Nico en vrai

[olivier-49]

J'avais dit il y a quelques mois que, si vous étiez gentils je vous raconterai mes aventures avec Nico...

Bon, pour la majorité d'entre vous, on peut dire que c'est le cas. Alors, on y va ?  

Bon, là, c'est pas avec moi mais avec Lou Reed...
https://www.youtube.com/watch?v=CoMCfAr5f_8
Teasing Olivier-49  

PS : Au fait, qui est allé voir le film "Nico, 1988" ?

[PP_65]

Pas vu le film mais je dois avoir presque tous ses disques, achetés depuis les 70s .

[olivier-49]

Bon, je me disais bien que le PP mordrait à l'hameçon.

Le film est fort, assez personnel et donne de la personnalité de Nico une image sans doute réaliste. Tourmentée, capricieuse, absolue, invivable. Une femme atteinte par ses traumas, mais unique et forcément attachante. Une artiste inimitable. J'ai quand même eu du mal à ne pas retrouver dans le film l'image physique de cette femme. Elle était incroyablement belle et mystérieuse, même si elle s'était abimée et que cette image en avait pris un coup à la fin de sa vie.

J'ai rencontré Nico. C'était en 1977. A l'époque, elle avait cette aura puissante, due à sa participation au légendaire premier album du Velvet Underground, bien sûr, mais pas seulement. Elle avait déjà 4 disques à son actif. Dont "Desertshore" et "The End" que je vénérais à l'époque (et que je vénère toujours).
Elle était belle bien sûr, mais le pouvoir de séduction qu'elle exerçait émanait de l'ensemble de sa personne. Sa voix, ses gestes, sa façon de marcher. C'était comme si elle flottait. Elle était d'un autre monde, grande, hiératique, troublante, mais je garde d'elle en même temps une impression de légèreté aérienne.

A l'époque donc, j'avais monté une petite association dont le but était de faire venir à Angers les représentants de la musique "créative" d'alors. Pas celle qu'on entendait à la radio, pas celle non plus que proposait la "maison de la Culture", ni "populaire", ni "officielle" donc mais inventive et engagée. Celle qui revendiquait son exigence. Celle dont le tout petit nombre de passionnés que nous étions pensait qu'elle était en avance.
Le jour où un tourneur m'a proposé Nico, j'ai dit oui très vite !
C'est ainsi que Nico est venue donner un concert à Angers et que donc, je l'ai rencontrée.

La suite demain ?

[PP_65]

Ta description ne me surprend pas .

[olivier-49]

Vous imaginez bien que préparer un concert de Nico, ce n'est pas tout à fait la même chose que d'organiser la kermesse du village. On devient fébrile, on ne pense plus qu'à ça, on est un peu comme un amoureux transi.

En plus des affiches qu'on avait récupérées, j'avais préparé quelques bandeaux de papier sur lesquels j'avais tracé avec un gros marqueur, en lettres épaisses, le slogan qui me semblait approprié : "NICO VIENT, SOYEZ BEAUX" ! On avait collé ces bandeaux à des endroits stratégiques, en particulier en hauteur sur la Grande Poste, en centre ville, et sur le fronton de la salle où était organisé le concert. Ils ont tenu jusqu'au concert et c'était grand de les voir ainsi à la vue de tous !

D'après mes souvenirs, Nico s'est montrée plutôt abordable et d'humeur égale. Il semble qu'on ait eu beaucoup de chance et que ça ne se passait pas tout le temps comme ça, comme vous le comprendrez plus loin. Elle a demandé une bouteille de vin blanc et des verres "en verre" ! Indéniable preuve de bon goût et de raffinement ! Hélas, je n'avais pas prévu le vin blanc, ça ne figurait pas dans le contrat. J'ai fait un saut à l'épicerie du coin (et oui, ça existait encore) où j'ai acheté un vulgaire Muscadet. Je m'en veux encore quand je sais maintenant la finesse des vins qu'on peut trouver dans la région Loire. Mais bon, ça lui a tout à fait convenu !

