En ce triste jour je me résouds à prononcer l'homélie de Krell, le fabricant emmené par le brillant Dan d'Agostino, qui m'a fait faire mes premiers pas dans la hifi sans compromis autant qu'il a su me faire rêver au travers de ses réalisations aussi délirantes qu'innaccessibles. Il n'y a eu que peu de Krell dans l'histoire qui n'ont pas marqué les mémoires de ceux qui les entendaient, que ce soit le KSA 50, son cousin le 50s, les fabuleux KAS mono et j'en passe.
Krell c'était ça :
Le MRA, 300 kilos sur la balance, 150.000$ la paire, 1kw sous 8 ohms, 8000W sous 1 ohms.
C'était aussi ça
Le MRS, un caisson de basse de 2600W dans un bloc d'aluminium, le sentiment d'etre assis à coté d'un réacteur d'airbus au décollage. Totalement hors de prix, intégralement délirant, parfaitement inutile. Mais peu importe d'Agostino concevait ses appareils pour le plaisir de repousser les limites.
N'oublions pas celui-ci, le KAS
Ou comment Krell apporte sa vision de la Classe A glissante, crée le circuit d'ajustement de bias le plus rapide du marché, et invente la machine à musique la plus musicale qu'il m'ait été donné d'entendre, avec laquelle j'ai eu le bonheur de vivre pendant 3 mois et que j'ai bêtement laissé filer, erreur que je regrette encore aujourd'hui.
Puis Dan d'Agostino, décida d'entamer sa seconde vie, chercha de nouveaux investisseurs, certains disent pour concevoir le nouvel ampli ultime, d'autres parce que sa societé était à court de cash, d'autres enfin reparlent d'une vieille guerre qui l'oppose à son ex femme, cofondatrice.
Bref un groupe d'investisseurs fit son entrée chez Krell, réussit à mettre d'Agostino à la porte au terme d'un conflit auquel ni son age ni sa passion ne l'avaient préparés, et dixit eux mêmes, réunirent toutes les conditions pour propulser Krell dans une nouvelle ére.
Et c'est au CES 2014 que Krell a dévoilé sa nouvelle ére...
Deux amplis mono, sobrement baptisés Solo, car Krell se veut lisible et accessible
De face :
Et de dos :
Je vous avoue c'est la que j'ai failli tomber de ma chaise, entre le retour de la ventilation, qu'une demie douzaine de brevets déposés par Krell sur le fabuleux KRS avaient permis de faire disparaitre, notez la qualité de fabrication ignoble, la fiche XLR qui n'est pas alignée avec le reste, le vulgaire bouton on/off, là où Krell implantait un majestueux levier dont le simple contact donnait le sentiment de démarrer une Lamborghini.
Et offense suprême, le vaisseau amiral de Krell coute 10.000$, oui vous avez bien lu, ze flagship from ze legend pour ces quelques ronds...
Aussi c'est avec beaucoup de tristesse et d'amertume, que je vous annonce la mort de Krell, Rest In Peace, et merci de m'avoir bercé de rêves, de bonheur, d'heures passées à chasser le Big Foot en priant pour qu'il soit bien réel