Vos disques de la semaine !

[simon33]

Celà fait bien longtemps que quelques uns d'entre nous savons pour qui tu nous prends !

Sache que la réciproque est bien respectée.

J'ai trouvé  ton habituelle posture hautaine un peu plus détestable qu'à la coutume ....
Mais bon , on ne mélange pas les torchons ...

[olivier-49]

On s'y remet ? Va falloir que je rattrape mon retard. Trois mois de découvertes et ça commence sévère. Il y a du lourd.

Commençons par janvier :

Bright Shadows, Anne Pacéo, 25 janvier, jazz mais pas que.
Personnalité sensible et créative en même temps qu'excellente batteuse, Anne Pacéo sort un nouvel album qui m'intéresse bien davantage que le flirt avec ses souvenirs de Birmanie qu'était le précédent. Elle fait maintenant partie de ce jazz actuel qui bouscule les étiquettes et mêle allègrement les genres : jazz, pop, chanson, électro, musiques du monde et compagnie. Tout se tient et c'est un sacré bon bain de musique qui fait du bien.






Joys and Solitudes, Yonathan Avishai, 25 janvier, jazz européen
Un très beau disque ECM qui renouvelle l'emblématique et éternelle formule du trio piano/basse/batterie. Dans l'écurie ECM on connait le trio de Keith Jarrett qui, lorsqu'il est en forme, atteint des sommets ébouriffants mais peut aussi, lorqu'il perd sa flamme, devenir ennuyeux. Ici on est très loin du flux créatif irrépressible et parfois torrentiel du trio de Jarrett. Il s'agirait plus d'une promenade qui prend son temps. On marche et on regarde autour de soi. Parfois on s'arrête, on admire le paysage, on savoure, on se remplit de la beauté du silence. Comme sait le faire un Ahmad Jamal, mais en moins rythmique, en plus fluide et mélodieux, tout en raffinement. Plus blanc européen.




All the sweetness on the surface, XamVolo, 25 janvier, néo-soul, jazz, trip-hop...
Attention OVNI. Ce jeune Anglais, black, de 23 ans a un talent fou. Encore un qui bouscule tout. Pourquoi rester entre les barrières, on les écarte et on crée. Il a tout assimilé, Prince, Monk, Portishead, il est jeune, et possède cette culture qui lui permet de pondre ce kaléidoscope avec une facilité déconcertante. Quand on a une voix comme ça, chaude, magnifique, et qu'on la balade avec nonchalance et sensualité au sein de ce labyrinthe de sonorités, de brisures, de glissades, savamment agencées, on se dit qu'un futur grand est peut-être en train de sortir de son cocon de Liverpool.

[CC44]

Il y a toujours une part de cela , je te l'accorde ;  mais chez Bowie , comme tu le soulignes,  c'était revendiqué cependant au service de quelques innovations et (souvent) l'acteur était pris à son propre piège . Ce qui me gène était dans mon  "un peu beaucoup",  ce qui, dans ce cas, signifie qu'elle se met dans la peau du Jazz du passé et je crois que Jazz et musique de répertoire sont deux choses antinomiques .

Tu parles de Bowie. J'ai mémoire de l'annonce de sa mort, je remontais d’acheter son dernier disque, et là...
Ca ne m'est jamais arrivé auparavant pour un artiste ; je ressentais la perte d'un être cher.
Va comprendre...ce sentiment atroce qu'il nous donnera plus rien.

[PP_65]

Même si je n'étais pas séduit totalement par ses disques ( je parle de ceux qui me plaisaient et que j'ai beaucoup écoutés) , je ressens aussi ce vide .

[olivier-49]

Oh les midinettes !
Moi ça m'a fait ça pour Otis Redding. Mes parents ne comprenaient pas pourquoi je ne parlais pas à table au dîner. Lennon, aussi, oooouch, gros choc. Puis Bashung of course, tristesse infinie, mais on s'y attendait un peu...
Bon eh oh, on parle de quoi, là ? Hommage aux vivants !

[olivier-49]

Février. Ça continue. Surprises, chocs, ébullitions, il y a du substantiel.

