Même avec un t-amp...

[Frankzappera]

Un dimanche matin. Il est 11h30. Pour un fois, la météo nous gratifie d'un magnifique soleil hivernal. Un bref coup d’œil à travers les baies vitrées confirme que non, je ne mettrai pas le nez dehors. L'herbe du jardin est encore parsemée de traînées blanchâtres. L' élagage de l'arbre solitaire (un luxe absolu, rare et précieux, quand on vit dans l'hyper-centre) attendra des températures plus clémentes.

               Me voilà donc réfugié dans le séjour / salon, face à une tasse de café fumante, accompagnée de quelques chocolats ayant survécu aux fêtes de fin d'année. Mais pas pour longtemps ! Je m'y engage. Déterminé à aller au bout de cet embryon de projet, je me dis que cette quiétude lumineuse pourrait être complétée de quelques notes musicales. Alors, j'allume le système principal. Choisit un disque, parmi ceux que je n'écoute pas assez souvent : « Et cetera » de Wayne Shorter. Quelques géants accompagnent cet autre géant : Herbie Hancock au piano, Cecil Mc Bee à la basse, et Joe Chambers à la batterie.

               Le temps s'arrête, les pinaillages audiophiles se désagrègent comme un château de sable attaqué par la marée montante. Il n'est pas question de grave ceci ou cela, de médium fruité, d'aigu hyper-résolvant mais jamais, oh grand jamais, agressif. D'ailleurs, il n'y a pas de mais, pas d'effet « Whaou ! », pas d'image sonore grandiose, pas de fluidité analogique ou de son tubesque. Non, il n'y a rien que de la musique. Jouée en 195, par un quatuor qui se promène, sereinement, de titre en titre. C'est la seule chose qui importe. La seule qui m'emporte. Vers un ailleurs que je connais déjà, pour l'avoir quelques fois arpenté, mais qui m'a souvent échappé par le passé. Une évidence délicate, humide, de celles qui vous glissent entre les doigts avec un sourire éclatant : ce ne sera pas pour maintenant. Ou peut-être que si, justement ?

               A ce point précis du récit, le lecteur, un audiophile chevronné, expérimenté, aguerri, ne pourra que s'emporter. Zappa se fout encore de nos gueules, il nous ballade ! Gribouille des paragraphes grandiloquents au verbe chevelu, pour tenter de nous faire gober qu'un misérable ampli de sono à 130 balles serait capable de mener à l'évidence musicale. C'est une blague ! De la Science-Fiction ! Il n'empêche que oui. Trois fois oui. Un T-Amp S150 Mk2 est capable de remettre l'église au milieu du village. L'air de rien.

             Ces dernières semaines, en m'efforçant de traduire en phrases à peu près intelligibles mes impressions oh combien subjectives _ et donc personnelles _ je me suis dit que cet ampli à quatre sous proposait quelque chose de très... anglais. Sitôt branché, sitôt oublié. Du « no brain » qui s'impose grâce à un atout-maître : son médium. Facile, inattendu, juste, fluide, en fait je ne sais pas quoi en dire. D'un disque à l'autre, tout change, varie, sauf ce médium organique, naturel, peut-être subtilement coloré, mais pas assez pour que ça me gave.

               Parenthèse : cette caractéristique m'a contraint à modifier la liaison pré-ampli / ampli. Le Sommer Galiléo 238 accentuait trop cet aspect. Alors qu'un tout aussi banal Mogami 2549 ramène une certaine neutralité au système. Avec l'ampli précédent, plus clairet, c'était exactement l'inverse. Ce sont des choses qui arrivent.

               Allez, osons un parallèle discutable : nombre de passionnés s'acharnent à restaurer des vieilleries entrées dans la légende. D'antiques Onyx, Arcam, Nytech, Audiolab, Quad ou Naim, par exemple. Des électroniques aux performances objectives dépassées, limitées. Peu de watts, un rapport signal / bruit et / ou une diaphonie n'ayant rien de remarquable. Des mesures de distorsion à l'avenant. Et malgré cette accumulation de résultats perfectibles, moyens, beaucoup d'audiophiles continuent à encenser l'insolente musicalité anglaise, en particulier, ou vintage, en général : il existe aussi d'archaïques appareils Luxman, Sansui, ou Revox, également recherchés par ceux qui savent ce qu'il en est.

