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Le Coin du Discophile Baroque

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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #21 par Jubilator » 03 Nov 2010 à 21:19

Acheté cet après-midi :



Je m'attendais à du grandiose, sachant que figure au programme le célébrissime Lamento della Ninfa de Monteverdi. Pour ne rien gâcher, la soliste n'est autre que Claire Lefilliâtre, qui prête sa voix dans le film d'Eugène Green Le Pont des Arts (sorti en 2004). Je ne suis pas un fanatique absolu du film… sauf pour ce passage absolument inoubliable où la fille qui tient le premier rôle chante ce même air juste après une autre chanteuse : la première version est déjà très chouette, mais lors de la seconde, on ne touche carrément plus terre. :eek: C'est carrément l'extase, le grand frisson, Jubilator en mode ascensionnel direct au terminus des baroqueux… Je ne sais pas si vous avez suivi mes conseils et si vous vous êtes rués sur le DVD : ces quelques minutes de grâce hallucinée en justifient pleinement l'achat. Le seul problème, c'est que c'est un DVD et qu'il faut se farcir le film.

Donc quand j'ai vu la même chose en disque, par les mêmes interprètes, je n'ai pas hésité une seule seconde. L'interprétation n'est pas tout à fait la même, il y a plus de jeu, de théâtralité, et la voix est moins linéaire, quoique tout aussi belle, d'une pureté incroyable. Voilà, vous êtes prévenus : je dois avoir en stock à peu près toutes les versions disponibles en pouark CD, et c'est de loin la plus belle. Mais un tout petit cran en-dessous de la version du film, peut-être…

Il y a aussi le non moins célèbre Hor che'l Ciel e la Terra, tiré du même huitième livre de madrigaux de Monteverdi : c'est très beau, techniquement parfait, peut-être un poil mou lorsque la partition s'anime. En première impression (mais ça peut évoluer), je préfère peut-être la version gravée par Savall chez Astrée (ça s'intitule Madrigali guerrieri & amorosi, il en a été largement question dans la filière du sieur Alleuze). Heureux baroqueux, qui peuvent se permettre de faire la fine bouche, tant il est vrai que les versions que nous ont procurées Dumestre, Savall, Jacobs et Alessandrini, de toute façon, sont toutes d'excellente facture !

Sur ce merveilleux disque, également, une version phé-no-mé-na-le, et je pèse mes mots, du Combattimento di Tancredi e Clorinda. Là aussi, il y a abondance de très très belles versions (ma préférée jusqu'à ce jour restant celle dirigée par Alessandrini chez Opus 111). Je me souviens de la tête de l'ami Nomad quand il a découvert ce morceau à la maison… Les poils qui se hérissent sur les bras, sans même avoir à abuser du protocole : la mort de Clorinde, de toute façon, tirerait des larmes à un rocher. Eh bien la prochaine fois, Nomad aura droit à la version Dumestre : soutien instrumental parfait (et quelle qualité d'enregistrement !!!), des voix incroyables, à la fois pures et bien timbrées, et le ton juste de bout en bout. Je ne sais pas quoi dire de plus…

Voilà la première partie du programme, que j'écoute en boucle depuis que je suis rentré à la maison. Il me reste à découvrir La Fiera di Farfa de Marazzoli, qui est le "bonus exploration" (une bonne demi-heure) qui accompagne les trois morceaux de choix dont je viens de parler.

Le label Alpha fait décidément de bien belles choses…
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #22 par Cedric.H » 03 Nov 2010 à 22:01

Hello,

Je viens aussi d'acheter le disque .

Il passe au grill ce week end ... mais d'après ce que j'avais pu écouter comme extraits au rayon baroque de la FNAC ... ça doit le faire !

++
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #23 par CC44 » 05 Nov 2010 à 09:39

Cedric.H » 30 Oct 2010, 10:10 a écrit:
CC44 a écrit:Pour ceux qui les ont pas, ne pas se priver des merveilleux motets de Mondonville.
http://www.wikio.fr/cd/mondonville-gran ... 301,c.html


Ce disque est sublime !

Pour info, Emmanuelle Haim dirigera les grands Motets de Mondonville à l'opéra de Lille .

http://www.opera-lille.fr/fr/saison-10- ... nds-motets

Ma place est réservée  :cool:


Heureux homme...
Tiens, tant qu'à faire dans le très beau ,et si ce n'est déjà fait, mets toi ça entre les oreilles.
Mais fais attention, c'est comme un bon livre, on n'en sort pas :

http://www.amazon.fr/Drexel-Manuscript- ... B001OBVAE4
Le meilleur moyen de voir à moitié pleine une bouteille à moitié vide est de la vider.


En attendant ce qui arrivera , posons-nous les vraies questions : http://www.youtube.com/watch?v=T3wCaIO7wPY
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #24 par Cedric.H » 05 Nov 2010 à 16:59

CC44 » 05 Nov 2010, 09:39 a écrit:
Cedric.H » 30 Oct 2010, 10:10 a écrit:
CC44 a écrit:Pour ceux qui les ont pas, ne pas se priver des merveilleux motets de Mondonville.
http://www.wikio.fr/cd/mondonville-gran ... 301,c.html


Ce disque est sublime !

