A vos clavecins!

[Pseudo]

Il me semblait qu'on parlait de clavecin, et qu'une boucle s'était dessinée pour aborder la St-Matthieu.

Pour en revenir à cette œuvre, j'avoue que j'ai été confondu par la réédition de la version Leonhardt, "remastérisée en 192/24" ou quelque chose comme ça, selon la pochette.

J'avoue ma perplexité à l'égard de cette réédition, qui gomme les accents des chanteurs et des musiciens au point de la rendre méconnaissable. Le geste dramatique demeure préservé, mais globalement on s'ennuie, alors que le CD original avait permis à cette version d’acquérir une flatteuse réputation. En outre, l'incarnation appuyée du rôle de Jésus par M. de Mertens devient gênante.

Au-delà de ces considérations, si nous revenions au clavecin, si possible joué avec goût, non amplifié, et non traité électroniquement?

[PP_65]

La prochaine étape serait-elle d'interdire aussi toute référence à une oeuvre postérieure à 1750 ?
PS : si j'ai acheté ce CD qui mélange électronique et clavecin , c'est grâce à ce fil dans lequel avait été citée E. Choijnacka .

[Pseudo]

La prochaine étape serait-elle d'interdire aussi toute référence à une oeuvre postérieure à 1750 ?.

Ne monte pas sur tes grands chevaux (à moins que tu t'ennuies que ces ces croisades te distraient)!

Le fil s'ouvrait sur le concerto de de Falla qui date de 1926.

Il n'est pas question de restreindre ou d'interdire quoi que ce soit (et d'ailleurs, comment le faire?) Disons que la ligne du fil se situe entre le documentaire et le billet d'humeur.

Tu mentionnes une œuvre récente, mais tu omets de nous dire en quoi elle te plaît ou te semble intéressante. J'écoute l'extrait que tu proposes, je reste dubitatif, et de plus j'estime que le traitement électronique dénature le timbre de l'instrument sans apporter, amha, d'aspect nouveau intéressant (sans considération de la qualité de la prise de son) .

J'exprime mon avis, et te voilà prêt à descendre dans la rue...

Or donc, pourquoi estimes-tu qu'il vaille la peine d'écouter cette oeuvre Aie la bonté de m'éclairer sur ce qui m'a échappé.

[PP_65]

Vu ce que j'écoute il ne devrait pas te surprendre que j'ai écouté ce CD (en entier, pas seulement le 1er morceau avec clavecin) trois ou quatre fois depuis sa réception ( 15 jours au max) ; indépendamment du fait que j'y entends de la musique post seconde moitié du XXème siècle, j'aime le mélange avec l'électronique , de la même manière que je peux aimer des mélanges similaires entre des instruments électriques et acoustiques . Il est évident que je n'y cherche pas les subtilités ( réelles ou fantasmées) liées à l'écoute d'un soliste face à son instrument ( clavecin ou autre) . Il reste que si le compositeur a voulu cet instrument dans cette pièce , c'est bien pour en confronter les caractéristiques avec la modernité électronique .

[Pseudo]

Vu ce que j'écoute il ne devrait pas te surprendre que j'ai écouté ce CD (en entier, pas seulement le 1er morceau avec clavecin) trois ou quatre fois depuis sa réception

Entendu: tu es davantage dans le documentaire. J'avoue que, le temps passant, j'ai tendance à sélectionner ce qui me plaît. Je crois de moins en moins à la possibilité d'éduquer le monde...

Au fait: dans les recherches de sons nouveaux, il y a ce bricolage de génie du milieu du siècle précédent: les sonates pour piano préparé de John Cage.

[PP_65]

Le documentaire ? J'ai du mal à te suivre ; j'ai voulu savoir à quoi ressemblait ce CD ( car le nom de la musicien avait été cité ici, je ne la connaissais pas) , je me le suis donc offert et ça me plait . J'ai pas mal de Cage au piano préparé , sans me souvenir parfaitement des noms des pièces , j'aime bien mais ce n'est pas mon compositeur préféré .

[Pseudo]

Erato publie en coffret l'intégralité (du moins le prétendent-ils) de ce que Scott Ross a laissé de la musique de Bach:



Certaines prises sont bien connues. Ecoutées sur Qobuz, elles semblent avoir fait l'objet d'un report soigné (on entend bien le détail de l'attaque, des résonances et l'atmosphère de salle). D'autres proviennent de concerts. Les enregistrements d'orgue me paraissent plus compacts. Quoi qu'il en soit, une belle parution pour les admirateurs de ce musicien excentrique.