              Depuis que j'ai installé ce T-Amp S150, je crois comprendre les dizaines de pages de commentaires enthousiastes, lus ici ou ailleurs, à propos de la totalité de la gamme T-Amp. S75, S100 ou S150 ont probablement en commun cette sonorité « no brain », ce médium singulier qui emporte l'adhésion. Bien sûr, il est ridiculement facile de dénicher une amplification proposant davantage de puissance, un grave plus mieux tenu, une image sonore cinémascopique, un haut-médium / aigu inter-sidéral, enfin, toutes sortes de paramètres bodybuildés qui finissent par m'insupporter, parce qu'ils m'éloignent de l'essentiel. Je finirai donc, tôt ou tard, par remplacer ce T-Amp, une solution que j'avais prévue provisoire. Mais ce ne sera pas fastoche. Moins que je ne l'imaginais. Parce que, même avec un T-Amp... ils sont tous là : Coltrane, Zorn, Petrucciani, Monk,  Herbie Hancock, Donald Fagen, Eric Budon, Roy Ayers, Poppa Chubby. Et Frank Zaapa.

A+

FZ.

[etienne458]

Dépression hivernal avec accentuassions du mauvais temps? Si telle est le cas au lieu d’acheter de la hi-fi il faut investir dans une lampe à lumière blanche ça aide à passer les périodes hivernale.

[Razumoff]

Sympa ton retour…
Encore quelque temps et tu vas te retrouver avec des moniteurs actifs…  ;-)

[ricouxxx]

Coltrane, Zorn, Petrucciani, Monk,  Herbie Hancock, Donald Fagen, Eric Budon, Roy Ayers, Poppa Chubby. Et Frank Zaapa.

Poppa détone un peu, catégorie plaisir coupable   ... Pour le reste je te rejoins, quoique l'envie de "chercher la p'tite bète" est récurrente...

Eric

[Frankzappera]

Dépression hivernal avec accentuassions du mauvais temps? Si telle est le cas au lieu d’acheter de la hi-fi il faut investir dans une lampe à lumière blanche ça aide à passer les périodes hivernale.

Non, aucune dépression hivernale: je suppose que tu as lu en diagonale, puisque je raconte exactement l'inverse.

Poppa détone un peu, catégorie plaisir coupable   ... Pour le reste je te rejoins, quoique l'envie de "chercher la p'tite bète" est récurrente...

Eric

J'adore les plaisirs, quoiqu'ils ne soient jamais coupables, et je chercherai encore la petite bête. Par périodes. De plus en plus rarement.

A+

FZ.

[Nicodimdom]

Moi aussi 150 mais j'ai coupé la poire en deux : 75 + 75.  
Je comprends donc ton bonheur si ce plus gros ampli est aussi bon que le(s) mien(s). Stéréo superbe en plus en mono.

[pecheur1958]

Bonjour
Tes "75" en stereo mais en utilisant uniquement le canal gauche, c'est bien ça ?
Faut que je réessaie ça ... Actuellement en mode bridgé, je gagne côté grave mais perd dans la magie du médium

[Nicodimdom]

JJ, je t'ai dit déjà d'oublier la config bridgé car on perd beaucoup. Perso, tu le sais, j'utilise un caisson actif pour épauler mes LB. Et je n'ai aucune critique à formuler concernant les basses. Propres, claires et descendantes. Scène très large et fournie. Maintenant, je ne sais pas pour le grave des Cabasse... Peut-être le 150 (non bridgé irait mieux à ces enceintes mais je suis surpris... Je ne sais quoi te dire de plus que ce que j'ai déjà dit plusieurs fois : Plus je lis sur ces amplis et plus je pense que le résultat (que je juge incroyable dans ma config ) est très dépendant du système dans lequel tu les intègres.

[pecheur1958]

En même temps ça fait un an que le ZZ ONE est dans une armoire, donc les T-AMPS ne sont quand même pas si mal  

[Frankzappera]

En même temps ça fait un an que le ZZ ONE est dans une armoire, donc les T-AMPS ne sont quand même pas si mal  

Ah, oui, quand même! Comme quoi le ramage et le plumage...

A+

FZ.