Pour info, Emmanuelle Haim dirigera les grands Motets de Mondonville à l'opéra de Lille .

http://www.opera-lille.fr/fr/saison-10- ... nds-motets

Ma place est réservée  :cool:


Heureux homme...
Tiens, tant qu'à faire dans le très beau ,et si ce n'est déjà fait, mets toi ça entre les oreilles.
Mais fais attention, c'est comme un bon livre, on n'en sort pas :

http://www.amazon.fr/Drexel-Manuscript- ... B001OBVAE4


Merci ...  :wink:

J'en passerai commande ...

++ Cédric

Prochains comptes rendus ce week end :

- le grandiose Actus Tragicus de Bach par le Cantus Kölhn / Konrad Junghänel Harmonia Mundi
- et Les Cantates BWV 8 . 33 et 113 de Bach par Masaaki Suzuki /Bis
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #25 par CC44 » 05 Nov 2010 à 17:11

Cedric.H » 05 Nov 2010, 16:59 a écrit:
CC44 » 05 Nov 2010, 09:39 a écrit:
Cedric.H » 30 Oct 2010, 10:10 a écrit:
CC44 a écrit:Pour ceux qui les ont pas, ne pas se priver des merveilleux motets de Mondonville.
http://www.wikio.fr/cd/mondonville-gran ... 301,c.html


Ce disque est sublime !

Pour info, Emmanuelle Haim dirigera les grands Motets de Mondonville à l'opéra de Lille .

http://www.opera-lille.fr/fr/saison-10- ... nds-motets

Ma place est réservée  :cool:


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Tiens, tant qu'à faire dans le très beau ,et si ce n'est déjà fait, mets toi ça entre les oreilles.
Mais fais attention, c'est comme un bon livre, on n'en sort pas :

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Merci ...  :wink:

J'en passerai commande ...

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- le grandiose Actus Tragicus de Bach par le Cantus Kölhn / Konrad Junghänel Harmonia Mundi
- et Les Cantates BWV 8 . 33 et 113 de Bach par Masaaki Suzuki /Bis


Au fait,et en HS, j'ai eu l'occasion d'entendre tes oeuvres chez lou Pigallou ces mois derniers, attelés à ses Horn : Chapeau! De la belle et bonne ouvrage!
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #26 par Jubilator » 05 Nov 2010 à 18:27

Ah oui, très très beau disque, ce Carl Friedrich Abel. Il a été encensé par la presse nodiophile car l'enregistrement est superlatif, mais il n'y a pas que cela : c'est une belle musique, variée et inventive.

L'Actus Tragicus par Junghänel  aussi est une superbe réussite : le parti pris d'interprétation est très risqué (minimaliste, une voix par partie, comme Josuah Rifkin mais en plus abouti). Du coup, on entend tout, pas question de se cacher derrière le voisin, et dans cette partition, ça ne pardonne rien. Pour donner juste une petite idée, la voix de basse soliste monte au fa, il y a carrément une attaque de solo sur le mi ("Heute wirst du mit mir im Paradies sein"), soit plusieurs degrés au-dessus de la limite théorique de la tessiture… Et dans le chœur final, la même basse descend au do grave – donc pas question de faire chanter ça par un baryton léger ! Il y a de quoi glacer d'épouvante n'importe quel chanteur. De même, le chœur final requiert une virtuosité absolue, il faut que tout soit impeccablement en place… et ça va très très vite ! Avec Junghäneln la réussite est ici à la hauteur des risques encourus : la lisibilité est totale, les voix sont belles, la direction très alerte, toujours dans le juste ton, à la fois intime et enlevé. Bref, c'est vraiment un disque majeur. (Je n'en dirais pas autant de sa version de la Messe en si, où le parti pris d'une voix par partie a plus de mal à emporter l'adhésion. Mais sur cette cantate, aucune réserve !).
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #27 par Fabbulleu22 » 05 Nov 2010 à 20:14

Bonsoir les amis... et merci à Cedric.
Etant à peu près dans le cas de FLB,( un disque sur 3 de ma discothèque est baroquisant... et la moitié consacrée à JS Bach et ses fils (surtout WF), je vous rejoins d'enthousiasme.
Le disque qui m'a précipité dedans il y a 20 ans:
Sonatas et Partitas pour violon seul de JS Bach: Sigiswald Kuijken. (Deutsche  Harmonia).
Le temps me manque ce soir, nous y reviendrons...
A bientôt.
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #28 par Jubilator » 05 Nov 2010 à 22:07

C'est marrant, ce disque des Sonates et Partitas est l'un des premiers CDs de musique baroque que j'ai achetés (à Stuttgart, je me souviens bien, car ce n'était pas encore sorti en France et je n'avais pas résisté en voyant le disque en rayon :redface: ). Le violon grince quand même pas mal, il faut bien le reconnaître. Mais si on n'écoute pas sur des T***, et à petites doses, on peut goûter cette interprétation passionnante. Techniquement, c'est un peu rugueux (surtout si on compare avec les versions très parfaites de la nouvelle génération, les "jeunettes" Hilary Hahn ou Julia Fischer, très bien dans leur genre), mais c'est bourré d'idées – et pas d'idées isolées : on est en présence d'une lecture véritablement cohérente, signature d'un immense interprète.

