En cette dure période pour le mellow man, l'espoir pourrait venir de la perfide Albion.
Chandos publie, à l'occasion du centenaire de l'instauration du droit de vote féminin outre-Atlantique, une étonnante symphonie avec voix, choeur et orchestre, de "Dame" Ethel Smyth intitulé
The prison. C'est une sorte d'oratorio profane où un prisonnier dialogue avec son âme avant de gagner le calme céleste. La composition, riche et contrastée, s'écoute agréablement, avec des accents mahlériens par moments, mais un Mahler qui aurait apaisé son rapport avec le monde...
Cliquez sur l'image pour l'agrandir P.S.: la prise de son de cette oeuvre peu connue est signée Ralph Couzens, souvent honoré par les commentaires du regretté Harry Pearson d'Absolute Sound. Ce critique avait eu l'arrogance d'ériger "le son d'un ou plusieurs instruments naturels dans un espace réel " comme le standard permettant d'évaluer la réussite d'une prise de son. En d'autres termes, ce que vous entendez sur votre LP/CP/etc. reproduit sur votre système d'écoute se rapproche-t-il de ce que vous entendez en concert? Cette position simple dans son principe, mais contraire aux lois du marché, lui a valu une position particulière, d'autant marginale qu'il n'est plus là pour la défendre. Mais revenons à cette prise de Ralph Couzens; elle combine une approche globale et sans aucun doute un certain nombre de micros d'appoint permettant de mettre en lumière les solistes vocaux et les traits de certains pupitres. L'équilibre réalisé pourra se discuter à l'infini, mais ce qu'il faut reconnaître, c'est que les les effets d'ensembre ne saturent jamais, avec une belle mise en perspective des voix solistes et des des parties d'orchestre. Dans l'ensemble, une oeuvre et une restitution à découvrir.
Parution d'autre part d'un disque de musique de chambre anglo-saxonne peu connue chez nous, avec une sonate d'Elgar, une autre de Vaughan Williams, complétée par
The lark ascending pour piano et violon. Interprétation de qualité pour un programme légèrement hors des sentiers battus.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir P.S.: ici, la prise de son restitue une acoustique réaliste, la soliste au centre, assez proche, l'attaque des cordes du piano à gauche, la caisse du piano dans leur prolongement derrière elle (un peu trop loin, à mon goût). L'équilibre sonore n'est pas le plus moelleux qu'on puisse imaginer, mais il restitue bien le timbre charnu de Jennifer Pike (joue-t-elle un Guadagnini?) avec sa manière particulière de placer un accent peu après l'attaque de la note. Les notes aiguës sonnent finement, les pizz' avec légèreté. La sonate d'Elgar offre des accents très début de siècle, et l'alouette de Vaughan Williams s'élève avec une grande distinction.
Le duo violon/violoncelle se produit rarement en récital. Il offre pourtant de réels plaisirs dans un répertoire dénué de fadeur (et même un peu rude, estimeront certains). Ce
Journey for two propose une originale escapade fort bien conduite à travers les paysages de Xenakis, Kodaly, Honegger et Skalkotas. Le CD de CAvi-music
paraît problématique à obtenir, mais ne perdons pas espoir.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir Enfin, dans un répertoire plus habituel, Müller Schott et Piemontesi ont enregistré en 2018 les deux sonates pour violoncelle et piano de Brahms, complétées par une transcription de la première sonate pour violon. Leur interprétation, pleine de vigueur, privilégie la clarté, surtout de la part du pianiste, sans tomber dans la maigreur. Une belle proposition qui, au casque du moins, paraît fort bien enregistrée.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir P.S.: bon, après écoute, il s'agit d'un enregistrement de studio bien défini, mais assez froid, qui suggère un espace assez vaste où piano et violoncelle se situent sur le même plan. Comme le piano est à gauche et le soliste au centre, c'est invraisemblable. J'ai le sentiment que les ingénieurs du son produisent de plus en plus d'enregistrements peu focalisés en profondeur qui sonneront bien au casque, avec une courbe de réponse légèrement creuse pour éviter de choquer quiconque. L'intégration des sons directs et réfléchis passe à la trappe avec la possibilité de restituer un lieu à la belle acoustique. Dommage.
Dernière édition par
Pseudo le 19 Aoû 2020 à 23:20, édité 1 fois.