B004U ... 154&sr=8-9

[Atlante]

Guitare simpliste, batterie binaire, basse "maigre comme un lacet", voix blanche qui bouffe la fin des syllabes terminales, format de plus de 3mn rare, plutôt dans les 2mn chrono: à la façon des Ramones, des Clash du 1er album, à la punk quoi.

Les p'tits Texans de Occult Detective Club viennent nous rappeler que non, décidément non, l'heure n'est pas encore revenue à l'abondance et à l'opulence (encore que vu le gabarit du chanteur...), aux sourires béats et à l'optimisme.
OK, sont pas originaux, pas très techniques, ils se répètent un peu trop et leur style minimaliste peut lasser. Mais bon, 28mn toutes mouillées pour 12 morceaux, c'est largement assez pour retrouver ces putains de Rangers (ah ça y est, j'les ai trouvées), monter le son (pas très beau mais ça doit emmerder les voisins, c'est toujours ça de gagné), se raser la tignasse des deux côtés du crâne (au milieu ça se fait tout seul) et décocher quelques coups de godasse dans les enceintes B&O.
Comme un air de déjà-vu mais aussi un vent de jeunesse, qui pointe les trucs qu'on a foirés ("In another life"), le poids de la frustration de not' belle société ("Their walls around you", "Bureaucracy") ou la possibilité d'une idylle quel que soit l'âge ("Young lovers").

L'album, tout récent, c'est "Crimes": ne révolutionnera pas votre discothèque mais étalonnera votre capacité à avoir entretenu votre âme juvénile, à croire encore que quelques notes simples peuvent éclairer le soleil glauque. Vous ètes djeuns?? Ben alors essayez cet esprit grinçant, et bienvenue dans les 70's.

Craquements d'allumettes: http://www.amazon.fr/gp/product/B004IU2 ... 642&sr=1-3

Dernière édition par Atlante le 19 Mai 2011 à 11:08, édité 1 fois.

[sondier21]

Texans ??
c'est bien back to 78-80, ça rappelle plein de groupes anglais de l'époque, et puis le son me rappelle que j'ai écouté il y a peu le premier Real Kids, ça y fait penser aussi -- ce qui est une bonne référence  
merci pour le plan, et je vais écouter le premier Outcast, besoin de belles mélodies  

[Atlante]

Oui, Texans!
C'est d'ailleurs une tendance actuelle de se ré-approprier les styles quel que soit l'endroit d'où viennent les artistes: Canadiens qui font du Texan, Australiens qui font de l'Afro-beat, Américains de l'oriental, Suèdois qui font de l'Anglais, etc.
Chacun met le costume qui lui convient, pas celui venu de la naissance, et c'est très bien ainsi si on n'a pas peur d'une pseudo perte d'identité. Ca croise les influences en les enrichissant par une ré-écriture, une ré-actualisation aussi, comme si on attendait un nouveau courant musical fédérateur d'une zone ou d'une culture.

[PP_65]

Conclusion : n'importe quel groupe du genre peut remplir le même rôle , j'en écoute tellement en live que je n'ai même plus besoin des disques .

[Atlante]

Faut d'abord avoir la chance de pouvoir assister à des concerts facilement et souvent: personnellement, devoir me taper 100 bornes est déjà un facteur limitant... et puis j'aime évidemment réécouter ce qui me plaît, tout de suite ou dans longtemps.

De plus même dans ce style y a vraiment de tout en qualité (sans tenir compte des goûts perso): je retiens, allez quoi, un album sur 10 à 20 de ceux que je peux écouter, comme dans tous les styles musicaux d'ailleurs. Autrement dit n'importe quel groupe du genre ne fera pas l'affaire; y en a un paquet de désolants tout de même, qui doivent penser que jouer fort, sale et énervé suffit. L'énergie c'est bien mais il faut "autre chose" (chacun donnera sa conception d'"autre chose").

[PP_65]

Je fais 1/4 d'heure de vélo pour entendre du similaire en live, c'est mon luxe  .
Même si un groupe arrive à sortir un meilleur disque qu'un autre, il reste que la forme est fatiguée , surtout si on l'a déjà entendue maintes fois ; ce qui était déjà mon cas lorsque j'écoutais les Real Kids , sympathiques, mais au final pas de quoi grimper aux rideaux sur disque . Dans le genre , quel disque des Dogs restera ? Je ne vois que leur second , tout le maquillage néo-60s qui a suivi, que j'ai beaucoup écouté, n'est que cela .