Cet enregistrement produit chez moi une impression paradoxale, au sens où le son paraît très incarné, et où en même temps on en fait presque abstraction. C'est un peu comme Bylsma dans les suites pour violoncelle : on entend plus la pensée que les notes, si je puis dire, et pourtant ces notes sont parfaitement bien là, parfois très belles et boisées, parfois presque dérangeantes. On est habitué à ça avec les grands interprètes historiques enregistrés avec un son pourri, mais avec des gravures modernes de bonne qualité, c'est plus rare, et c'est un véritable tour de force de l'interprète que de produire cette impression. C'est un disque qui peut servir pour des tests nodiophiles (si l'on veut évaluer le degré d'"acidité" du violon, ou si l'on veut s'amuser à comparer la résonance parasite, plus ou moins longue selon les systèmes hi-fi, de la corde effleurée par erreur dans la gigue de la BWV 1004 – plage 4 du disque 2). On peut jouer à ça, c'est rigolo… Mais en même temps, on fait complètement abstraction de ce genre de détails, car il y a une véritable vision de l'œuvre. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre…

Le JP de Pigalle m'a fait écouter en LP une belle version par Patrick Bismuth (qui m'a inspiré dans le IXe chant – encore en chantier et inédit – de la Bonniniade une rime avec "Belzébuth" : le Beau Nain version Docteur Faust, qui fait surgir le diable en personne entre ses Klipschorns. Tout un programme :mrgreen: ). Il faudrait que je me trouve cet enregistrement, mais il s'agit d'une série limitée, aussitôt épuisée, et d'occasion ça atteint des prix astronomiques… :sad:
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #29 par CC44 » 06 Nov 2010 à 14:30

Jubilator » 05 Nov 2010, 22:07 a écrit:C'est marrant, ce disque des Sonates et Partitas est l'un des premiers CDs de musique baroque que j'ai achetés (à Stuttgart, je me souviens bien, car ce n'était pas Le JP de Pigalle m'a fait écouter en LP une belle version par Patrick Bismuth (qui m'a inspiré dans le IXe chant – encore en chantier et inédit – de la Bonniniade une rime avec "Belzébuth" : le Beau Nain version Docteur Faust, qui fait surgir le diable en personne entre ses Klipschorns. Tout un programme :mrgreen: ). Il faudrait que je me trouve cet enregistrement, mais il s'agit d'une série limitée, aussitôt épuisée, et d'occasion ça atteint des prix astronomiques… :sad:


Il t'a fait ça à toi aussi ce tentateur? Ha le bandit, il nous aura tous! Lou Pigallou avait eu la gentillesse de demander s'il en restait un de disponible et c'était le cas mais à 300 eur( si je me souviens bien ) , j'avais tiré le frein. Quelle merveille cet enregistrement! j'ai mémoire qu'on se demandait combien Bismuth avait de bras pour jouer de la sorte. C'est d'aileurs ce qui est chouette chez Jean-Pierre alias montez donc, c'est qu'on se poile auatnt que la musique est bonne. :wink:
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #30 par castellu » 06 Nov 2010 à 14:50

Le JP de Pigalle m'a fait écouter en LP une belle version par Patrick Bismuth (qui m'a inspiré dans le IXe chant – encore en chantier et inédit – de la Bonniniade une rime avec "Belzébuth" : le Beau Nain version Docteur Faust, qui fait surgir le diable en personne entre ses Klipschorns. Tout un programme :mrgreen: ). Il faudrait que je me trouve cet enregistrement, mais il s'agit d'une série limitée, aussitôt épuisée, et d'occasion ça atteint des prix astronomiques… :sad:


Je suppose que c'est l'édition spéciale (somptueuse) éditée par Stil, et que Rémy distribuait dans sa boutique :

http://analogcollector.canalblog.com/ar ... 92826.html

Je me contente de mon coffret de Sandor Végh (Valois)   :cry:  :wink:

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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #31 par Cedric.H » 06 Nov 2010 à 19:19

Jubilator » 03 Nov 2010, 21:19 a écrit:Acheté cet après-midi :

[ [url=http://nsa20.casimages.com/img/2010/11/03/101103073920508327.jpg] ][/url]

Je m'attendais à du grandiose, sachant que figure au programme le célébrissime Lamento della Ninfa de Monteverdi. Pour ne rien gâcher, la soliste n'est autre que Claire Lefilliâtre, qui prête sa voix dans le film d'Eugène Green Le Pont des Arts (sorti en 2004). Je ne suis pas un fanatique absolu du film… sauf pour ce passage absolument inoubliable où la fille qui tient le premier rôle chante ce même air juste après une autre chanteuse : la première version est déjà très chouette, mais lors de la seconde, on ne touche carrément plus terre. :eek: C'est carrément l'extase, le grand frisson, Jubilator en mode ascensionnel direct au terminus des baroqueux… Je ne sais pas si vous avez suivi mes conseils et si vous vous êtes rués sur le DVD : ces quelques minutes de grâce hallucinée en justifient pleinement l'achat. Le seul problème, c'est que c'est un DVD et qu'il faut se farcir le film.