[olivier-49]

Merci !
Quelle joie de réécouter les Partitas par Scott Ross. Pour moi, de ce que je connais, la meilleure version des Partitas au clavecin, et même tout clavier confondu. Peut-être même un des disques les plus jubilatoires que j'aie connus. Il m'est arrivé de conduire pendant des centaines beaucoup de kilomètres, totalement galvanisé par cette œuvre dans cette interprétation. J'adoooore les Goldberg, j'adore le Clavier Bien Tempéré, mais les suites de danses de Bach (Partitas, Suites Anglaises, Suites Françaises) ont un caractère plus "abordable", moins "sacré", qui est irrésistiblement jouissif.

[Jubilator]

Il doit y avoir aussi dans le coffret le concerto italien et la fantaisie chromatique, habituellement réunis sur le même disque, tout aussi formidable que le double CD des Partitas. Je ne sais pas si on y trouvera aussi les 4 CD de l'enregistrement du Clavier bien tempéré (j'ai ça dans ma discothèque, sous le label Pelléas : la prise de son (un peu plate) a été faite à Montréal pour Radio Canada, et le clavecin n'est pas excellent malheureusement), on commencerait à taper dans les raretés. Ce serait une bonne nouvelle aussi s'il y avait la version des Goldberg parue chez EMI (que je préfère à celle parue chez Erato), elle est devenue difficile à trouver.

Edit : je suis allé voir sur Qobuz. Effectivement, il y a bien tout cela.

[Pseudo]

Juste pour le plaisir de les montrer:



Un plaisir à écouter aussi (l'électrostatique fait merveille sur le clavecin); et à lire, une offre qui se raréfie (le coffret contient un vrai texte de présentation, et des réflexions sur les Goldberg par Scott himself).

[Pseudo]

juste arrivé dans le lot acheté à Axel, ce LP dans un état miraculeux:



C'est acéré comme Scarlatti peut le devenir sous certains doigts, acéré comme Leonhardt l'était parfois, acéré comme le sont toujours les instruments de Skowroneck (une copie d'après Dulcken de 1962). Nulle dureté, pourtant (alors que le CD tend vers cette direction). Ce disque exprime toute la poésie de temps enfuis, artistiquement et techniquement.

[Pseudo]

Du neuf dans le monde du clavecin!

D'abord, un jeune musicien, Adrien Pièce, qui touchait, mardi dernier, avec beaucoup d'art et d'agrément le Rückers de Neuchâtel:

https://www.mahn.ch/agenda-ruckers
https://www.adrienpiece.com/

Ensuite, un instrument, un clavi-organum ou clavecin "organisé", l'ornithorynque du clavier, récemment construit sur des modèles anciens:



Enfin, un disque réunissant des pièces tirées d'un manuscrit attribué à John Bull:



Il vaut la peine d'écouter cet album sur un système suffisamment résolvant pour bien différencier les timbres des deux instruments, leurs attaques et si possible leur émission dans l'espace. A défaut de quoi, les timbres fusionnent en un ensemble un peu vulgaire.

Mais si les conditions sont réunies, on entendra un clavecin riche et fin, et un orgue positif à la verdeur réjouissante. Les deux se répondent, se joignent et se disjoignent dans un dialogue rafraîchissant. Les compositions du docteur John Bull (et de quelques autres qui se trouvent aussi dans ce manuscrit) sont variées et s'écoutent agréablement.

Un dernier commentaire sur le clavecin: bien qu'il s'inspire d'intruments de Rückers, il sonne très différemment de l'exemplaire de Neuchâtel. Celui du MAHN offre un timbre tout en finesse, avec des aigus scintillants, un médium articulé et un registre grave, il faut le dire, un peu léger. Selon l'harmonie et le contrepoint, il est facilement couvert et le timbre global s'amaigrit. Rien de tel avec le clavi-organum, dont les cordes pincées ne manquent pas de finesse; mais le médium et le grave offrent un soutien puissant (pour un clavecin) et des timbres d'une belle plénitude.

Quant à l'orgue, il compte un registre de rossignol plus amusant que musical!...

[ERISSIM]

Bonsoir Pseudo,

Avoir écrit de Leonhardt "Cet homme, dont la modestie n'était sans doute pas la qualité première" prouve que tu le connais(sais) bien mal... ou pas du tout.

Bonjour,

Je rejoins, complètement, Fulkathode.
Peut-être écrit un peu rapidement par notre ami Pseudo !.  

