Projet "fragments" de t. currentzis and musicaeterna.

[Nicodimdom]

Découvert ça sur Tidal d'abord. Je ne poste pas ça dans les fils "qu'est-ce que vous écoutez en ce moment..." car pour moi, c'est à part tant ça se distingue. J'ai la faiblesse de croire qu'en dehors des goûts musicaux de chacun, personne ne peut rester insensible et on ne peut qu'être subjugué.

Je ne suis certes pas un fan d'opéra mais je n'ai jamais entendu ça avec une telle émotion et avec une prise de son tellement belle, un top pour moi, qu'en fermant les yeux, on est pris... et on y est vraiment ! je suis scotché.


Présentation du projet sous la vidéo.
Teodor Currentzis says “This is a project that I’ve been dreaming about for a long time […] to make opera when there is plenty of time to make exactly the music I want to; to only care about the true essence of the piece and not about how to make it hectically in three days.

P.S.: Pour ceux qui ne sont pas familiers de cette musique, allongez-vous, fermez les yeux et écoutez 5 min au moins. Vous irez au bout. Très haut dans l'émotion.  

[lupu]

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[Nicodimdom]

C'est un point de vue de puriste.  Bien sûr, un opéra c'est d'abord un spectacle. Cette notion est gommée ici, COVID oblige si je comprends bien, à moins qu'il ne s'agisse d'un prétexte. Restent cependant la musique et l'émotion qui se dégagent à l'écoute de ces "fragments".

L'explication tient peut-être au fait que, comme je l'ai dit, je l'ai découverte en audio seulement, donc sans images. Et si j'ai écrit qu'à mon avis, en dehors des goûts musicaux de chacun, personne ne peut rester insensible et on ne peut qu'être subjugué j'ai omis de préciser par ce qu'on entend. Parce que je pense que ce qu'on entend est vraiment magnifique.

A la lumière de tes sarcasmes, j'ai revisionné la vidéo. Je ne m'étais pas attardé dessus, ayant encore ce que j'avais entendu dans la tête. quand je l'ai postée.  Alors oui,  c'est vrai, ça fait ECM. Et alors... ?  Il est de bon ton chez certains audiophiles de critiquer "leur son". Je n'aime pas tout ce que fait ce label mais il a produit de belles choses aussi. Alors oui, il n'est pas coloré chaud. Mais il est assez vrai à mon avis, vrai et pur ici, évident sur ce CD et très perceptible sur la chaîne (sur l'ordi c'est autre chose). Très studio direz-vous. OK. Ca plait ou pas, mais je maintiens que l'émotion n'est pas gommée... puisque je l'ai intensément ressentie.  

C'est peut-être perdu et les images ont déjà tout gâché à la première approche pour toi et ceux qui te rejoignent. Si c'est le cas, c'est fort dommage. Irrattrapable peut-être mais vous devriez réessayer plus tard en version audio (ou les yeux clos)  sur la chaîne en vous laissant juste porter par le son...

Quant à l'idée de laisser libre cours à un cinéaste, si elle peut être sujette à critique, je la trouve intéressante en soi. Elle peut aussi amener un public nouveau à ce genre de musique. N'est-ce pas positif ?

This seemed to be the right time to reconsider the approach of making music in a manner that would allow us to finally reach the inner layer of the musical text Currentzis
Je ne dirais pas "reconsidérer l'approche" mais accepter de nouvelles approches.

[lupu]

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[Pseudo]

Le fil "musiques" reste bien ténu. Chacun essaie d'y trouver et d'y partager ses enthousiasmes. J'essaie, pour ma part, bien que je ne m'y soie pas toujours tenu, de n'y communiquer que de manière positive.

