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Vos photos, mes photos, celles de Monique, ...
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Shah Marai

01 Mai 2018 à 04:35

Shah Marai,

Je ne le connaissais pas.

Comme tout le monde j’ai appris l’ignominie des attentats à Kaboul ce matin et le lourd tribut payé d’un seul coup au photojournalisme international.
Le vice. Le deuxième attend les secours et journalistes pour péter à son tour.


A 11 ans je développais mes photos au sein d’une formidable « maison des jeunes » à deux pas de chez mes parents. C’était ma deuxième maison. J’étais fier de côtoyé « les grands ». Elle s’appelait A.L.F.J.E.P.    ???????

Association Laïque Foyer des Jeunes et d’Education Populaire.

La culture y était omniprésente sous toutes ces formes.
La politique aussi et comment !
C’était l’époque des pattes d’eph, des cheveux longs et de la libération sexuelle.
Dans la grande cave c’était les concerts avec des super musiciens avec des bons gros Marshall tout lampes bien sûr !
C’était aussi la première fois où je voyais une fille (belle !!!!!!) toute nue ce qui m’a provoqué un décollement de rétine dont je souffre encore.
Parce que les grands se paluchaient dans la joie et la bonne humeur et dans tous les coins de l’éducation populaire…
C’était aussi la première fois que je visionnais To Be or Not to Be de Lubitsch je crois en noir et blanc, mais aussi en V.O. et sur un énorme projo gris bleu qui ne passait bien sûr que du super 8.
Le très gros électrophone distillait de la musique en continu, Floyd, Zep, Dylan, Stone et consorts.
Ceux qui rentraient de voyage nous les faisait revivre à travers de longues séances de projection diapos.
Mais ce foyer avait une particularité et c’est avec le recul que je m’en suis vraiment rendu compte tellement sur le moment tout cela me semblait normal.
Tout le monde pratiquait la photographie ! Oui tout le monde.
Le grand labo ne désemplissait jamais. Jour et nuit. Il fallait réserver sur un grand cahier et faire attention aux travaux des autres notamment aux péloches qui séchaient dans le grand placard ventilé prévue à cet effet.
J’étais heureux comme un pape, à 12 ans j’avais accès à tout ! Sauf aux filles toutes nues…
Je me souviens de la première fois où j’ai vu monter une photographie dans la cuvette du révélateur, les yeux écarquillés, dingue, magique.
Et alors ce furent des heures et des heures passées dans la chaleur moite et acide sous lampes actiniques de ce grand labo.
Des tirages épiques qui passaient les 1 mètre à l’éponge et au sol préalablement réchauffé comme nous pouvions. Il fallait faire très très vite afin d’arroser l’ensemble de la photo d’un seul coup et faire « monter » des endroits bien précis.
Ha là là, nous pataugions allègrement dans la soupe ! Epique je vous dis.
Mes parents s’en foutaient, j’étais avec les grands qui passaient de temps en temps à la maison car je partais en vadrouille avec eux aussi.
Un détail me revient. Je n’ai absolument pas le souvenir d’une prise de bec, de tensions quelconques, de bagarres encore moins.
Non. Le temps était cool…. Et c’était bon.
Une photographie m’a tout de suite attirée, celle pratiqués par les photo reporters, ces baroudeurs avec leurs gilets truffés de rouleaux et bardés de boitiers et d’objos.
Mais au-delà « des tronches », ils nous donnaient à voir l’invisible où le temps se figeait, juste de très courts instants d’humanité parfois flamboyants, parfois tragiques.
Il y eu dans la presse pendant quelques temps un magazine du même nom, photo reporter, dont j’ai conservé pas mal d’exemplaires, que je dévorais.
Il y avait des reportages de fond, mais aussi quelques pages où étaient amalgamés de petites photographies du monde entier et comme à l’époque mon acuité visuelle était au top niveau, 15 ! 15 ! je ne faisais pas cas de ces formats indigents.
4O ans après certaines sont encore intactes dans ma mémoire notamment ces tueries à la baïonnette dans les stades Chilien mais pas que.
Malheureusement cette profession c’est fait connaître à cause des guerres et le résultat de leurs travaux nous pétaient le plus souvent à la gueule et c’est la tronche en biais sous le coup d’émotions sismique que nous assistions à la souffrance du monde et aux risques qu’ils prenaient pour nous la révéler.
Heureusement le photo reportage ce n’est pas que cela, ouf !
Mais je garde au fond de moi toujours autant de tendresse et d’admiration pour ces gens, hommes et femmes, qui parcourent le monde habité par cette formidable envie de faire voir, de témoigner.

Shah Marai était un très beau mec avec une très belle histoire où la photographie était omniprésente.

Il n’avait peut-être qu’un défaut.

Vouloir toujours être le premier……….

Dommage pour lui, dommage pour nous.

Ciao bye Monsieur le Photo Reporter.



http://www.lemonde.fr/disparitions/arti ... _3382.html

https://www.huffingtonpost.fr/2018/04/3 ... _23423535/

https://www.thenational.ae/world/asia/a ... i-1.726060

https://www.boursorama.com/videos/actua ... 533779190e

https://www.google.com/search?q=Shah+Ma ... 20&bih=943

https://twitter.com/cschmidtafp/status/ ... 7978494977




Re: Shah Marai

01 Mai 2018 à 08:00

Merci pour ton beau message.

Re: Shah Marai

01 Mai 2018 à 09:24

Très bel hommage à ce photographe que je ne connaissais pas et que je viens de découvrir grâce à toi.

Re: Shah Marai

01 Mai 2018 à 12:31

merci  :(

quel Monsieur . quel talent .

Re: Shah Marai

02 Mai 2018 à 09:19

Quand j'entends les procès et la haine qui sont faits aux journalistes par certains qui vivent bien confortablement à l'abri de leur mandat politique, je dis merci aux gens qui s'engagent vraiment.
Merci de le rappeler ici!
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