« Persona », Bertrand Belin. 25 janvier. Pop.
Je ne connaissais pas le zygoto, mais il a déjà produit 5 ou 6 disques avant que celui-ci ne le sorte de l'ombre . Deux pleines pages dans Télérama. On glose dans les magazines sur l'étonnante adéquation entre la discrète et touchante empathie du gars pour les sans grades et le mouvement des Gilets Jaunes. Mais bon, c'est pas ça qui va en faire un artiste populaire. Son écriture danse sur le fil d'un troisième degré qui peut faire penser à la distanciation ironique d'un Philippe Catherine. La voix, grave et distanciée, pose les mots sans affect. Et pourtant, sous cette musique anti-spectaculaire pointe l'expression d'une profonde mélancolie, pour ne pas dire d'une souffrance au contact d'une réalité vécue comme absurde et inhumaine. C'est ainsi que, sans avoir l'air d'y toucher, il nous emmène parfois du côté de l'intensité d'un Bashung ou d'un Manset (« Nuits Bleues »). Une découverte étonnante et attachante.




« Double Portrait », Fabrice Moreau Quintet. 1er février. Jazz.
Confirmation : la France reste qualifiée en jazz contemporain pour ce qui est de la créativité et de la qualité des musiciens. Après l'orchestre d'Anne Pacéo, voici celui d'un autre (excellent) batteur. C'est raffiné et coloré (on peut penser à l'école française classique, Ravel, Debussy et consorts), les compositions sont élaborées, on n'est pas dans du swing à attraper une suée, mais il y a de quoi se faire frémir les ouïes pour peu qu'on se sente d'humeur à ne pas quitter son fauteuil. Je ne déconseillerais pas un petit verre.




« Tales of America », J. S. Ondara, 15 février. Folk.
On pourrait penser à la voix de Tracey Chapman, mais non c'est un mec ! Un jeune Kenyan immigré aux Etats-Unis dont les fétiches sont Dylan et Springsteen. Et qui nous pond ici un album puissant, profondément humain. On sent bien la parenté avec les deux redoutables aînés dans cette capacité à captiver l'auditeur dans un simple guitare / voix. Ce n'est pas donné à tout le monde. Même si vous ne parlez pas Anglais, vous sentirez vite que le petit gars ne conte pas que des fleurettes et que ses « histoires américaines » ont un substantiel parfum de vécu.





« Canterbury Girls », Lilie & Madeleine. 22 février.
Inconnue de mes services , deux jeunes sœurs aux noms joliment vintage désuets, débarquent d'Indianapolis et frappent un grand coup. Pop-folk, disons. Selon les disques (elles en ont fait quatre en studio) Qobuz range ça soit en alternatif/indé, soit en pop soit en folk. C'est juste extrêmement mélodique, délicieusement doux amer et magnifiquement enregistré. On y entend l'impalpable langueur de jeunes filles qui ne sont jamais au bon endroit, ou au bon moment, ou avec le bon type. Les voix sont fraîches et les harmoies vocales à tomber. Les dix chansons baignent dans une sorte de réverbe énorme. On a l'impression que chaque accord est suivi de milliers d'étincelles, comme une comète l'est de sa traînée flamboyante. L'une d'elles, «  Can't Help the Way I feel », un peu à part mais irrésistible tellement elle nous ramène à nos 20 ans (enfin aux miens), paraît tout droit sortie des studios Tamla-Motown un jour des années 60 où Phil Spector traînait par là. Si vous aimez Sufjan Stevens (qui les soutient), Kings of Convenience ou même Prefab Sprout, foncez. Elle seront en concert au Popup à Paris le 2 mai. Pas sûr que mon cœur d'artichaut résiste.


Elles veulent « an analog love » ! Ecoutez ce refrain, écoutez ces guitares !

[bushi128]

Reçu ce LP cette semaine.
Rustin Man, alias Paul Webb, dont on avait pu apprécier la collaboration avec Beth Gibbons (Portishead) dans le superbe "Out Of Season" en 2002.

Pour les amoureux de Robert Wyatt,(mais pas que...) avec en plus une production exemplaire.



https://rustinman.bandcamp.com/album/drift-code

[babaas]

Pour faire djeun :

[Spe666]

« Tales of America », J. S. Ondara, 15 février. Folk.
On pourrait penser à la voix de Tracey Chapman, mais non c'est un mec ! Un jeune Kenyan immigré aux Etats-Unis dont les fétiches sont Dylan et Springsteen. Et qui nous pond ici un album puissant, profondément humain. On sent bien la parenté avec les deux redoutables aînés dans cette capacité à captiver l'auditeur dans un simple guitare / voix. Ce n'est pas donné à tout le monde. Même si vous ne parlez pas Anglais, vous sentirez vite que le petit gars ne conte pas que des fleurettes et que ses « histoires américaines » ont un substantiel parfum de vécu.

