55 ème Jazz à Juan

[Bruno D]

Afin d'éviter d'inutiles et fatigants trajets, cette année j'ai passé trois jours à proximité de la pinède où se tient le festival .

Première soirée : Thomas Enhco, superbe, grande sensibilité mais la scène immense de Juan semble peu adaptée à cette musique plutôt intimiste . Nicolas Charlier à la batterie est impressionnant ( Le fils d'André Charlier qui est venu l'an dernier nous faire une masterclass très enrichissante ? Probablement ... )
En deuxième partie, Lionel Richie très en forme, spectacle rodé, quelques petits problèmes de justesse quelques fois, mais on lui pardonne !

Deuxième soir : Al Jarreau, vieux monsieur qui arrive sur scène en boitant avec sa canne, puis se redressant la jette au clavier à sa droite . La voix est toujours là mais les virtuosités vocales sont parfois un peu décalées, mais un très bon moment quand même .

Ensuite ce fut Melody Gardot, avec une voix riche et puissante, mais une musique un peu sombre à mon goût . Par contre un saxophoniste extraordinaire, inspiré par Roland Kirk, même s'il se contente de deux instruments à la fois seulement ...

Hier après-midi, tout a commencé par les réglages habituels de balance, puis les coups de grosse caisse ont laissé la place à de la musique, tiens ?
N'étant installé qu'a quelques dizaines de mètres de la scène, je me dépêche d'aller voir ...
Rien que du beau monde : Marcus Miller en répétition avec Ibrahim Maalouf, accompagnés par Mino Cinelu et son éternel sourire, un très jeune batteur, Louis Cato et beaucoup de musiciens Africains .
Sous un cagnard de plomb les musiciens mettent au point un morceau qui sera présenté lors du concert par Ibrahim Maalouf, une composition pour l'occasion de cette rencontre avec Marcus Miller . La répétition se poursuit avec un morceau joué à la clarinette basse dont les timbres extraordinaires et l'étendue du registre impressionnent.

Le soir c'est Kenny Garrett qui commence, accompagné de Marcus Baylor à la batterie, les mots me manquent ...
Le saxophoniste ne s'enferme pas dans un domaine musical donné, ça part très vite en pulse et tout le public est debout dans la pinède, c'est incroyable !
On s'inquiète un moment pour la suite, comment passer derrière un tel déferlement d'énergie et de virtuosité ?

Après une transition relativement courte, compte tenu du nombre de musiciens accompagnant Marcus Miller ( l'an dernier entre Gregory Porter et Stevie Wonder, l'installation de la scène dura plus d'une heure et demi ) la deuxième partie du concert démarre fort .
Ce soir là je suis très bien placé, à une dizaine de mètres de la scène, l'impact physique des cordes graves du bassiste est presque désagréable ( Je ne sais pas combien de kilowatts il peut bien y avoir, en tout cas c'est très propre ) mais cela ne dure pas et il enchaine sur le deuxième morceau de son dernier disque "Afrodeezia" .
Beaucoup d'instruments traditionnels parfaitement fusionnés avec la basse super-amplifiée, le retour de scène du bassiste, placé perpendiculairement est absolument énorme  ...
C'est le douzième passage de l'artiste à Juan les pins, il est pratiquement chez lui ! Le plaisir de jouer ici est palpable, le concert est très long et le niveau sonore à la fin est très très élevé !

Voilà,voilà

[NAFI]

Lionel Richie fait du jazz ?
Je me souviens de slow langoureux et de son All Night Long qui endiablait nos soirées. Côté jazz éclairez-moi SVP.
En deuxième partie de Thomas Enhco, cela ne me paraît pas très judicieux pour Thomas qui est celui qui a le plus sa place dans le programme. Nous dirons que Lionel a le bénéfice de l'âge.
Mélodie Gardot... euh, non j'ai rien dit.
Al Jarreau, je me souviens de son jazz? funk smooth pop
"chi bi li bah - chi bi li bah"
Bon, les festivals estivaux, comment dire, c'est… estival.
JP

[Bruno D]

L'eclectisme est un peu le passage obligé maintenant pour les grands festivals . Je ne dirai pas que c'est pour des raisons bassement économiques, pour maintenir une fréquentation sur le déclin, non, c'est surtout que le public a besoin de choses plus faciles, plus spontanées et moins cérébrales .

Je trouve au contraire que le mélange est judicieux, cela permet à de jeunes artistes de se confronter à un auditoire énorme .

Il y a deux ou trois ans ils ont même "osé" sacrifier une soirée complète au funk : Nile Rodger et Chic suivi de Kool and the gang !

Tout le monde s'en foutait de l'étiquette Jazz ou pas Jazz, ils étaient tous debout, tu peux me croire .

K&and the gang au passage est né dans l'entourage de T.Monk, alors ...

[NAFI]

Ton analyse est très juste
Ceci ne m'aurait pas déplu aussi :

(ps :Reichii Guillory s'en sortait tout aussi très bien en son temps)

Là le public aurait été survolté :


Mais on est toujours dans les vieilles marmites  
JP

[Bruno D]

Ce groupe est pour moi lié à la chanteuse Randy Crawford à la voix puissante aux timbres inimitables .

J'ai vu que le guitariste Larry Carlton était l'un des membres fondateurs, ceci explique cela !

A propos de guitariste, j'ai vu il y a deux jours Al Mc Kay à l'origine du célèbre "Earth,wind&Fire" au Mas des Escaravatiers . C'est une ferme juste en bas de chez moi, transformée en lieu de concert . L'endroit est assez curieux et improbable, mais remporte un certain succès, c'est toujours bondé et pas mal d'artistes connus se produisent dans cet endroit .

Donc Vendredi soir, soirée pur funk . Le vieux guitariste s'est entouré de douze excellents musiciens, la section de cuivres est digne de celle d'origine, les "Phoenix horns" les chanteurs sont parfaits, le batteur possède bien sûr la précision nécessaire à ce genre de musique, la caisse claire est caractéristique ! Tous les morceaux archi-connus s'enchainent à la perfection, pas de commentaires sur le niveau sonore, je vous laisse imaginer …

Excellente soirée !

[pascal94]

Au vu du nombre de réponses, c'est un nouveau petit festival qui démarre?

Ou alors l'auteur du fil ne serait pas à ce point en odeur de sainteté sur ce forum...

Tout est possible, désormais.

Pascal.

[Bruno D]

Bonsoir Pascal,

Il n'y a pas tellement de commentaires à faire concernant le Jazz à Juan, à part peut être déplorer de ne pas y être allé !

Pour le Mas des Escaravatiers, c'est une scène très locale, qui existe depuis quelques années et qui a du succès, mais l'endroit est vraiment particulier . Son succès est en partie du à cela,  ainsi qu'aux artistes programmés et probablement aussi au fait que l'on peut s'y alcooliser copieusement !