On a discuté un peu. De sa musique, surtout je pense. Elle nous a confié que, en dehors de John Cale, elle ne voyait pas très bien à qui confier ses arrangements ou qui pourrait l'accompagner sur scène. Sans doute une bonne raison pour laquelle elle se produisait seule avec son harmonium à l'époque. On a évoqué plusieurs possibilités d'instrumentation et on en est venu au violoncelle. "J'adoooore le violoncelle" a-t-elle affirmé. J'espère que vous parvenez à imaginer sa façon lente de poser les mots de sa voix à la fois profonde et grave. Je ne suis pas prêt de l'oublier. Mon jeune frère, qui avait commencé à prendre des leçons de violoncelle quelques semaines auparavant, se lance "Oui j'adore aussi, j'en joue un peu d'ailleurs". "Aaaaah tu l'aaas ici ?" Mon frère "Oui, pas loin...". Elle : "Vaaa le chercher !".

En fait il habitait en dehors de la ville, à 20 minutes de la salle peut-être. Il a sauté dans sa voiture et il est parti !

La suite demain ?

[PP_65]

De quoi avoir une attaque tout ça !

[cheffois]

Mais faut pas laisser cela dans l'ombre. Ou le concert e t il eu lieu ? Il y a sûrement des traces documentaires et surtout des photos ! Let thé music andegave begin
On en trouve la trace ici mais 10 minutes de concert ça a dû être intense:
http://aubry.free.fr/nicoconcert.htm

[olivier-49]

Ben, je laisse pas ça dans l'ombre, la preuve, je vous en fais cadeau !
La salle, c'était la salle du Beaurepaire, à l'emplacement de l'actuel site du Quai. Étais-tu allé voir le film "Nico Icon" aux 400 Coups, il y a quelques années ? J'avais été invité à parler de Nico à l'issue de la première séance.

Ah des photos...! A l'époque je n'avais pas le matériel adapté. Quel regret ! Je ne sais pas si quelqu'un en a pris, j'imagine que oui, mais bon, on n'était pas à l'époque du numérique !

Quant au site que tu communiques, je ne sais pas d'où il tient ses informations, mais elles sont fausses. D'abord, ce n'était pas le 14 mai mais le 24, ensuite le concert s'est déroulé parfaitement jusqu'à la fin. Avec une première partie en plus, donc au minimum 2 heures de concert. J'ai tenté d'envoyer un message au gars pour qu'il corrige mais son adresse ne semble plus valide.

Je vois que tu utilises un pré-phono Lehmann... Ça marche bien, ça ?

[cheffois]

Hélas je n'ai pas encore vu le film. En tout les cas j'ai hâte d'avoir le reste de l'histoire . Au sujet du Lehmann je m'en suis séparé au profit d'un ASR Mini Basis qui est simplement incroyable. Pour le prix le Black Cube est intéressant. À voir avec l'alim du SE

[olivier-49]

L'alim du SE ?
PS. Tu es à Angers même toi ?

[NAFI]

J'ai rencontré Nico. C'était en 1977.

Ce n'est pas mentionné dans Wikipedia
JP

[cheffois]

L'alim du SE ?
PS. Tu es à Angers même toi ?

Tout à fait coincé entre Pasteur et Chalouere
J'avais le BC seul mais on dit que le gap est reel avec l'alim:
https://www.maplatine.com/fr/preamplifi ... gInbvD_BwE

[olivier-49]

Ce n'est pas mentionné dans Wikipedia
JP

Ah en effet !
Mais bon, si chacun se met à raconter sa vie sur Wiki...



OK merci cheffois ! Mais bon, je cherche à moins cher...

[zano65]

Étais-tu allé voir le film "Nico Icon" aux 400 Coups, il y a quelques années ? J'avais été invité à parler de Nico à l'issue de la première séance.

Qu'as-tu pensé du film ? moi il m'a attristé, je n'ai pas besoin de connaître le côté obscur ou minable des artistes, l'oeuvre me suffit. Peu importe que Lou Reed soit une tête de lard, le film d'Oliver Stone sur Jim Morrison et les Doors m'a déprimé, puis j'ai écouté le premier album et oublié ce pensum fouille-merde.

Jean

[PP_65]

C'est le problème de tout film sur un musicien , ceux qui le n'apprécient pas y trouveront toutes les raisons pour confirmer leur avis, les autres se diront que le miracle de la créativité se nourrit de bien des errements . La réciproque étant on ne plus fausse, il suffit d'écouter, 1er exemple qui ne vient à l'esprit, cette baudruche de Freddy Mercury qui a erré et trouvé peanuts .

[olivier-49]

Qu'as-tu pensé du film ? moi il m'a attristé, je n'ai pas besoin de connaître le côté obscur ou minable des artistes, l'oeuvre me suffit. Peu importe que Lou Reed soit une tête de lard, le film d'Oliver Stone sur Jim Morrison et les Doors m'a déprimé, puis j'ai écouté le premier album et oublié ce pensum fouille-merde.

Jean

Je ne sais pas si tu parles de "Nico Icon", qui est plutôt un documentaire ou de "Nico, 1988" ?
Quoi qu'il en soit, je ne suis pas d'accord avec toi. Mettre en relation une œuvre artistique et l'histoire de la vie de la personne nous renseigne sur la condition humaine. Maintenant, c'est sûr qu'on n'est pas obligé de connaitre tout d'un artiste pour apprécier son œuvre. Tu peux apprécier la musique de Nico, sans rien connaitre d'elle. Pourquoi pas ? Mais le fait de connaitre l'histoire de Nico donne du sens à ses chansons. De plus, cela en fait une sorte de personnage tragique et permet d'expliquer la "légende".

[olivier-49]

Notre jeune et téméraire violoncelliste débutant n'avait que peu de temps avant le début du concert.
Sur scène pendant ce temps, une première partie : le groupe Carmina, disparu depuis. Dans la salle, environ 400 personnes, un nombre plus qu'honorable.
En tant qu'organisateur, lors d'un concert, on ne reste pas assis en continu dans son fauteuil. On va on vient, on vérifie que tout se passe bien. On passe dans la loge pour voir si l'artiste n'a besoin de rien. Je ne l'ai pas dit, elle était accompagnée de Philippe Garrel ce soir là. Le réalisateur et elle ont formé un couple tumultueux pendant une dizaine d'années. Elle grande et hiératique, lui petit et intériorisé.
Enfin bref, à un moment je descends aux toilettes. L'escalier était large et son "plafond" était barré en travers par une poutre en béton. Excité comme je l'étais, je suis descendu quatre à quatre et vlan la poutre dans le front. J'ai tenté de me tamponner avec de l'eau froide et je suis remonté. Nico, voyant la blessure, s'avance vers moi, met ses mains sur mon front, écarte les mèches. "Tu t'es fait maaal ?" demande-t-elle de sa voix trainante à l'accent germanique. Un instant à jamais gravé dans ma mémoire...
Quand le concert a commencé, mon frère n'était pas encore revenu. On a écouté Nico religieusement, assis dans les fauteuils de velours rouge. Ses psalmodies mystérieuses et poétiques, son harmonium, ses mélodies magnifiques. Et puis une silhouette s'est glissée dans l'ombre au fond de la scène, tirant une chaise et un violoncelle à la main. Il s'est installé, a écouté, a attendu un ou deux morceaux et s'est lancé. Quelques grincements, quelques glissandos, quelques cris, l'archet faisait ce qu'il pouvait, l'instrumentiste n'était qu'un débutant, il ne connaissait pas la tonalité des morceaux, il n'avait que ça à faire, improviser, marquer quelques ponctuations, participer ainsi à l'ambiance des chansons de Nico, l'icône. Quelle audace. A sa place j'aurais été mort de peur et de fierté à la fois ! Il a fait son petit John Cale sur 2 ou 3 morceaux pas plus. Et Nico s'est montrée ravie !

Bon... attention... il me reste des anecdotes !
La suite bientôt ?

[cheffois]

Of course !

[PP_65]

Oh que oui !

[Alleuze]

Pour ceux (les malheureux) qui ne savent pas de qui l'on parle :