Ecouté ce jour, une magnifique découverte j'ai adoré :)

[Beecher]

Jean-Louis Murat - Innamorato

http://www.jlmurat.com/

Très bel album live de Murat, je me demande si ce n'est pas à l'heure actuelle le dernier vrai géant de la chanson française (à part Manset). Belle version de Il Neige, ça me donne envie d'acheter son dernier album...
A noter que le concert a été enregistré au Toboggan de Decines, n'ayant pas pu aller à ce concert, j'apprécie d'en avoir une trace.

[PP_65]

Je ne sais pas , ces premiers disques m' étaient insupportables, je n'ai qu'un DVD + CD d'une séance où j'entends Dylan et Neil Young avec un abandon que je ne peux rattacher à ses pitoyables  tentatives pour sonner actuel  .

[olivier-49]

A l'inverse, j'ai aimé ses premiers disques. Murat, je veux dire. Il y avait une personnalité, une poésie, une voix. Et puis, plus ça a été, plus il m'a énervé. J'aime bien le fait qu'il se tienne à distance du jeu des media et du marketing, gardant intacte sa "pureté" d'homme des montagnes auvergnates. Mais bon, il en joue un peu, et son côté grande gueule, je me fous du politiquement correct, sans barrière, le fait paraître un peu imbu de lui-même, voire méprisant. De même, dans sa musique, il se laisse aller parfois à du n'importe quoi, destructuration, reconstruction, chansons limite vulgaires (musicalement), on a du mal à suivre. Il me fatigue. Mais, pour être honnête, je ne connais que très mal ses dernières productions. Quand j'écoute vite, ça ne me donne pas envie. Là, je suis en train d'écouter "Gazoline" sur "Il Francese" et c'est insupportable. Mais le bougre est prolifique et sa plume est souvent bien tournée, si ça se trouve, je rate une perle de ci de là. .
Bon, je vais faire un effort...

[olivier-49]

Prefab Sprout "Steve McQueen (Acoustic)" Pop lumineuse. 12 avril 2109
En 1985, quand j'ai entendu "Steve McQueen" de Prefab Sprout pour la première fois, ce fut une claque immédiate. Pan dans la tronche. Mais une claque en douceur, une claque enveloppante, comme une invasion insidieuse d'un bien-être total auquel il était impossible d'échapper. Pas une claque en fait, mais une caresse, de celles dont ne se remet pas.
Dans ces années post-punk / new-wave, ce disque échappait à tout affiliation à un quelconque mouvement. C'était juste une collection de chansons magnifiques, aux mélodies lumineuses, aux harmonies d'une grande richesse, et remarquablement produites (Thomas Dolby). Elles formaient un tout étonnamment soudé, étonnamment cohérent. Depuis on a pu lire sur Paddy McAloon, le chanteur / auteur / compositeur de ce groupe issu du Nord de l'Angleterre qu'il était un des "greatest song writers" actuels. Ce n'est même pas discutable, tant au long de la petite dizaine d'albums du groupe, ses qualités se sont confirmées, malgré quelques moments de creux et de glissements vers le trop sucré. "Steve McQueen", leur deuxième album, fut celui de leur révélation.
Paddy, tout seul comme un grand malade qu'il est, (Il "souffre tel un Icare pop d'une quasi-cécité pour avoir trop longtemps joué avec la lumière au travers de chansons qui s'y reflétèrent pour mieux nous éblouir" / Les Inrocks) avait déjà accompagné la réédition de Steve McQueen en 2007, d'une version acoustique du disque.
Eh bien, les dieux et déesses de la musique soient loués, ce "bonus" précieux vient à son tour d'être réédité et c'est évidemment un chef d’œuvre. Paddy, le Brian Wison anglais ? McCartney est fan. Évidemment. Quand une chanson est belle, elle le reste quel que soit l'arrangement. Allez, je me tais :

https://www.lesinrocks.com/musique/crit ... e-mcqueen/

Version 85 d'abord, version acoustique ensuite.

[Beecher]

J'ai regardé le prix du vinyle sur Discogs, plus de 40€ pour du label Sony (le genre qu'on trouve à 10€ à la fnac). Le disquaire day nous prend pour des pigeons.