Pour l'avoir fréquenté (Léonhardt! pas Pseudo !   ) pendant 48 heures, (lors de sa venue au festival dont j'étais le directeur artistique), cet homme, mérite un "H" majuscule.

J'ai eu cette chance insigne de le côtoyer pendant ses répétitions (des moments exceptionnels !) et lors nos collations ( il parlait très bien le français) qui furent des circonstances privilégiées.

Cet homme d'une simplicité unique (bien loin d'un Pierre Hantaï par exemple! que j'ai également rencontré) incarnait la distinction et la retenue, il était d'une humanité rare!..
S'il est un moment que je retiens de ces 8 années de Festival, c'est sans nul doute, celui-ci.

PS: il m'avait recommandé de suivre Benjamin Alard....dans la bouche de Gustav Léonhardt, ça a beaucoup d'allure...

Erissim

[sudiste]

Visite cet après midi de la basilique de St Maximin et ses grands tubes...  

IMG_20190806_145038-768x1024.jpg

[jfti]

Bonjour ,


De Raphael Puyana il ne faudrait pas oublier ces deux petites merveilles (à mon humble avis)...




Ps : il existe la réédition en CD.

Et aussi ça... "plus difficile à trouver"...

Raphael Puyana "François Couperin le grand" CD Philips

https://www.abebooks.co.uk/servlet/Book ... -_-title14

[Pseudo]

Ravi que cela te plaise. Mais Puyana, c'est quand même le clavecin comme on le concevait au cours de la première moitié du siècle précédent: des instruments modernes aux tables d'harmonie lourdes, et un jeu un peu métronomique qui ne laisse pas l'instrument chanter (s'il en était capable). "Sublime machine à coudre", disait Colette. C'était l'école née de Wanda Landowska, cette pionnière qui a redécouvert l'instrument, certes, mais qui avait fait modifier un piano par Pleyel pour lui adapter des cordes "pincées" (en fait, le plectre gratte la corde, mais cela fait bricolage   )

La restauration d'instruments anciens, respectueuse de leurs caractéristiques, a changé la donne vers la fin des années 60, et la lecture des traités anciens a permis à Leonhardt et quelques autres de retrouver la juste manière de faire sonner ces instruments. Une formidable éclosion de nouveaux interprètes a eu lieu depuis lors.

Alors, Puyana, oui, cela me rappelle ce que j'écoutais dans ma jeunesse; honneur aux pionniers, mais comme Sgrizzi, Ruzickova et bien d'autres, il illustre une parenthèse refermée de l'interprétation musicale, amha.

[opera]

[quote="sudiste » 06 Aoû 2019, 19:35"]Visite cet après midi de la basilique de St Maximin et ses grands tubes...  :wink:

IMG_20190806_145038-768x1024.jpg

[/quot

Avant hier j'ai visité la cathédrale médiévale de Come (Italie) avec ses deux orgues qui se font face, très très impressionnant !

[Pseudo]

Il manque juste un "e" et un crochet dans la balise de fin de citation  

[sudiste]

Ce qui était excellent lors de cette visite, c'est quand l'organiste a commencé à jouer le fameux Tubulars Bells de Mike Ofield.. Pas courant dans une basilique mais quel son !  

[Pseudo]

Mahan Esfahani vient d'enregistrer les Toccatas de Bach dans des conditions assez particulières.

L'instrument est une création de Jukka Ollika:
https://www.harpsichordmaker.com/
qui prétend s'inspirer à la fois de modèles anciens et du clavecin Pleyel construit pour Wanda Landowska. Il comporte un jeu de 16' et intègre des matériaux ultra-modernes, comme le carbone pour la table d'harmonie. On m'a déjà accusé de ne rien comprendre à Leonhardt, et je vais courir le risque une nouvelle fois: je pense qu'il aurait détesté cet instrument. Aucune photo, malheureusement, n'est disponible ni sur le Net, ni sur le site d'Hyperion qui fournit le livret de l'album en pdf.

L'album restant indisponible sur Q, difficile de se faire une opinion précise avec les quelques extraits en bof-mp3 fournis par l'éditeur: le jeu paraît fort vigoureux, pour ne pas dire massif, et tout cela sonne passablement comme on le concevait avant que Gusti ne vienne écrire le nouveau testament du clavecin. A mon oreille, et sous réserve des abominations du mp3, l'instrument manque de finesse.

Hélas!

Pour se consoler, une belle réédition de l'album Couperin de Blandine Rannou, joué avec finesse sur un instrument chatoyant et très bien capté: