Ce soir un disque qui traînait depuis des années sur mon étagère mais que je me suis enfin décidé à écouter. Pour moi le choc musical de ce début d'année. Et ça fera plaisir autant à PP (oeuvre composée en 2012), que le public habituel du fil. C'est la 2e symphonie de Fazil Say, "Mesopotamia" et sa 3e symphonie "Universe".
En un mot, le 'Mesopotamia" c'est un OVNI musical. D'après le livret, c'est une sorte de récit épique de l'histoire du Levant et de ses paradoxes: à la fois berceau de la civilisation et la permanence d'une "culture de la mort" pour citer le livret. On y alterne des mouvements lyriques avec des flutes orientales (dont le timbre est tellement particulier que j'ai dû vérifier que ce n'était pas de la distorsion provoquée par les enceintes
) avec des mouvements qui me font penser à du Steve Reich, à base de pulsations de vents, de cordes et de percussion.
Et pour les personnes qui ne seraient pas fans de musique contemporaine, on est pris au tripes pendant les 45 minutes de la symphonie, le livret appelle cette pièce un "opéra instrumental", ce qui est vrai (des imitations de bruits de hibou, un mouvement de cuivres qui évoque l'avancée de grandes armées dans la Mésopotamie Antique, etc.). On sent l'histoire de cette région se développer au fur et à mesure que la symphonie avance, j'ai arrêté de lire le livret au bout des 5 premières secondes tellement la pièce est prenante. Mais à vous de juger:
On ne sait jamais quelles oeuvres contemporaines vont rester dans la postérité. Mais je pense que celle-ci en fera partie des majeures à mon humble avis (il est vrai bien aidé par la notoriété de son compositeur en tant que pianiste).
Quant à la 3e symphonie, un peu plus abstraite et atonale, parle davantage à l'intellect par rapport à "Mesopotamia" qui parle aux tripes et suscite l'émotion. Un peu moins varié dans le choix des instruments et les couleurs orchestrales, mais j'ai beaucoup aimé tout de même.
C'est une oeuvre intéressante de musique contemporaine, qui ne recherche pas la discontinuité par rapport aux oeuvres du passé de manière absolue, mais qui innove par rapport à la forme classique de la Symphonie. Dans cette oeuvre, j'y vois autant du Bartok, du Honegger et Chostakovitch que des plus contemporains comme Rautavaara, Reich ou encore Adams.
J'espère que ce disque dont l'enregistrement est fabuleux au passage au niveau des couleurs timbrales (avec une prise de son à la place du chef d'orchestre) vous apportera autant de plaisir et de surprise musicale que pour moi ce soir.
Amitiés,
Joon