[Nicodimdom]

Désolé de ne pas partager ton émotion : c'est toujours désagréable et déstabilisant de voir son enthousiasme se heurter à une réaction opposée.
Mais en cette matière, l'indifférence est pire que la critique.
C'est ce qui menaçait ton post , qui n'avait suscité aucun écho depuis hier.
Les enregistrements et la personnalité de Currentzis font tellement d'adeptes qu'il est impossible que cette vidéo n'en séduise pas certains ici. J' imaginais qu'ils te rejoindraient.
Qu'ils le fassent donc enfin, sans prêter la moindre attention à mes "sarcasmes ".

Y a pas de problème. Effectivement, je suis surpris du manque de réactions mais je peux le comprendre. je m'en suis expliqué précédemment. Pas grave !   
Petite remarque: le mot "sarcasme" n'était aucunement une critique péjorative envers toi. C'est juste qu'en bon français, comme tu le sais, le contenu de ton premier message était un exemple parfait de la définition du mot.

Concernant Currentzis, j'avoue ne pas connaître grand chose sur lui. Que lui reproches-tu ?

Le fil "musiques" reste bien ténu. Chacun essaie d'y trouver et d'y partager ses enthousiasmes. J'essaie, pour ma part, bien que je ne m'y soie pas toujours tenu, de n'y communiquer que de manière positive.

Encore une fois, y a pas de problème. Je trouve intéressant de confronter les points de vue.  

[ricouxxx]

La critique dans l'émission du même nom ce vendredi sur france cuture était pour le moins partagée... Sacrilège pour l' un, audacieuse pour l'autre  cette revisite de la traviata m'a bien plu ( en tant que béotien complet...) La mise en image par contre est bien chichiteuse...

Eric

[lupu]

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[bandit]

le retour(?) de l'enfant terrible et sa bande de dézingués. Prometteuse Violetta. On attend la suite. Ici, point de génie, une vision toujours très personnelle de Currentzis. Currentzis divise, tant mieux. De grosses faiblesses dans le da ponte, en raison essentiellement de chanteurs pas toujours à la hauteur. Violetta sauvera t'elle la mise?

-- 17 Jan 2021 à 07:01 --

Currentzis  affiche l'ambition de nous faire entendre les oeuvres qu'il enregistre ( opéras, Requiem, de Mozart, " Sacre " de Stravinsky, 6 ème de Tchaïkovsky, 5 ème de Beethoven ) telles qu'on ne les a jamais entendues, à savoir telles qu'elles sont  véritablement, par le miracle d'une sorte d'objectivité divinatoire.
Pour parvenir à cette " vérité " des oeuvres retenues il consacre un temps exorbitant aux répétitions et offre des produits finis qui sont des espèces d'ovnis sonores sans aucun rapport avec ce qu'on peut entendre dans la réalité d'un concert.
Ce qui en soi n'a rien de contestable, puisque lorsqu'on achète et écoute un disque il s'agit ,  par définition, de quelque chose d'artificiel. Ce qui est plus délicat , c'est le résultat musical , traduisant  des options parfois séduisantes, mais aussi souvent aberrantes. En somme, comme dans la plupart des cas humains, offrant des choses à prendre, d'autres à laisser.
Mais les sectateurs de ce monsieur - et c'est là le véritable problème - ne l'entendent pas ainsi : pour beaucoup, ce qu'il fait efface tout ce qui a existé avant lui. Beaucoup par exemple , grâce à sa miraculeuse  intercession , disent entendre enfin  Mozart ! On se demande donc  ce que pouvaient bien entendre les générations de mélomanes qui ont aimé et admiré le compositeur avant son intervention messianique !
On a connu d'autres exemples de chefs ainsi vénérés comme des gourous. Ce fut le cas par exemple de Sergiu Celibidache.
Hors de lui pour les sectateurs , notamment dans Bruckner, point de salut ! Mais il était difficile de ne pas s'incliner, même avec des réticences , devant l'art de Celibidache, et le citer ici, après ce que je viens de voir et entendre avec  cette " Traviata " , me paraît en fait mal venu, presque insultant.
J'avais jusqu'alors une oreille vaguement complaisante pour le " travail " , le perfectionnisme et l'acharnement de Currentzis à fouiller les oeuvres pour leur rendre  enfin justice - démarche dont le marketing du chef nous rebat les oreilles - mais ce produit me paraît simplement déshonorant.
Quelle absence de probité esthétique faut-il pour transformer l'opéra de Verdi en un clip de musique planante outrancièrement réverbérée et affadie  ?  On pourrait l'admettre d'un chef qui voudrait se distraire des codes et élargir son public par des facilités, des effets accrocheurs. Mais pas d'un musicien affichant de telles prétentions ! Et d'autre part , dévoyer  un genre pour  le rendre plus accessible au public ne me paraît pas de bonne pédagogie. Pour une initiation  à quoi que ce soit , encore faut-il ne pas en dénaturer l'objet.
Et puis le plus comique de l'affaire c'est que la plupart les thuriféraires de Currentzis  ricanent de ceux qu'il est censé rayer du paysage,  grimacent devant l'insupportable hédonisme sonore d'un Karajan par exemple, de son narcissisme dégoulinant en legato : mais devant  les  évanescences macabres et chichiteuses ( comme l'écrit justement ricouxxx ) de cette " Traviata " , c'est un enfant de choeur !
Dans d'autres genres musicaux que le " classique " je suis bien convaincu qu'on ne transigerait pas davantage avec les édulcorations, affadissements de toute nature ;  que les " puristes " y sont plus nombreux, moins prompts à accepter la nouveauté pour la nouveauté, les effets tapageurs, avec une défiance plus sourcilleuse à l'égard du " commercial "...