Donc quand j'ai vu la même chose en disque, par les mêmes interprètes, je n'ai pas hésité une seule seconde. L'interprétation n'est pas tout à fait la même, il y a plus de jeu, de théâtralité, et la voix est moins linéaire, quoique tout aussi belle, d'une pureté incroyable. Voilà, vous êtes prévenus : je dois avoir en stock à peu près toutes les versions disponibles en pouark CD, et c'est de loin la plus belle. Mais un tout petit cran en-dessous de la version du film, peut-être…

Il y a aussi le non moins célèbre Hor che'l Ciel e la Terra, tiré du même huitième livre de madrigaux de Monteverdi : c'est très beau, techniquement parfait, peut-être un poil mou lorsque la partition s'anime. En première impression (mais ça peut évoluer), je préfère peut-être la version gravée par Savall chez Astrée (ça s'intitule Madrigali guerrieri & amorosi, il en a été largement question dans la filière du sieur Alleuze). Heureux baroqueux, qui peuvent se permettre de faire la fine bouche, tant il est vrai que les versions que nous ont procurées Dumestre, Savall, Jacobs et Alessandrini, de toute façon, sont toutes d'excellente facture !

Sur ce merveilleux disque, également, une version phé-no-mé-na-le, et je pèse mes mots, du Combattimento di Tancredi e Clorinda. Là aussi, il y a abondance de très très belles versions (ma préférée jusqu'à ce jour restant celle dirigée par Alessandrini chez Opus 111). Je me souviens de la tête de l'ami Nomad quand il a découvert ce morceau à la maison… Les poils qui se hérissent sur les bras, sans même avoir à abuser du protocole : la mort de Clorinde, de toute façon, tirerait des larmes à un rocher. Eh bien la prochaine fois, Nomad aura droit à la version Dumestre : soutien instrumental parfait (et quelle qualité d'enregistrement !!!), des voix incroyables, à la fois pures et bien timbrées, et le ton juste de bout en bout. Je ne sais pas quoi dire de plus…

Voilà la première partie du programme, que j'écoute en boucle depuis que je suis rentré à la maison. Il me reste à découvrir La Fiera di Farfa de Marazzoli, qui est le "bonus exploration" (une bonne demi-heure) qui accompagne les trois morceaux de choix dont je viens de parler.

Le label Alpha fait décidément de bien belles choses…


Premières écoutes cet après midi ...

Je suis déçu, vraiment déçu .

A vrai dire, je en dépit de nombreux disques de ce type, je n'arrive toujours pas accrocher au style madrigal , même signé Monteverdi (alors que je suis en transe avec les Vêpres de la Vierge du même compositeur) .

Je me suis ennuyé .

Question son ... cela ravira les "nodiophiles corintesque" .

Car techniquement c'est très bon ... la spatialisation est parfaite .

Les instruments sont à leur place et l'ensemble respire .

Cela a beaucoup d'allure, d'autant plus que les voix sont bien cernées et qu'elles ne rentrent jamais en conflit avec l'ensemble de Vincent Dumestre .

La qualité du jeu des musiciens fait honneur à la réputation de "Poème Harmonique" .

J'ai bien aimé le jeu de la théorbe .

Et voilà ...
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #32 par Jubilator » 06 Nov 2010 à 21:48

Ach… ben qu'est-ce que ça va être quand je vais parler de l'air de cour ! :confused:  (ce qui ne saurait tarder, j'ai préparé l'intro, et j'en suis à réécouter les disques pour donner mon avis perso en dessous des pochettes d'albums, comme fait l'immense Alleuze, mon Mentor).
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #33 par Cedric.H » 07 Nov 2010 à 12:01

Jubilator » 06 Nov 2010, 21:48 a écrit:Ach… ben qu'est-ce que ça va être quand je vais parler de l'air de cour ! :confused:  (ce qui ne saurait tarder, j'ai préparé l'intro, et j'en suis à réécouter les disques pour donner mon avis perso en dessous des pochettes d'albums, comme fait l'immense Alleuze, mon Mentor).


Vivement et avec grand plaisir ...

J'ai beaucoup étudié l'influence du Sacré dans le musique et je suis passionné par le Renaissance et le Baroque Européen .

Je penche naturellement vers les oeuvres Lithurgique, d'autant plus que je connais et comprends pas mal d'oeuvres en Latin ou en Allemand ... alors que les oeuvres profanes me touchent beaucoup moins .

Cependant la musique royale et les divertissements des cours m'intéresse beaucoup .

J'apprécie les oeuvres profanes de Couperin comme les Goûts Réunis ou les préludes Royaux .

J'adore aussi les oeuvres de Michel Richard de Lalande ... et plus particulièrement les oeuvres destinées à l'éducation du jeune Louis XV (les Folies de Cardiano).



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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #34 par Cedric.H » 08 Nov 2010 à 18:45

Joseph Ruiz Samaniego “La vida es sueño...”

Editions Alpha 2009.



Le “villancico” est un chant liturgique, souvent chanté à Noël.

Cette musique reste assez peu connue et pourtant Alpha nous propose de sortir des sentiners battus avec ce disque .

En "guest star", je découvre le compositeur Joseph Ruiz Samaniego, maître de chapelle  de Notre-Dame du Pilar à Saragosse.

Le premier villancico “Oigan en breve ensalada” m'impressionne par sa puissance.

La tradition des villancicos remonte au XIIIe siècle .

Ces chants sont à l'origine des chansons profanes chantées pendant les célébrations . Ce n'est que postérieurement que les villancicos commencèrent à être chantés dans les églises et à être associés spécifiquement à la Noël.

Ainsi, la consonance profane des vers et de la musique nous transportent dans une cérémonie baroque hors du commun.

La plupart des oeuvres du disque sont festives et certaines pièces telles “Sirenas del viento” ou “Sonoras voces del aire pueblan” brisent le carcan de l'obscurantisme inquisiteur de l'Espagne du XVIIe siècle.

