Je profite de la fenêtre qui m’est offerte sur votre forum pour l’ouvrir sur un long texte de présentation que quelques-uns liront peut-être jusqu’au bout. Je salue en tout cas tous les lecteurs de ce forum, même ceux qui n’auront pas la persévérance de me suivre.
Voici à quoi ressemble mon installation.
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J’ai réalisé cette installation moi-même avec l’aide de très bons amis. J’ai privilégié les recherches personnelles de préférence à ce qui peut s’acheter tout fait. C’est du taillé sur mesure plutôt que du prêt-à-écouter. Je pense pouvoir dire à ceux qui me trouveront trop long que la longueur de mes explications n’est pas seulement due au plaisir un peu narcissique de raconter une installation dont je suis fier mais tient aussi au fait que je ne puis me référer à des appareils qui sont ou qui ont été dans le commerce et que les lecteurs du forum pourraient reconnaître sans qu’il soit nécessaire de les décrire amplement.
Je suis un vieux de la vieille de la haute-fidélité. Mon parcours s’étend du 78 tours à la dématérialisation, poussé par le désir toujours renouvelé de pouvoir entendre mieux, malgré un organe auditif à présent sur le déclin. Les ressorts de cette persévérance sont très certainement ma passion pour la musique.
Au bout du chemin, il y a une installation qui ne ressemble à aucune autre et dont je vais m’efforcer de décrire les quelques points caractéristiques.
I
Je commencerai par la pièce d’écoute qui est certainement un élément fondateur et fondamental de mon installation. Comme on peut le voir sur la photo, je l’ai aménagée dans le grenier de ma maison, sous des combles au toit pointu. L’espace est relativement grand (environ 90 m² au sol dont 13 m de profondeur et plus de 5 m de hauteur sous la flèche du toit).
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L’acoustique y était dès l’origine relativement bonne. J’ai procédé cependant à certains aménagements comme l’isolation du toit, la pose de tentures devant la porte-fenêtre, la disposition le long des murs de cinq bibliothèques beaucoup plus hautes que larges pour imiter l’effet acoustique des cariatides et autres sculptures en stuc qui décorent souvent les salles de concert du19ème siècle, avec entre les bibliothèques (transformation récente) des rideaux épais qui présentent l’avantage acoustique de se trouver à environ 50 cm du mur.
Voici le mur de droite :
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Voici le mur de gauche :
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Les réflexions primaires devant les enceintes ont été maîtrisées, au sol par un épais tapis à longs poils, sur les côtés par des panneaux acoustiques doublés par les rideaux pendus entre les bibliothèques et au-dessus par l’inclinaison du toit revêtu de son isolation. La moitié de l’importante surface sous toit est recouverte dans le sens de la longueur de planches en triplex-marin pour éviter une trop grande absorption des sons par l’isolation et maintenir un équilibre entre l’amortissement et la réflexion.
J’ai construit une estrade où se trouvent les fauteuils des auditeurs.
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Elever ainsi le point d’écoute a l’avantage de supprimer les résonnances parasites du plancher en bois de mon grenier et de permettre une audition mieux répartie, à la fois plus spatiale et plus focalisée. Cette très bonne répartition dans l’espace du grenier est, à mon avis, un des points forts de mon installation. Vous avez peut-être déjà entendu la version des Saisons de Haydn sous la direction de René Jacobs (magnifique enregistrement publié par Harmonia Mundi) . Je crois pouvoir écrire que la silhouette des solistes est parfaitement dessinée tandis que la masse des chœurs s’épanouit sans distorsion sur toute la largeur du mur.
II
Dans un lieu d’écoute d’aussi grande dimension, je ne pouvais concevoir qu’une installation à haut-rendement. Le second point caractéristique de mon installation est l’usage de haut-parleurs à haut-rendement. Je précise bien qu’il s’agit de haut-parleurs et non d’enceintes car, comme je l’ai écrit, je n’utilise aucune réalisation du commerce.
J’ai construit mon installation actuelle autour de moteurs TAD 2’’ que j’ai pu acquérir d’occasion chez un revendeur parisien, disparu depuis lors, avec des membranes en béryllium intactes et deux copies en bois des pavillons du même constructeur. Ce fut, je crois, ma plus grosse dépense. J’ai en cours de route abandonné ces pavillons rectangulaires, tout d’abord pour une paire de pavillons circulaires MARCO en ciment armé.
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Je viens d’acheter, il y a peu, deux pavillons multicellulaires qui sont des répliques en bois des pavillons ALTEC 1505B. Je les ai acquis, il y a quelques mois, en Allemagne chez l’artisan Markus KLUG et j’en suis enchanté. La réalisation est très soignée pour un prix plus que raisonnable.
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On peut voir sur la photo introductive que je ne les ai pas posés horizontalement comme d’ordinaire mais bien verticalement. La raison de ce positionnement très inhabituel est que, dans cette position, la focalisation de l’image sonore et son relief en trois dimensions ont paru exceptionnels, du moins à mes oreilles et dans mon grenier.
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La courbure des cellules permet un rayonnement vers le haut, c’est-à-dire vers le faîte du toit. De plus, ce positionnement permet une meilleure perception de la spatialisation depuis les deux fauteuils qui entourent celui du point d’écoute.