Convenons que Currentzis dispose d'une machine de guerre (Sony) pour promouvoir sa camelote. Un génie? sûrement pas. Simplement une vision différente des clichés habituels. Faut-il cracher dans le potage? sans moi. Il et communément admis que Mozart était un jouisseur de la vie, peut-être aurait-il apprécié Currentzis, je ne sais pas. L'homme continue de diviser, tant mieux.

[bandit]

il est vrai que Karajan avait donné en son temps son opinion sur les instruments anciens

[NAFI]

personne ne peut rester insensible et on ne peut qu'être subjugué.

je n'ai jamais entendu ça
émotion
prise de son
un top pour moi,
on est pris... et on y est vraiment

Fermez les yeux
Vous irez au bout.
Très haut dans l'émotion.

De Diou, ça sort du cœur, bon ça fait un peu beaucoup audiophile mais c'est beau l'extase solitaire  
JP

[PP_65]

Currentzis  affiche l'ambition de nous faire entendre les oeuvres qu'il enregistre ( opéras, Requiem, de Mozart, " Sacre " de Stravinsky, 6 ème de Tchaïkovsky, 5 ème de Beethoven ) telles qu'on ne les a jamais entendues, à savoir telles qu'elles sont  véritablement, par le miracle d'une sorte d'objectivité divinatoire.
Pour parvenir à cette " vérité " des oeuvres retenues il consacre un temps exorbitant aux répétitions et offre des produits finis qui sont des espèces d'ovnis sonores sans aucun rapport avec ce qu'on peut entendre dans la réalité d'un concert.
Ce qui en soi n'a rien de contestable, puisque lorsqu'on achète et écoute un disque il s'agit ,  par définition, de quelque chose d'artificiel. Ce qui est plus délicat , c'est le résultat musical , traduisant  des options parfois séduisantes, mais aussi souvent aberrantes. En somme, comme dans la plupart des cas humains, offrant des choses à prendre, d'autres à laisser.
Mais les sectateurs de ce monsieur - et c'est là le véritable problème - ne l'entendent pas ainsi : pour beaucoup, ce qu'il fait efface tout ce qui a existé avant lui. Beaucoup par exemple , grâce à sa miraculeuse  intercession , disent entendre enfin  Mozart ! On se demande donc  ce que pouvaient bien entendre les générations de mélomanes qui ont aimé et admiré le compositeur avant son intervention messianique !
On a connu d'autres exemples de chefs ainsi vénérés comme des gourous. Ce fut le cas par exemple de Sergiu Celibidache.
Hors de lui pour les sectateurs , notamment dans Bruckner, point de salut ! Mais il était difficile de ne pas s'incliner, même avec des réticences , devant l'art de Celibidache, et le citer ici, après ce que je viens de voir et entendre avec  cette " Traviata " , me paraît en fait mal venu, presque insultant.
J'avais jusqu'alors une oreille vaguement complaisante pour le " travail " , le perfectionnisme et l'acharnement de Currentzis à fouiller les oeuvres pour leur rendre  enfin justice - démarche dont le marketing du chef nous rebat les oreilles - mais ce produit me paraît simplement déshonorant.
