Quoi de neuf en cd classique?

[Jubilator]

Je souscris complètement à ton analyse et à l'intérêt d'utiliser une voix mûre pour interpréter ces musiques doloristes (et pas seulement virtuoses). Je reste fasciné par exemple par les interprétations de Pergolèse ou d'Alessandro Scarlatti par Alain Zaepffel et Véronique Dietschy des années 1990 (chez Adda), qui exploitent davantage les aspects religieux de ce répertoire que leur versant agile ou aérien, avec une humanité que je ne retrouve pas chez Jaroussky, par exemple. L'incarnation que permet la voix plus charnue d'un quinquagénaire, ce n'est pas tout à fait rien…

Il faudrait dire aussi un mot du Salve Regina d'Anfossi, que je ne connaissais pas. La composition n'est pas tout à fait au même niveau, mais c'est justement très intéressant de pouvoir confronter Vivaldi à ses contemporains, au-delà des quelques "tubes" les plus connus et les plus géniaux.

L'orchestre de l'Accademia Bizantina est effectivement excellent.

[Pseudo]

Merci, Jubilator, de ce riche retour. J'ai parfois le sentiment de prêcher dans le désert  

[Jubilator]

Est-ce que tu connais la Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcón ? Je suis allé écouter un très beau concert jeudi soir : ils sont partis d'une mélodie populaire napolitaine déjà reprise par Cavalli, autour d'une histoire d'amour bien triste, et ils ont intercalé des airs et des madrigaux de l'Italie du Sud, de genres très variés. Musicalement, c'était vraiment très bien, notamment les deux sopranos Mariana Flores (un tempérament de feu !) et Ana Vieira Leite (davantage dans le registre de la pureté angélique).

Il va falloir que je me penche sur leur discographie…

[sax.tenor]

Le cd est daté de 2008, mais pour moi c'est une brillante découverte. J'adore : la musique, l'interprétation, la qualité d'enregistrement.

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[Pseudo]

Est-ce que tu connais la Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcón ?

Je ne les connais qu'en disque (la région où je vis n'est pas très riche en concerts). J'apprécie leur Orfeo, moins "pointu" que celui d'Alessandrini, mais probablement plus équilibré et mieux enregistré.

[bandit]

J'ai cette intégrale depuis longtemps , je n'ai jamais vraiment "accroché" à cause de la prise de son du piano qui est lointain et "maigre" .
Le son du violon de R.Podger est "correct" mais loin des autres enregistrements "superlatifs" de la violoniste sur le même label .

bonjour simon (private joke: ton ar se porte tjrs bien..). Le pianoforte est par définition assez difficile à capter. Même si le violon de Podger prend souvent le dessus (les cordes à boyaux sont tjrs difficiles à accorder avec le pianoforte), cela reste globalement d'excellentes prises de son pour ma part, voire exceptionnelles. Interprétation superlative, Mozart aurait, je pense, apprécié .

-- 26 Mai 2024 à 22:28 --

Voici un autre album qui risque de susciter la controverse:

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Près de trente ans après son enregistrement avec l'ensemble 415 de Chiara Banchini, Andreas Scholz revient au Stabat mater de Vivaldi.

Comme Jean-Baptiste Grenouille dans la composition de son extraordinaire Parfum, il l'entoure de jolies choses qui servent de faire-valoir à cette œuvre extraordinaire.

Il ne faut pas tenter de juxtaposer ces deux prestations car le temps a exigé un lourd tribut de la voix de l'interprète: si le médium est assez bien préservé, l'aigu a perdu sa fluidité et son éclat si particulier, et le grave une bonne partie de son aisance.

Mais l'essentiel n'est pas là. On peut grossièrement distinguer, dans l'interprétation de cette oeuvre, ceux, et généralement celles, qui choisissent la Mimésis (l'identification au personnage marial) et ceux qui choisissent l'angélisme, à savoir la plupart des altos masculins.

Pour son retour dans le chef-d'oeuvre vivaldien, Andreas Scholl choisit d'exploiter sa voix, qui est désormais celle d'un homme qui a vécu, pour adopter une posture semblable à celle de l'évangéliste dans les Passions de Bach: le voici témoin et rapporteur de ce drame humain et religieux. Il s'incarne dans ce rôle avec une humanité profondément bouleversante.

L'Accademia bizzantina lui offre un soutien plus varié et imaginatif que le très appréciable Ensemble 415, qui se montrait certes intense, mais moins inventif et précis, dans l'approche de 1995. Les deux enregistrements restent séduisants chacun à sa manière: le plus récent par son son raffinement et la complexité des sentiments qu'il exprime, le plus ancien par sa ferveur portée par une voix unique.

Prometteur pour ma part, pas encore eu le temps de m'en imprégner suffisamment, tessiture de vos très particulière. Prise de son somptueuse.

[bandit]

je reste sur la version avec Bowman pour ma part.

Autre nouveauté, les 4 saisons par J. Savall. Je reste dubitatif. Pourquoi insérer un récitatif (mais d'où provient-il donc, la lecture en diagonale du livret ne donne aucune précision sur l'origine de ce texte) qui vient s'intercaler en perturbateur dans les mouvements . Certains solistes ne me semblent également pas à la hauteur. J'ai un faible pour Savall, mais ici, globalement, hormis l'ajout de ce texte, il existe pour ma part d'autres interprétations nettement plus convaincantes.

[olivier-49]

https://www.radiofrance.fr/francemusiqu ... ot-9808618

C'est frais, c'est vif, c'est entraînant, ça chante, c'est un petit plaisir dont je ne me prive pas. Le clavecin est un peu maigrelet, manquant un peu de corps, mais, finalement, le rapport entre le soliste et l'orchestre est assez réaliste pour qui a déjà entendu des concertos pour clavecin en "live". L'orchestre, un petit ensemble du nom de Diderot, déjà coupable d'un certain nombre de pépites, est, quant à lui, plutôt jouissif.

[Pseudo]

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Sous le titre de "Cage au carré", Bertrand Chamayou nous propose quelques pièces pour piano préparé de John Cage.

Le programme est issu d'un spectacle qu'il a créé avec la danseuse Elodie Sicard, et le titre se réfère aussi bien à la dualité des interprètes qu'au dispositif scénique imaginé: 4 pianos à queue préparés délimitaient l'espace où se mouvait la danseuse. Chacun des pianos était apprêté de manière différente, et de légères modifications permettaient de l'adapter à plusieurs pièces.

La fascination pour ces œuvres étranges reste intacte, et leur caractère "exotique" rappelle l'intérêt de Cage pour les musiques tribales africaines, le gamelan balinais, etc. que le pianiste évoque dans la notice qui mérite une lecture attentive. Cage a également collaboré avec divers chorégraphes et danseurs en composant ces pièces.

Bien malin l'auditeur non prévenu qui devinera que de très occidentaux pianos à queue se cachent derrière ces sonorités inattendues!