Le rythme et la poésie sont constamment présents et je me sens baigné dans un climat mixte entre sacré et profane.

Joseph Ruiz Samaniego nous invite dans une sensualité religieuse assez déroutante : élévation et splendeur.

La formation Los Músicos de Su Alteza fait preuve d'une grande lucidité et de beaucoup de talent.

Les musiciens rendent avec vivacité et sentiment les couleurs de la partition . Il s'expriment avec vigueur et précision.

Le chef Luis Antonio González n'hésite pas à jouer du caractère profane de certains airs: cela confère à ces compositions lithurgiques clarté et cohérence .

Les chœurs et les solistes nous offrent une diction parfaite.

Les textes et la musique sont restitués de manière recueillie et majestueuse, mais jamais pompeuse.

Au fil de mes écoutes, je me rends compte de l'immense patrimoine de la musique Hibérique ... que de choses à redécouvir ...

Question technique, c'est positif .

La prise de son est de qualité : soignée et équilibrée.

Elle rend honneur au travail de la formation baroque de Luis Antonio González

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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #35 par Jubilator » 15 Nov 2010 à 01:14

Le coin de l'Air de Cour

Chose promise, chose due : voilà quelque temps déjà que je voulais écrire une petite mise au point sur la forme de l’air de cour – je sais que ça fera plaisir à Alleuze que je me lance un peu dans quelque chose d’un peu construit (mais je mesure en me faisant son clone tout le temps qu'il a dû passer à rédiger les célébrissimes "coins du discophile", c'est un boulot énorme. Encore un immense merci à lui !). Et puis ce salopiaud de Telonioos raconte partout que j’écoute uniquement des musiques chi***tes à mourir, dont il faut bien que je fasse honneur à cette réputation.  :mrgreen:

Ça tombe bien, on est dans un fil sur la musique baroque. Alors, grande question, l’air de cour est-il baroque ? Oui, si on tient compte des dates (entre les dernières années du XVIe siècle et 1660, en gros, et ensuite on évolue vers d’autres formes plus ou moins proches, l’air sérieux notamment, mais pourquoi pas aussi la cantate si on élargit un peu l’horizon). Non, si on considère le baroque comme un art du mouvement, de la surprise, des effets spectaculaires : l’air de cour se caractérise au contraire par une extrême simplicité d’écriture (ligne harmonique très simple, beaucoup d’intervalles conjoints, peu d’accidents rythmiques, généralement un petit jeu de modulation majeur/mineur assez convenu…), et met en musique des textes relevant d’un lyrisme lui-même assez édulcoré : plaintes d’amoureux transis et de bergers éplorés (nous sommes au moment du plein rayonnement de L’Astrée, le grand roman pastoral d’Honoré d’Urfé dont l’histoire alimente toutes les conversations des salons). Ces textes peuvent être écrits par les plus grands poètes de l’époque ou des décennies précédentes (Desportes, Malherbe, Racan…) comme par des jeunes filles de bonne famille au talent plus discutable, et l’interprétation des airs peut être le fait de professionnels (capables d’ornementer les reprises avec art et virtuosité) ou de simples amateurs. L’effectif est variable (au moins une partie vocale et un accompagnement de luth, mais on rencontre couramment des partitions pour 4 voix et luth, et l’accompagnement peut être plus élaboré).

Mais dans tous les cas, c’est un véritable fait de société : Anthoine Boësset (1587-1643), Surintendant de la Musique du roi Louis XIII, n’a à peu près composé que des airs de cour – et encore, sous sa version la plus noble : pas de chansons à boire, faut pas déconner ! (même si les origines du genre sont en partie communes). Boësset est encore admiré à la fin du siècle comme un modèle de douceur – cette douceur qui, parce qu’elle correspond un idéal de mœurs autant qu’à un idéal esthétique, est l’un des grands fantasmes du XVIIe siècle (c’est aussi un moyen de promouvoir un art spécifiquement français et de s’affranchir enfin de l’influence italienne : « Fuyons de l’Italie / De tous ces faux brillants l’éclatante folie », dira Boileau). Et pourtant l’air de cour entretient aussi au départ une filiation avec la musique italienne. Comme on dit sur le Vert, ce n’est pas simple…
Il existerait donc aussi un baroque de la douceur et de la simplicité ? Vaste problème… J’ai mes idées là-dessus, mais ce serait un peu long à expliquer et je ne pense pas que ce soit ici le lieu de développer mes petites chimères…

Cette forme de l’air de cour, longtemps tombée dans l’oubli mais qui est l’un des genres absolument majeurs de la première moitié du siècle, fait l’objet d’études très savantes depuis quelque temps ; le Centre de Musique de Baroque de Versailles y a pris toute sa part, sous la houlette de Georgie Durosoir d’abord, puis d’un groupe de musiciens et de chercheurs très actifs. Dans la base de données « Philidor », accessible en ligne, Thomas Leconte a établi un répertoire d’airs de cour aussi exhaustif que possible :
http://philidor.cmbv.fr/listeCorpus

Pour ceux qui voudraient approfondir, voici quelques lectures franchement érudites :
– Jeanice Brooks, Courtly Song in late sixteenth-century France, Chicago University Press, 2001.
– Georgie Durosoir, L’air de Cour en France (1571-1655), Liège, Mardaga, 1995.
– Georgie Durosoir (dir.), Poésie, musique et société : l’Air de Cour en France au XVIIe siècle, Sprimont, Mardaga, 2006
– Anne-Madeleine Goulet, Poésie, Musique et sociabilité au XVIIe siècle, Paris, Champion, 2004.
– Anne-Madeleine Goulet, Paroles de musique (1658-1694), Catalogue des livres d’airs publiés chez Ballard, Sprimont / Versailles, Mardaga et le CMBV, 2007.
– Anne-Madeleine Goulet et Laura Naudeix (dir.), La Fabrique des paroles de musique à l’âge classique, Sprimont / Versailles, Mardaga et le CMBV, 2010.