[pecheur1958]

Y'a aussi la fatigue du retraité qui joue, on remet au jour d'après et ainsi de suite

[adol]

J'ai ce T-amp depuis 10 ans, la boite a fermé malheureusement, j'en aurais acheté 5 ou 6 pour les brancher un peu partout.
Mis à part la capacité en courant, il tient largement tête à mon Karan coté musicalité, très KSA S dans l'âme. avec un charme fou sur les voix, je ne me lasse pas de l'écouter, et te rejoins totalement sur tes impressions

[petitmarquis56]

Un dimanche matin. Il est 11h30. Pour un fois, la météo nous gratifie d'un magnifique soleil hivernal. Un bref coup d’œil à travers les baies vitrées confirme que non, je ne mettrai pas le nez dehors. L'herbe du jardin est encore parsemée de traînées blanchâtres. L' élagage de l'arbre solitaire (un luxe absolu, rare et précieux, quand on vit dans l'hyper-centre) attendra des températures plus clémentes.

               Me voilà donc réfugié dans le séjour / salon, face à une tasse de café fumante, accompagnée de quelques chocolats ayant survécu aux fêtes de fin d'année. Mais pas pour longtemps ! Je m'y engage. Déterminé à aller au bout de cet embryon de projet, je me dis que cette quiétude lumineuse pourrait être complétée de quelques notes musicales. Alors, j'allume le système principal. Choisit un disque, parmi ceux que je n'écoute pas assez souvent : « Et cetera » de Wayne Shorter. Quelques géants accompagnent cet autre géant : Herbie Hancock au piano, Cecil Mc Bee à la basse, et Joe Chambers à la batterie.

               Le temps s'arrête, les pinaillages audiophiles se désagrègent comme un château de sable attaqué par la marée montante. Il n'est pas question de grave ceci ou cela, de médium fruité, d'aigu hyper-résolvant mais jamais, oh grand jamais, agressif. D'ailleurs, il n'y a pas de mais, pas d'effet « Whaou ! », pas d'image sonore grandiose, pas de fluidité analogique ou de son tubesque. Non, il n'y a rien que de la musique. Jouée en 195, par un quatuor qui se promène, sereinement, de titre en titre. C'est la seule chose qui importe. La seule qui m'emporte. Vers un ailleurs que je connais déjà, pour l'avoir quelques fois arpenté, mais qui m'a souvent échappé par le passé. Une évidence délicate, humide, de celles qui vous glissent entre les doigts avec un sourire éclatant : ce ne sera pas pour maintenant. Ou peut-être que si, justement ?

               A ce point précis du récit, le lecteur, un audiophile chevronné, expérimenté, aguerri, ne pourra que s'emporter. Zappa se fout encore de nos gueules, il nous ballade ! Gribouille des paragraphes grandiloquents au verbe chevelu, pour tenter de nous faire gober qu'un misérable ampli de sono à 130 balles serait capable de mener à l'évidence musicale. C'est une blague ! De la Science-Fiction ! Il n'empêche que oui. Trois fois oui. Un T-Amp S150 Mk2 est capable de remettre l'église au milieu du village. L'air de rien.

             Ces dernières semaines, en m'efforçant de traduire en phrases à peu près intelligibles mes impressions oh combien subjectives _ et donc personnelles _ je me suis dit que cet ampli à quatre sous proposait quelque chose de très... anglais. Sitôt branché, sitôt oublié. Du « no brain » qui s'impose grâce à un atout-maître : son médium. Facile, inattendu, juste, fluide, en fait je ne sais pas quoi en dire. D'un disque à l'autre, tout change, varie, sauf ce médium organique, naturel, peut-être subtilement coloré, mais pas assez pour que ça me gave.

               Parenthèse : cette caractéristique m'a contraint à modifier la liaison pré-ampli / ampli. Le Sommer Galiléo 238 accentuait trop cet aspect. Alors qu'un tout aussi banal Mogami 2549 ramène une certaine neutralité au système. Avec l'ampli précédent, plus clairet, c'était exactement l'inverse. Ce sont des choses qui arrivent.

               Allez, osons un parallèle discutable : nombre de passionnés s'acharnent à restaurer des vieilleries entrées dans la légende. D'antiques Onyx, Arcam, Nytech, Audiolab, Quad ou Naim, par exemple. Des électroniques aux performances objectives dépassées, limitées. Peu de watts, un rapport signal / bruit et / ou une diaphonie n'ayant rien de remarquable. Des mesures de distorsion à l'avenant. Et malgré cette accumulation de résultats perfectibles, moyens, beaucoup d'audiophiles continuent à encenser l'insolente musicalité anglaise, en particulier, ou vintage, en général : il existe aussi d'archaïques appareils Luxman, Sansui, ou Revox, également recherchés par ceux qui savent ce qu'il en est.