[PP_65]

Tu trouves le CD ( le double) autour de 10 Euros : pigeons à l'insu de votre plein gré .

[pierrebour1]

Reçu ce LP cette semaine.
Rustin Man, alias Paul Webb, dont on avait pu apprécier la collaboration avec Beth Gibbons (Portishead) dans le superbe "Out Of Season" en 2002.

Pour les amoureux de Robert Wyatt,(mais pas que...) avec en plus une production exemplaire.

[ Vidéo ]

https://rustinman.bandcamp.com/album/drift-code

avant tout ex talk talk

[olivier-49]

J'ai du retard, j'ai du retard ! Bon, tant que la foule ne réclame pas, ça va. Mais quand même les pépites suivantes ne doivent pas tomber dans les oubliettes !

« Structuralism » Alfa Mist (26 avril)
Nouvelle fleur de la jeune scène jazz anglaise pour laquelle les frontières, ces empêcheuses d'épanouissement, sont abolies. On remet tout à zéro. Soul, hip-hop, jazz, chanson, musique atmosphérique, tout a été digéré au sein d'une belle musique aux dominantes pastel, organisée par ce jeune pianiste. C'est fin, c'est feutré mais très contemporain.




« The Other Way » Donovan Woods (3 mai)
Oh la belle découverte ! Vous vous souvenez de Donovan ? Ce gentil folkeux britannique à la gueule d'ange et aux cheveux bouclés qui incarnait le folk en Angleterre dans les années soixante, pendant que la vague Dylan se répandait aux USA et dans le monde ? Ce Donovan Woods, lui, est Canadien et ressemble plus à bucheron. Mais gentil aussi. Très. Un doux et magnifique poète qui rappelle aussitôt le grand Sufjan Stevens, ou même l'infiniment regretté Nick Drake. Ce disque est la reprise acoustique de son disque (récompensé) de 2018 « Both Ways », (que je suis allé découvrir également avec grand plaisir) mais qui semble le sublimer.



Bonus, un concert du nounours :

[olivier-49]

La musique continue. On glane, on moissonne !

Chris Cohen, « Captured Tracks », 23 mars 2019 (Bon, ok, j'ai un peu de retard, je peux rendre ma copie quand même ?)
Si je vous situe le Chris entre Jay-Jay Johanson et Syd Barrett, ça vous parait bizarre? Bon, c'est juste une manière de présenter les choses, mais il y a là un mélange de psychédélisme soft à la Syd Barrett (créateur allumé de Pink Floyd, je précise pour les jeunots) et de modernité légèrement dépressive à la Jay-Jay Johanson (dandy neurasthénique suédois) tout à fait agréable quoique parfaitement nonchalant, comme chez les deux artistes sus-cités. Qu'on ne s'y trompe pas, il y a là une personnalité intrigante et un créateur original et raffiné. Voila une bien étrange petite pépite.




The National, « I Am Easy to Find », 17 mai 2019
Voila maintenant 20 ans que ce beau groupe américain de la scène « indie » s'est formé. Un rock un peu « new wave », c'est à dire un peu distancié, mais qui déroule une musique somptueuse, expressive et, finalement, chaleureuse. Voila leur huitième album. Comme d'habitude, il est porté par la belle voix grave de son chanteur, Matt Berninger. Mais, cette fois-ci, il est parfois rejoint par une voix féminine pour des duos particulièrement émouvants. Cela peut rappeler Nick Cave, ou Tinderstiks. C'est donc du tout bon. Une œuvre riche et mature.






Raveena, « Lucid », 31 mai 2019
Ç'est comme une brise tiède le long de voiles satinées, comme un bonbon crémeux qui fond sous le palais, comme un soleil tamisé qui se couche sur l'horizon d'un fleuve limpide, c'est le chant rêveur et soyeux de Raveena, New Yorkaise née d'immigrants indiens. Sa soul intime et ondoyante, loin d'être niaisement sirupeuse, se veut vecteur d'un message de soutien et d'apaisement aux minorités et en particulier aux femmes de couleur. Instinctivement on pense à Marvin Gaye et à sa soul feutrée. Parfait pour soirs de canicule.

[olivier-49]

Bon, l'été est fini, vous avez remarqué. Donc après quelques bourlingues et autre farniente, il serait temps que je m'y remette. J'ai reçu des centaines de mails, et je vous remercie pour votre patience, surtout que quelques merveilles commencent à s'accumuler.  