Mais rassurez-vous, l’air de cour n’est pas qu’une musique pour rats de bibliothèque : on peut, j’en suis certain, goûter les plaisirs de cette musique sans être un érudit décati ou un binoclard à triple foyer. L’ami Nomad en a fait l’expérience à la maison, et il a semble-t-il apprécié… Passons donc aux disques. :wink:
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #36 par Jubilator » 15 Nov 2010 à 01:15

N’ayant pas accès à une discothèque aussi fournie que celle d’Alleuze, je ne puis garantir avec certitude qu’il n’existe pas de LP consacrés à la musique d’air de cour. Mais comme je ne les connais pas, je vais me contenter de décrire les Pouarks Cds dont je dispose.

1)        Anthoine Boësset, Airs de Cour par Alain Zaepffel et Véronique Dietschy (il y a aussi sur le disque des extraits lus de La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette, par Marcel Bozonnet : c’est très affecté, et ils auraient pu éviter ça…)

A noter que ce disque déjà ancien a connu d'autres présentations.
Un lien commercial avec des extraits musicaux :
http://www.jpc.de/jpcng/home/musicload/ ... /4498487_2

Oublions donc la récitation fort ampoulée des extraits de La Princesse de Clèves (et puis ça déplairait beaucoup à notre cher Président de la République, ennemi déclaré de cette œuvre !). Je suis très attaché à ce disque. Les voix ne sont pas forcément les plus parfaites que l’on puisse imaginer (il y a plus « pur » que le timbre légèrement voilé de Zaepffel, on peut faire plus varié également), mais il y a une sorte de fragilité et d’humanité qui me touche, une vraie intelligence du texte aussi. Et puis c’est le tout premier disque d’airs de cour que j’ai acheté, alors c’est un peu ma petite madeleine…

2)        René Jacobs (contre-ténor), Airs de cour du XVIIe siècle, Harmonia Mundi « Musique d’abord ».

Quelques notes sur un site commercial :
http://www.amazon.fr/Airs-de-Cour/dp/B0025G2WL2
Il s’agit d’un disque ancien (1981), qui ne porte pas tellement son âge. L’accompagnement est dans le ton, ni trop présent, ni trop discret. Simplement, il y a la voix de René Jacobs, que j’admire beaucoup comme chef, mais nettement moins comme chanteur (timbre assez ingrat, très nasal). Dans certains disques (notamment plusieurs Schütz mémorables) Jacobs compense par son intelligence interprétative, mais ici, c’est tout de même franchement maniéré (voir la façon dont ça « chevrotte » inutilement dans « Plaignez la rigueur de mon sort » de Boësset, ou les ornementations ostentatoires dans les airs de Guédron). Le disque propose un choix assez varié de compositeurs (Gédron, Boësset, Lambert, Le Blanc, Bacilly – compositeur mais aussi auteur d’un célèbre traité sur L’Art de bien chanter –, Chabanceau de la Barre, Du Buisson, François Couperin) : les deux premiers sont les principaux représentants de la première période de l’air de cour, mais les autres appartiennent à la seconde moitié du siècle, quand l’air sérieux prend la relais de l’air de cour. A noter, le prix attractif du CD.

3)        Michel Lambert, Airs de Cour, par William Christie et Les Arts Florissants, Harmonia Mundi « Musique d’abord »


Voici, dans la même collection économique, un autre CD consacré à des déclinaisons tardives de l’air de cour : les compositions sont tirées d’un recueil de 1689, et de nombreux airs sont proposés dans une version à plusieurs voix. L’accompagnement  (2 violons 2 flûtes, une viole de gambe, 1 théorbe et 1 clavecin) s’écarte un peu de la simplicité originelle du genre – mêmes si toutes les plages du disques ne convoquent pas tous les instruments en même temps. De toute façon, c’est parfois complexe, mais jamais chargé. Les voix sont celles qui ont fait la réputation des « Arts Flo » : Agnès Mellon, Jill Feldman, Dominique Visse, Michel Laplénie, Etienne Lestringant, Philippe Cantor, Antoine Sicot – excusez du peu ! C’est l’époque pionnière du baroque (parmi les chanteurs et les instrumentistes, au moins quatre ont fondé par la suite leur propre ensemble !). Généralement, les tempi sont assez retenus, ce qui laisse bien le temps de goûter le texte et les enchaînements polyphoniques. Un disque de bon goût.