Quelle absence de probité esthétique faut-il pour transformer l'opéra de Verdi en un clip de musique planante outrancièrement réverbérée et affadie  ?  On pourrait l'admettre d'un chef qui voudrait se distraire des codes et élargir son public par des facilités, des effets accrocheurs. Mais pas d'un musicien affichant de telles prétentions ! Et d'autre part , dévoyer  un genre pour  le rendre plus accessible au public ne me paraît pas de bonne pédagogie. Pour une initiation  à quoi que ce soit , encore faut-il ne pas en dénaturer l'objet.
Et puis le plus comique de l'affaire c'est que la plupart les thuriféraires de Currentzis  ricanent de ceux qu'il est censé rayer du paysage,  grimacent devant l'insupportable hédonisme sonore d'un Karajan par exemple, de son narcissisme dégoulinant en legato : mais devant  les  évanescences macabres et chichiteuses ( comme l'écrit justement ricouxxx ) de cette " Traviata " , c'est un enfant de choeur !
Dans d'autres genres musicaux que le " classique " je suis bien convaincu qu'on ne transigerait pas davantage avec les édulcorations, affadissements de toute nature ;  que les " puristes " y sont plus nombreux, moins prompts à accepter la nouveauté pour la nouveauté, les effets tapageurs, avec une défiance plus sourcilleuse à l'égard du " commercial "...

Je n'ai pas écouté le clip posté ici, je ne connais pas ce chef et je me demande si j'ai déjà écouté vraiment la Traviata en entier ; sinon, je suis pour la désacralisation / massacre des oeuvres écrites sauf que je trouve bien ridicule de revendiquer alors une vérité passée à côté de tous ceux qui ont précédé .

[mer-cure]

C'est très épuré, les images sont belles

Pas de quoi s'insurger de la sorte

En tout cas, personnellement j'aime bien

[lupu]

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[NAFI]

sinon, je suis pour la désacralisation / massacre des oeuvres écrites sauf que je trouve bien ridicule de revendiquer alors une vérité passée à côté de tous ceux qui ont précédé .

Tu es sûr d'employer les bons mots ?
Je n'ai  pas compris la partie non en gras, désolé.
JP

[PP_65]

Simple : la partition , tu en fais ce que bon te chante , toutes les interprétations sont possibles ; ce qui ne garantit aucune qualité du résultat , autant dans un fantasme de réalité historique que dans la destruction .

[NAFI]

Simple : la partition , tu en fais ce que bon te chante

Tu t'en inspires, tu crées autour d'elle mais tu ne détruis rien.
Le mieux pour un chef-compositeur-... "vivant" c'est de créer depuis une page blanche, après on peut en discuter

JP

[PP_65]

Le "mieux", je ne sais pas ce que c'est dans l'absolu ; sauf que j'estime , au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, que la création contemporaine ( au sens de la composition) est nécessaire .

[NAFI]

la création contemporaine ( au sens de la composition) est nécessaire .

Sans nul doute, mais il s'agit là de la discussion autour d'une interprétation. Le massacre et la destruction sont hors sujet, la désacralisation, oui, pour servir la créativité.
JP

[PP_65]

Si on lit les propos de Lupu, on devine qu'il considère cette interprétation comme un massacre .