Reprenons au mois de juin pour remonter doucement jusqu'à cet automne qui commence avec quelques réjouissances. La suite, bientôt !


Max Jury, « Modern World », 14 juin 2019
Attention craquage possible. Max est sans conteste à hisser sur l'une des marches du podium des meilleurs mélodistes actuels dans le domaine de la pop. Son premier album, fort simplement intitulé « Max Jury », avait déjà révélé, en 2016, l'évidence du talent du jeune homme. Max fait des chansons plutôt douce-amères et souvent irrésistibles. En plus il les balance d'une voix qui se fait ici bonbon fondant ou velours caressant et les enveloppe d'arrangements raffinés, sur un lit de rythmiques chaloupées qui relèvent le plat. Je mettrais ma main dans le vinyle fondu que le gamin a écouté Marvin, Smokey ou Curtis. Une deuxième réussite qui vous colle au cœur et au corps et qui devrait normalement, si tout le monde a des oreilles, faire parler de lui. Si ça n'était pas le cas, on le garderait bien protégé dans notre petite boîte aux trésors, ces petits secrets qui font le sel de la vie, comme Elliott Smith, Ron Sexsmith, Kurt Vile, les Nits et quelques autres.




Magma, « Zëss », 1er juillet 2019
Magma est un groupe à part. Vous en connaissez beaucoup qui célèbrent leur 50 ans de carrière ? Christian Vander ne laissera pas la flamme s'éteindre. Sa passion et son exigence sont trop présentes. Un seul morceau sur ce disque, une suite de 38 minutes, Zëss. Le groupe a joué des esquisses de cette pièce, un certain nombre de fois sur scène, depuis des années, mais n'en avait jamais gravé de version studio. Pensez-donc, « le jour du néant », celui après lequel plus rien n'existe. Ça doit foutre les jetons de graver ça dans le marbre. Ou même dans le polycarbonate.
Quelques versions live existent déjà, cependant, dans le catalogue, esquissant l’œuvre finale. Une surtout, enregistrée dans la collection DVD « Mythes et Légendes», lors d'un concert de 2005 au Triton, restera dans les mémoires. Son intensité effarante n'en fait pas une chose à prendre avec des pincettes. On n'en sort pas indemne.
Magma a pris le temps, et la version studio qui vient donc de paraître, si elle est bien différente, n'en est pas moins superbe. D'une intensité plus concentrée, moins violente. L'ajout d'un arrangement d'orchestre classique (le Philharmonique de Prague) et l'utilisation décisive d'un piano acoustique en lieu et place du Fender Rhodes (et tout ça pour faire deux accords pendant 30 minutes) lui donnent une grandeur et un recul nouveaux.
Laquelle des deux version préférer ? L'engagement invraisemblable, jusqu'à la frénésie, de l'improvisation vocale de Vander sur la version DVD, digne des explorations sans limite des solos de John Coltrane dans ses dernières années, jusqu'aux sommets de démence atteints par Vander au « chant », James McGaw à la guitare et Antoine Paganotti à la batterie, reste irremplaçable. On ne retrouvera pas la folie et la lisibilité de cette version live de 2005. Par ailleurs, le sous mixage de la batterie du batteur invité, Nils Morgren, dans la version de 2019, fait regretter le tranchant dingue du jeu de Paganotti.
Cela n'empêche pas ce Zëss studio d'être immense. Aspiré par la musique, on parvient à se figurer que, en effet, c'est le dernier jour. Après le dernier accord, il n'y aura plus RIEN ! La terre, l'univers, la vie, ce sera fini. Ne rigolez pas, quand vous avez cette intuition dans le ciboulot, je vous jure que ça fige son bonhomme. Partant de là, Zëss peut être écouté comme un immense chant d'adieu et de remerciement. Auquel forcément, l'auditeur happé que je suis participe.
Entre les deux versions, pas de choix à faire donc. La fièvre et l'énergie volcanique de la version Live de 2005, ou la grandeur métaphysique de cette si attendue version studio.

[Tiamat]

Carver Baronda...une jeune femme à suivre de très très près, Spooky Love paru le 18 octobre 2019  

https://carverbaronda.bandcamp.com/




Aquarian Blood...There's A World paru le 11 octobre 2019

https://aquarianblood.bandcamp.com/track/theres-a-world



Angel Olsen......All Mirrors, paru le 4 octobre 2019  

https://angelolsen.bandcamp.com/album/all-mirrors