JérômeB » Aujourd’hui, 01:46 a écrit:Dans les débats sur le piratage, on agite souvent la comparaison avec les copies que nous faisions quand nous étions plus jeunes des disques des copains et des discothèques municipales avec les K7 .
Certes ... mais il suffit de voir l'impact sur l'industrie musicale des copies/piratages que le format numérique "permet" aujourd'hui pour se rendre compte que cette comparaison est vraiment très limitée.
Je ne reprennais cette comparaison que pour illustrer mon rapport à la musique enregistré tel que je l'ai développé, et non pour dire que c'était la même chose et clore le débat.
Très sincérement, je ne pense pas être un voleur qu'en je télécharge un fichier même si je peux enfreindre la loi. C'est parfois un délit, mais pas du vol : je ne déleste personne de son bien. Je n'enregistre pas un concert à l'insu des musiciens pour le diffuser ensuite, je ne vole pas de bandes master, je ne pique pas de vinyles ou de cd dans les magasins ni chez les amis. D'ailleurs, le mot "vol" n'apparaît pas dans cette loi.
Parfois, je télécharge un titre que j'ai sur un 45 tours chiné dans une brocante. En ai-je le droit ? Je possède déja cet enregistrement, j'en acquiert simplement une copie numérique.
À y réfléchir, je me dis que pour comprendre le phénomène, il faut peut-être regarder du côté du rapport des gens aux disques. Il est vrai qu'un problème existe, les disquaires ferment. Quid des librairies ? Dématérialisé bien avant le cd, le téléchargement de bouquins a-t-il provoqué une "crise du livre" ? Si oui, l'ampleur est bien plus faible. Pourquoi ? J'ose une piste, au feeling : le rapport à l'objet.
Ici, on aime tous les disques, je pense. On aime les objets, les pochettes, les notes qui l'accompagne. Le téléchargement ne remplace pas ça. On considère l'objet dans son ensemble, c'est un objet particulier, comme un livre : c'est un morceau de culture.
Pour d'autres, ce n'est que du loisir, pas vraiment de la culture. C'est un bien de consommation comme un autre, et on le prend là où c'est moins cher. Pourquoi ? Et bien c'est comme ça qu'il a été vendu, pardi. Par paquets de plusieurs millions, à coup de tubes matraqués dans les médias pendant 50 ans. Pour tout ce monde, l'argent des loisirs file dans autre chose et ils trouvent les quelques tubes qui les intéressent sur net. Et l'industrie, qui repose largement sur cette partie du catalogue, se casse la gueule.
Si les majors avaient moins négligé (et le mot est faible) ses "back catalogues" et réfléchi plus intelligemment à la possibilité d'une licence globale, on en serait peut-être pas là ? Il n'y a pas que les majors, je sais. Mais j'ai bien l'impression que de nombreux labels existent toujours, qu'il s'en créé, même.
Et si c'était la fin de l'industrie du disque et les vrais début de son artisanat ?