              Depuis que j'ai installé ce T-Amp S150, je crois comprendre les dizaines de pages de commentaires enthousiastes, lus ici ou ailleurs, à propos de la totalité de la gamme T-Amp. S75, S100 ou S150 ont probablement en commun cette sonorité « no brain », ce médium singulier qui emporte l'adhésion. Bien sûr, il est ridiculement facile de dénicher une amplification proposant davantage de puissance, un grave plus mieux tenu, une image sonore cinémascopique, un haut-médium / aigu inter-sidéral, enfin, toutes sortes de paramètres bodybuildés qui finissent par m'insupporter, parce qu'ils m'éloignent de l'essentiel. Je finirai donc, tôt ou tard, par remplacer ce T-Amp, une solution que j'avais prévue provisoire. Mais ce ne sera pas fastoche. Moins que je ne l'imaginais. Parce que, même avec un T-Amp... ils sont tous là : Coltrane, Zorn, Petrucciani, Monk,  Herbie Hancock, Donald Fagen, Eric Budon, Roy Ayers, Poppa Chubby. Et Frank Zaapa.

A+

FZ.

Merci pour ce retour très complet et fort intéressant    

Moi, je suis un peu dans le schéma inverse  
Après une bonne année (voir plus)  en compagnie du T amp S75 + pré Diafan, j’ai par simple curiosité, branché un vieil Arcam Delta 60 sur les LS3/5a DIY.

Il en ressort une sorte de simplicité et d'évidence musicale difficilement explicable que je ne retrouve pas avec le combo ...

Va comprendre Charles ....

[adol]

ahhhh, avec un T comme Thomann, pas un T comme Classe T  
Desolé j'étais totalement hors sujet.

[alesk6]

J'ai ce T-amp depuis 10 ans, la boite a fermé malheureusement, j'en aurais acheté 5 ou 6 pour les brancher un peu partout.
Mis à part la capacité en courant, il tient largement tête à mon Karan coté musicalité, très KSA S dans l'âme. avec un charme fou sur les voix, je ne me lasse pas de l'écouter, et te rejoins totalement sur tes impressions


[ Image ]

Je t'échange 6 fda contre ton Karan si tu veux  

[unison]

J'ai ce T-amp depuis 10 ans, la boite a fermé malheureusement, j'en aurais acheté 5 ou 6 pour les brancher un peu partout.
Mis à part la capacité en courant, il tient largement tête à mon Karan coté musicalité, très KSA S dans l'âme. avec un charme fou sur les voix, je ne me lasse pas de l'écouter, et te rejoins totalement sur tes impressions


[ Image ]

il est bien joli ce petit poussin  et si en plus s'il cocoricote comme un grand alors...

Plus sérieusement j'aime bien le look ça change de ce que l'on voit partout.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir

[Nicodimdom]

Moi, je suis un peu dans le schéma inverse  
Après une bonne année (voir plus)  en compagnie du T amp S75 + pré Diafan, j’ai par simple curiosité, branché un vieil Arcam Delta 60 sur les LS3/5a DIY.

Il en ressort une sorte de simplicité et d'évidence musicale difficilement explicable que je ne retrouve pas avec le combo ...

Va comprendre Charles ....

Pas vraiment surpris. Je le redis : ce T-amp doit être assez sensible au système. Ce qui est avant (ton pré, dont on ne peut douter de la qualité, par exemple, mais aussi le reste) et surtout ce qui suit : les enceintes. Leur rendement, leur filtrage, etc. doivent jouer. Pas sûr que le T-amp, malgré son nom aime les boîtes à chaussures (dont sa mâchoire ne devrait faire qu'une bouchée   ) ou autres Cabasse aux filtres sophistiqués et complexes. Perso, j'ai plutôt du (bas) haut rendement (94 db) et je n'ai aucun filtre dans les enceintes principales. Dans cette config,, il est largement au niveau (voire mieux) de mes tubes et 20w Hiraga.

Ecoute bien sur le long terme ton nouveau (vieil) ampli et reviens nous en parler STP.