[duke2]

C'est vraie qu'ils ont quelques choses des Real Kids, tres bon. Merci pour cette decouverte:

[sondier21]

Je fais 1/4 d'heure de vélo pour entendre du similaire en live, c'est mon luxe  .
Même si un groupe arrive à sortir un meilleur disque qu'un autre, il reste que la forme est fatiguée , surtout si on l'a déjà entendue maintes fois ; ce qui était déjà mon cas lorsque j'écoutais les Real Kids , sympathiques, mais au final pas de quoi grimper aux rideaux sur disque . Dans le genre , quel disque des Dogs restera ? Je ne vois que leur second , tout le maquillage néo-60s qui a suivi, que j'ai beaucoup écouté, n'est que cela .

c'est une vue personnelle, pour moi, j'adore le premier Real Kids, les mélodies, l'urgence juvénile
pour les Dogs, j'ai craqué quand le premier est sorti, j'ai pas trop accroché au deuxième que je trouvais trop sombre, et j'aime bien Too Much Class ; la semaine dernière, Lionel Herrmani me disait que le préféré de Dominique était le deuxième -- comme quoi  
tu habite Paris pour avoir autant de choix ?

[PP_65]

Non, j'habite une petite ville de province dans laquelle , depuis 4 ans, quelqu'un a décidé d'ouvrir un bar dans le but d'y faire des concerts et ça marche ! Des locaux , comme des Parisiens, des Ricains ou des Australiens y passent ! Ça va du punk hardcore à l'expérimental le plus abstrait (pas trop souvent quand même) avec au minimum deux concerts par semaine .

[PP_65]

c'est une vue personnelle, pour moi, j'adore le premier Real Kids, les mélodies, l'urgence juvénile
pour les Dogs, j'ai craqué quand le premier est sorti, j'ai pas trop accroché au deuxième que je trouvais trop sombre, et j'aime bien Too Much Class ; la semaine dernière, Lionel Herrmani me disait que le préféré de Dominique était le deuxième -- comme quoi  
tu habite Paris pour avoir autant de choix ?

Je ne crache pas dans la soupe , j'ai aussi aimé les Real Kids pour les raisons que tu évoques mais ça reste en dessous de plein d'autres choses en rock . Normal pour le second Dogs, il annonce pratiquement le noisy rock UK des 90s , les grands disques sont toujours décalés par rapport au style dans lequel ils opèrent .

[Atlante]

Croisement de Beck et des Dirt Bombs, Californien à califourchon entre les styles rock et surf music, mais en plein lo-fi, garage et musique: Ty Segall.

Prolifique en saillies musicales qui rappellent les défricheurs de toutes les époques: qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, par cul-secs expédiés cavalièrement, sur un lit d'orties sonores. Décalages aussi dans les généralement abominables pochettes, à l'opposé du peaufiné.
Il y a cette voix, à la dérive et réverbée souvent à mort, ces guitares faisant du maquis aux mélodies. Une seule relative concession à cette superbe chevauchée ivre, le dernier album "Goodbye Bread", dans lequel les apaisements touchent le rythme et la distorsion, avec quelques jolies guitares sèches en prime. Il reste l'essentiel, l'inspiration de folie douce, mais sans jamais perdre le contrôle de la situation.

Albums pas tous dispos en version CD: "Ty Segall" et "Split LP" sont à télécharger (ou en vinyl). En revanche les très bons "Melted" et "Lemons" existent dans tous les formats.

Ty Segall, une des indispensables sources de disconvenance du "rock".

C'mon boys:  http://www.myspace.com/tysegall

[Sylvain]

Pour le titre, on aurait préféré "C'est comment qu'on freine"

[Atlante]

Je laisse définitivement ce titre-là à Bashung (RIP).

[Atlante]

Y a quoi à faire en Norvège?? J'sais pas trop mais manifestement y a de quoi faire (un peu) péter les plombs.
Importation de disjoncteur sonore via Blood Command, quatuor mixte marqué par la voix acidulée de la petite brune Silje Tombre, qui fait penser à une Bjork qui aurait tourné casaque pour courir les sprints du punk-rock et du hardcore (exemple: "Incorporate Use Of Cloak & Dagger"). Un peu comme les Français de Teenage Renegade.

Une capacité étonnante à verser dans l'hystérique maîtrisé, épaulée par une batterie ultra-rapide, une guitare et une basse classiques du genre et des choeurs masculins.
Ca vous déboule en pleine face plein pot et hurlomètre à 230, sur des morceaux fulgurants qui s'éteignent généralement quelques grosses dizaines de secondes après un décollage vertical.

Comme les p'tits norvégiens n'ont pas vraiment le sens de l'efficacité marchande ils ont sorti 2/3 EP (dont l'un, très bien, n'est disponible qu'en téléchargement et vinyl, "Five Inches Of a Car Accident") et un vrai album reprenant logiquement des brûlots des essais précédents: "Ghosclocks".