Du même Michel Lambert, j’ai repéré ce disque, mais je ne l’ai pas encore acheté, ni écouté :
http://einfach.jpc.de/jpcng/simple/deta ... um/8407689

4)        Chabanceau de la Barre, Airs de Cour, par Henri Ledroit, chez Fy (peut-être un peu difficile à trouver aujourd'hui).

une critique ici, à laquelle je ne peux que souscrire :
http://www.musebaroque.fr/Critiques/de% ... e_airs.htm
La voix d’un grand pionnier du répertoire de haute-contre, trop tôt disparu, et dont le timbre est particulièrement adapté à ces plaintes légères. L’ornementation est présente mais jamais insistante (de la dentelle, vraiment), l’intelligibilité du texte souveraine (des graves à l’aigu, la facilité de l’interprète est insolente !). La qualité de l’enregistrement est excellente, ce qui ne gâte rien.

5)        Antoine Boësset, « Air qui produit tant de choses », Monique Zanetti et l’ensemble « A deux violes esgales », chez Casa.


Plusieurs extraits de cet album sont disponibles sur youtube (j’en mets juste un, et il suffit de cliquer sur les vignettes qui défilent sur le côté pour en écouter d’autres) :
http://www.youtube.com/watch?v=-Np3w01q ... re=related

Pour être franc, je préfère Monique Zanetti dans d’autres répertoires (par exemple l’extraordinaire disque consacré à Georg Boëhm avec Jean-Charles Ablitzer à l’orgue chez Harmonic Records, où sa voix à la fois puissante et chaleureuse dialogue de façon idéale avec le roi des instruments). Dans ce répertoire plus intime, ce n’est pas mauvais, mais il manque un je-ne-sais-quoi. L’interprétation ne me semble pas pleinement « habitée », c’est un peu répétitif d’un morceau à l’autre. La fameuse « douceur » caractéristique de Boësset n’est pas tout à fait là. Peut-être aurez-vous plus de facilité que moi à adhérer…

6) Musiques de L’Astrée, ensemble La Faenza, dir. Marco Horvat, chez Alpha.

Un lien comercial avec quelques notes :
http://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/ ... um/1011869
Là, je risque de manquer totalement d’objectivité ! Dans le cadre de mes activités professionnelles, je participe à une édition du roman d’Honoré d’Urfé (je crois que j’avais déjà donné le lien vers le site internet que mon équipe nourrit périodiquement : http://www.astree.paris-sorbonne.fr Le premier volume de l’édition critique doit paraître au printemps 2011, nous venons juste de renvoyer les deuxièmes épreuves !). Lors du quadricentenaire de la parution de la première partie de L’Astrée (1607), nous avions organisé un colloque avec des spécialistes venus des quatre coins de la planète, et pour faire honneur à tout ce beau monde, nous avions contacté Marco Horvat pour qu’il monte un concert avec des airs de cour composés sur des poèmes insérés dans le texte du roman. Il a donc fait une recherche à nouveau frais, travaillé les partitions avec son ensemble, et le présent disque en est le résultat. La critique a été mitigée (on peut s’étonner de la présence de la cornemuse dans certaines plages du disque, Diapason a critiqué le jeu un peu systématique du claveciniste…), mais ne boudons pas notre plaisir…

7) Pierre Guédron, Soupirs Meslés d’Amour, Claudine Ansermet, chez Symphonia.

Pierre Guédron (1565-1622) appartient à la première génération des grands compositeurs d’airs de cour. Ce disque est une vraie réussite, servi qu’il est par une voix de soprano aux aigus… angéliques : du miel, tout simplement. A noter, à propos de l’enregistrement, une réverbération parfois un peu trop insistante (sur la voix, car le luth est bizarrement moins sensible au phénomène). C’est un bon disque pour comprendre l’esthétique très dépouillée de l’air de cour : on comprend bien à quelle point cette simplicité est paradoxalement piégeuse et ne souffre aucune approximation. La prise de risque est maximale, la chanteuse est constamment sur la corde raide, mais le tour de force ici est que l’on ne s’en rend absolument pas compte. Le luth de Paolo Cherici n’est pas le plus inspiré que l’on puisse rêver, c’est un peu dommage. Mais la prestation de la chanteuse est tellement superlative que ce CD reste hautement recommandable.

8) « Grand bal à la cour d’Henri IV », ensemble Doulce Mémoire, Denis Raisin-Dadre, chez K617.

Ce disque, consacré essentiellement à la musique de Prætorius et Gédron, illustre la version festive de l’air de cour : Raisin-Dadre, qui est un bon spécialiste de l’air de cour (j’ai souvenir d’un concert mémorable dans le Salon d’Hercule à Versailles en 2003), a été frappé par la proximité entre le recueil de danses Terpsichore de Michel Prætorius et certains airs de cour du recueil publié en 1608 par Guédron (effectivement on n’est pas très loin du branle, de la sarabande, de la courante de la gaillarde, ces danses à la mode déjà au XVIe siècle). On change complètement d’univers par rapport aux disques précédents : c’est la plupart du temps très enlevé, très gai, discrètement souligné par la rythmique du tambourin ou l’archet virevoltant des violons. Si Telonioos s’emm***, c’est qu’il n’est qu’un cul-serré. Et toc. :twisted:  :mrgreen:
Un petit lien commercial :
http://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/ ... um/7658055
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #37 par Jubilator » 15 Nov 2010 à 01:16

Réservé (je vais encore décrire quelques disques, alors autant que tout reste groupé).
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #38 par lamber » 07 Avr 2011 à 23:19

un nez diable   ment mon préféré de la liste
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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #39 par Cedric.H » 21 Aoû 2011 à 11:14

Le Clavier Ubung II de Bach, Benjamin Alard est au clavecin … il jour sur un instrument allemand d’Anthony Sidey, réplique d’un Ruckers de la fin du XVIIème siècle.



