Quel thread pour parler du casque Elear de chez Focal ?
Après avoir parcouru les thèmes proposés par le forum vert, j'ai opté pour celui de la musique dématérialisée. Il n'est pas plus pertinent que les autres choix à ma disposition, mais pas moins non plus. Et comme le thème de la musique dématérialisée est de loin celui dans lequel une de mes contributions est la plus improbable, cela m'a semblé une raison suffisante.
J'ai donc acheté un casque Focal Elear - 824 euros chez Magma (ou Cobra, je ne sais déjà plus) - voici quelques jours.
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En effet, ayant bénéficié d'une entrée d'argent imprévue, j'ai décidé d'en dépenser une partie dans un achat déraisonnable, ça me donne une sensation étrange de liberté.
Mais l'objet n'est pas ici d'analyser les travers de ma raison défaillante, mais plutôt les qualités (ou défauts) de ce casque.
La transaction une fois effectuée (dans des conditions plus agréables que mon souvenir des vendeurs de ce type de distributeurs de hi-fi me le laissait craindre), je me suis empressé d'écouter ce casque (non sans avoir préalablement acheté également un préampli casque Lehmann Silver à 620 euros donc pour un total très sensiblement supérieur au montant mensuel du smic actuel).
Une fois branché et à l'écoute de City to City de Gerry Rafferty, ma première impression a été sans ambiguïté.
It sounded as shit.
Un son bouché, sans détail et sans vie. Voilà qui ne coïncidait pas du tout avec les critiques élogieuses trouvées sur internet qui avaient suscité mon achat.
Certainement pour sauver mon amour propre, j'ai essayé de me convaincre que ma conviction que la première impression en hi-fi est toujours la bonne était fondée, et j'ai passé deux heures à écouter ce casque sur différents vinyles de pop/rock et de jazz.
J'ai commencé à être séduit. L'écoute au casque est évidemment différente de l'écoute d'une paire d'enceintes. Elle est forcément moins physique (surtout quand on écoute des JBL), mais elle est plus prenante. Il est difficile de faire autre chose, et les vertus relaxantes et méditatives de la musique prennent le dessus. On entend plus de détail, et l'attention est captée par le jeu de tel ou tel instrument, ou la façon dont la voix du chanteur se cale sur un instrument.
J'ai donc été tenté de réviser ma position. Mais pas pour longtemps. J'ai déjà écouté des casques et celui-ci me semblait bouffer pleins de détails et être du mollesse indigne.
Je suis donc retourné sur internet (qui n'était pas très loin), et j'ai lu les critiques d'un autre oeil.
En fait, il y a deux types de critiques audio. Elles parlent toutes du son (sinon ce n'est pas une critique audio), mais il y a celles qui ne disent finalement rien, et celles ou l'on se connecte avec le critique et l'on sent qu'il a des choses à dire.
J'aurais du m'en souvenir plus tôt. J'aurais alors prêté plus d'attention à cette critique en particulier :
http://www.verumsonus.com/focal-elear-review/L'auteur fait partie de la seconde catégorie de critiques audio dont je parle plus haut. Voici ce qu'il dit à propos du médium de ce casque ":The Elear’s upper midrange past 2kHz is dipped. It’s dipped to a degree that’s immediately noticeable with even casual listening. It’s most prominent for me with female vocals; they sound almost muted,"
Le haut medium du Elgar au dessus de 2kHz est creux. il est creux a un point qui est immédiatement perceptible même lors d'une écoute non critique.."
et plus loin.
"The Elear is best described as thick and somewhat wooly" "L'Elear est caractérisé par un son épais et laineux"
C'est à ce genre de vocabulaire que l'on distingue les critiques avertis (ceux qui utilisent leur oreille gauche). Ils passent d'un vocabulaire qui dénote à un vocabulaire qui connote. ils utilisent la métaphore pour décrire ce qu'ils ressentent. Cette capacité à transmettre des perceptions, à basculer dans l'intersubjectivité est finalement assez rare.
Je l'ai retrouvée dans la critique du même casque dans le dernier numéro de Hi-finews and Record Reveiw sous la plume de Keith Howard.
:
"A voice of its own. You don't have to be a marketing guru to understand that having the Elear sound too much like the Utopie (à 4 000 euros !) would have risked the former being lauded as a bargain version of the latter.... the sens of acoustic was diminished, and some of the intimacy and character of the playing - the very qualities which make this such an engaging performance and recording - went missing"
Bref, après avoir lu ces critiques, je suis retourné chez Cobra (ou Magma ?), et retrouvant un peu de raison, j'ai fait l'acquisition d'un Grado SR325i (ayant en mémoire le son réjouissant d'un SR80i). Il m'en a couté 400 euros. (le smic est définitivement explosé - même si Mélenchon est élu).
En branchant le Grado, j'ai constaté que mes sens ne m'avaient pas trompé. j'ai retrouvé les caractéristiques d'une écoute au casque plus la vie qui fait le sel de la musique. Le Grado présente en fait les qualités et les défauts d'un HP large bande !
Le Bon Coin m'a permis de revendre deux jours après le Elgar pour 650 euros.
Ce post m'a donc couté 170 euros (au moins).
J'espère que vous m'en serez reconnaissant.