On remarque en vrac une excellent reprise du "Yuri G" de P.J Harvey, des tendances punk-rock-pop entrainantes, et donc surtout cette vie pleine de bruit et de fureur, notamment dans le dernier, court et lacérant album "Hand Us The Alpha Male", véritable rafale de rage en 5 à 6 morceaux, dans un style qui évoque par certains côtés KMFDM, en moins lourdement blindé.



Welcome in Norway!...


http://www.amazon.fr/Ghostclocks/dp/B00 ... 971&sr=1-3

et

http://www.amazon.fr/gp/product/B004VEC ... 971&sr=1-1

[Atlante]

Ben tiens, alors que je réécoutais "If You Don't Already Have a Look" et que je pestais contre la médiocrité du dernier "Party store", voilà que je remets la main sur ce cher Mick, mon antipathique préféré, qui remettait les pendules à une heure plus exacte avec un album-match en nocturne: "Billiards at Nine Thirty / Dirtbombs vs King Khan & Shrines".

Chaque groupe se partage sa face, son coin de table pour jouer au billard US, white vs black aussi. Du côté des Dirtbombs toujours cette voix noire faussement suave et ce son sale, guitare wouah-wouah d'occasion, vibrations nocturnes: "Another message from the dog tree" quoi.  Du côté de King Khan & the Shrines voix indo-noire plus nerveuse, brûlée par les influences soul; "Burnin' inside" quoi.

Match Detroit vs Berlin aussi, avec deux conceptions de la mise en sueur, de la poussière, du plaisir et de la montée d'adrénaline. Chaude musique dans les deux cas.

C'est l'été putain, restez dedans bien enfermés!

Pour ça entre autres:

[PP_65]

"Y a quoi à faire en Norvège?? J'sais pas trop mais manifestement y a de quoi faire (un peu) péter les plombs."
Dans des temps reculés tu aurais été promu devin .
Comme tu es un peu square, voilà du Norvégien qui ne devrait pas t'effrayer :

Je sais, c'est du facile, mais j'ai droit au repos de temps en temps .

[Atlante]

En effet, c'est assez peinard comme Metal: un p'tit air de Soundgarden.

[Atlante]

Pas de pitié pour la majorité et pas de majorité pour la pitié, voici revenir KMFDM.
Sombre miroir de notre monde, brutal, contrasté et technologique, le quintet de rock industriel porte toujours ses armures guerrières: violence contre violence. Mauvaise conscience de notre époque, d'un système basé sur les rapports de force avec le consentement des majorités, ou du moins de leur volontaire aveuglement.

Martèlement martial proche de la rage destructrice, dès "Krank", KMFDM évoque une batterie anti-aérienne utilisée pour des tirs tendus à bout portant. Quelques rares morceaux versent dans un style pop trompeur: le coup de trique n'est jamais loin, comme dans l'atypique "Take it like a man". Sinon c'est plutôt direct du gauche, crochet, direct du droit, coup dans l'estomac et frappe des deux poings.
Le groupe polyglotte s'exprime en anglais, allemand, italien voire en français (titre "Vive la mort!" sur cet album-là), les voix masculines digitalisées, la voix de Lucia Cifarelli donnant un dernier soupçon d'espoir en l'humanité et cet album apparait finalement plus "mélodique" que la grande majorité de la grosse vingtaine déjà sortie. Universel mais pas consensuel KMFDM.

En visuel l'album WTF?! reprend les codes traditionnels de la formation: pop-art à tendance violente, forts contrastes, quasi monochromie, le reflet du relief sonore.
Le ciel est noir, le présent et l'avenir aussi, KMFDM luit de manière inquiétante et persistante, avec un certain talent dans sa spécialité.

http://kmfdm.net/index.php et puis quand-même http://www.amazon.de/Wtf-Kmfdm/dp/B0054 ... 199&sr=8-1

[Atlante]

Avis d'attaques combinées de la planète Pop.

Forces analogiques, électroniques, populaires et rockeuses.
Bombardements aux sons lourds, mitraillages frénétiques, gaz d'ambiance rampants, mouvements d'encerclements mélodiques, missiles euphorisants.
Peintures de guerre en visuel, noms de codes "Seek & destroy" ou "Captain plastic", opération "New Noise Designed By A Sadist" pour guerre-éclair.
Pool de commandement neo-post-communiste: Pop Will Eat Itself.

11 cibles visées, potentiels de hits ("Chaos & Mayhem"), explosions de plaisirs dévastateurs, dévastations sonores multiformes, champs de ruines grand-public, no man's land stylistique.

Au résultat: constat de réussite et de victoire totale, cas d'école militaire. Stratégie confortée par la réalité de terrain.

Origine des frappes: http://www.amazon.co.uk/Noise-Designed- ... 242&sr=1-1