A mes yeux, Benjamin Alard est le représentant d’une nouvelle génération de claveciniste français (organiste aussi). Ce n’est pas pour rien si ce CD a déjà été primé par le premier prix de l’académie Charles Cros.

Il possède le jeu des plus grands, sa main gauche est exceptionnelle et le CD Clavier Ubung II parut aux éditions Alpha (n°180) est déjà l’album de la maturité.

Deuxième partie de la Clavier Ubung, ce programme se compose d’un concerto dans le gout italien et d’une ouverture à la française pour un clavecin à deux claviers.
Cet ensemble a été composé par Bach à l’intention des amateurs, pour la récréation de leur esprit … (la première partie est composée par les 6 célébrissimes Partitas).

Quelques commentaire sur les plages que j'ai aimé .

Plage n°2 : l’andante du concert dans le gout italien en fa majeur bwv971.
Cet andante étale une longue et splendide arabesque, richement ornée comme un instrument soliste tel que le violon. Instrument essentiel de la musique italienne … que le clavecin se prend ici a en imiter les tessitures pour mieux en rendre hommage.

Plage n°4 : l’ouverture à la manière Française en si mineur bwv831.
Des l’ample et majestueuse ouverture tripartite, la tonalité de si mineur impose un caractère mélancolique et méditatif avant de déboucher sur une longue fugue à trois voix qu’interrompt un nouvel épisode grave en symétrie de la première partie.

Plage n°11 : l’écho de cette même ouverture Française.
L’écho fait suite à la Gigue brillante et facétieuse qui dans le cadre de ce type d’ouverture doit permettre de clore la suite. Généreux par nature, Bach a ajouté cet écho, si joyeux … comme un bis signifiant la fin du « bal » à l’instar du quolibet final des Variations Goldberg.  

A recommander sans réserves !

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Re: Le Coin du Discophile Baroque

Message #40 par Cedric.H » 21 Aoû 2011 à 11:16

Récital sur ll’orgue Valoncini de l’église Sainte Marie Madeleine de Contes (Alpes Maritime) (éditions Ligia).



Maintenant je vous propose une promenade en Italie, accompagné d’un très bel et atypique instrument.
Il s’agit d’un petit orgue d’un facteur italien installé à Nice. l’instrument date de 1873 est a été fabriqué par Frederico Voloncini .
Cet instrument resté dans l’oubli à partir des années 1940 a été restauré de fond en comble en 2006 par Michel Colin, expert-organier.

Cet orgue est le seul représentant de Mr Valoncini en France.

De type orchestral, le clavier et le pédalier sont uniques. Le nombre de jeux est limité, mais il faut noter la présence d’un agencement particulier du pédalier … ce qui donne une surprenante sensation de grand 16 pieds alors qu’il n’est en fait qu’un 6 pieds.
La puissance générale de cet instrument est admirable eut égard à sa taille et elle est bien proportionnée à l’église qui l’accueille.

Les organistes de ce programme sont : Roberto Cognazzo, Michel Colin et Silvano Rodi .

Mes coups de coeur :

Plage n°4 : Sinfonia en Do de Ferndinando Provesi (1770-1883).
L’auteur de cette pièce fut le premier maitre de musique de Giuseppe Verdi.
C’est un compositeur prolifique d’œuvres théâtrales, de symphonies pour orchestre et de requiem.
Son style théâtral et privé de contrepoint rend cette symphonia d’autant plus rafraichissante que le clergé à cette époque combattait avec beaucoup de zèle.
Cette musique très légère met parfaitement en valeur les possibilités de cet orgue et offre à l’auditeur beaucoup de plaisir tant les contrastes de dynamique sont marqués.


Plage n°11 : Norma, introduction de Vincenzo Bellini
Cette plage nous offre un aperçu de la pratique organistique à la mode dans l’Italie mélodramatique de XIXème siècle.
A cette époque toutes les églises d’Italie résonnaient de ces airs théâtraux  … offusquant au passage des célébrités telles que  Berlioz, Mendelssohn etc. …
L’influence de l’opéra conduit les organistes Italien à réaliser des ensembles sonores exubérants, les sonorités brillantes de l’orchestre sont reproduites : anches retentissantes, flutes et cornets bavards, organo-pleno joyeux et nombreux.
Cette plage n°11 en est l’exemple parfait.

Plage n°25 : le cœur des Pèlerins de Tannhäuser (transcription de Liszt).
La transcription a longtemps été l’unique moyen de diffusion massive de la moindre pièce musicale.
Liszt était réputé pour son talent à paraphraser … sa technique transcendante, sa personnalité complexe et parfois fantasque était admirée par le grand public … mais aussi par Wagner lui-même.
Wagner voyait en ces transcriptions un moyen de diffuser ses œuvres de manière large … dans notre monde moderne cela s’appelle la publicité.
La sonorité envoutante et puissante de cet orgue rend hommage à la puissance intemporelle de cet air …
Le jeu solo à la pédale y est poignant, subtil et parfois déroutant … on y cerne les possibilités et les limites de cet humble instrument … (comme le célèbre adage de la grenouille qui se veut aussi grosse que le bœuf).

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