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Après quelques ajustements dans les filtres et les mises en phases, l’amélioration apportée par les pavillons multicellulaires par rapport aux pavillons circulaires fut immédiatement perceptible. Il y a d’abord un naturel qui estompe entièrement tout effet pavillonnaire. Le son se répand sans aspérité ni poche de chaleur tout en gardant comme auparavant une grande précision de contour. Le relief de l’image stéréophonique est tout-à-fait remarquable et, malgré la limitation à deux canaux, la perception en profondeur des plans sonores donne à la stéréophonie une dimension supplémentaire. Par exemple, c’est un vrai plaisir d’écouter les quatuors de Beethoven dans la version des Belcea (fichiers Qobuz en 24/96) : on perçoit le premier violon et l’alto de part et d’autre de la scène sonore légèrement en avant et le second violon et le violoncelle à droite et à gauche du centre légèrement en retrait. La dynamique est superbe et les accents parfaitement rendus (micro-dynamique) donnent vie au discours musical.
A cause vraisemblablement de la courbure du pavillon, l’image sonore se forme également en hauteur, ce qui donne aux chanteurs par exemple leur stature normale et aux cuivres d’un orchestre l’estrade sur laquelle ils se trouvent.
Les plus hautes fréquences sont confiées à des tweeters à ruban AUDAPHON perchés sur un chevalet au-dessus des moteurs TAD et munis d’un positionnement réglable pour ajuster les phases.
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Ces exceptionnels tweeters ont l’avantage de ne pas constituer un investissement financier important tout en étant probablement les meilleurs tweeters que j’ai jamais entendus. On peut s’en rendre compte à l’écoute des concertos pour violon de Leclair, musicien français du XVIII s. dans la version Santos (autres fichiers Qobuz en haute définition). C’est un régal de raffinement nuancé, même pour mes mauvaises oreilles.
Jusqu’il y a peu, le bas-médium (entre 100 et 450 c/s) était reproduit par des haut-parleurs ordinaires à membrane conique, des RCF de 30 cm montés dans deux petites enceintes closes.
Quoiqu’il se fût agi de haut-parleurs à relativement haut-rendement, leur usage avec le système à pavillon TAD manquait de cohésion : Ils étaient trop lents et alourdissaient la réponse de l’ensemble. C’est alors que je me suis lancé dans une aventure peu commune. J’ai fait l’acquisition de deux caissons de Voix du Théâtres solidement construits en aggloméré de 25mm et garnis de deux ALTEC 416 8B en bon état. J’avais dans l’esprit qu’une restitution du bas-médium en haut-rendement était le complément naturel, comme allant de soi, de mon système TAD pavillonnaire.
Je ne me suis pas rendu compte immédiatement, lors de mon achat, de la taille imposante de ces Voix du Théâtre. Il a fallu deux déménageurs, baraqués comme des forts des halles, pour les monter jusque dans mon grenier. Et là, vues de mon fauteuil d’écoute, elles me paraissaient tellement colossales que ma perception imaginative de l’espace musicale stéréophonique en était perturbée.
D’autre part, toutes les parois internes des caissons étaient tapissées avec de la laine de verre, sans doute pour amortir une certaine coloration qui peut plaire et qui est, selon Hiraga que j’ai lu un peu tard, le péché-mignon des Voix du Théâtre. Ce matelassage, que les baffles perdaient par toutes les ouvertures et suaient par tous les porcs, rendait l’air de mon grenier absolument irrespirable. Mon premier souci a donc été de les en débarrasser avec des gants et un masque et de conduire tout ce fatras étouffant à la déchetterie.
Malheureusement, ainsi dépouillées de leur amortissement, elles sonnaient vraiment mal dans mon grenier, quelque 250 m3 tout de même, son projeté et effet de pavillon incontrôlables, courbe de réponse avec des accidents profonds et répétés qui les rendaient difficilement perfectibles. Je précise bien qu’il ne s’agissait pas de Voix du Théâtre authentiques en bois du Canada mais d’une réplique en aggloméré, solide sans doute mais remplie de défauts parasites. J’avais relevé la courbe de réponse, bâti seul évidemment :
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Que faire de ces mastodontes que je ne pouvais me résoudre à envoyer à la casse ? Ma première réaction a été de dévisser les parois-arrières et de faire fonctionner les ALTEC en doublet acoustique.
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L’essai dans mon installation fut tout à fait concluant : une bonne intégration dans l’ensemble et la disparition des insupportables résonances natives de ces VOT. J’en ai déduit que je ne risquais pas grand-chose à les bricoler selon ma fantaisie. J’ai risqué alors le tout pour le tout et, avec une disqueuse à main et le concours de deux de mes amis, j’ai scié la partie basse-reflexe pour ne garder que la partie pavillon.
J’ai donc amputé ces malheureuses VOT sans aucune vergogne d’une bonne moitié pour ne conserver que la chambre de compression avant et son pavillon, seuls rescapés du massacre.
De plus, je ne les utilise pas dans leur position horizontale originaire; je les utilise en hauteur et pas en largeur. Ainsi posés sur le sol en hauteur, les bâtis permettent de recevoir sans difficulté et à juste distance mes deux moteurs TAD et leur pavillon multicellulaire, également positionné dans le sens de la hauteur, ainsi que, tout au-dessus, les tweeters à ruban montés sur un chevalet en alu. C’est ce que montre la photo ci-dessous :
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Evidemment ce n’est pas très beau à voir et je vais entreprendre de couvrir l’affreux agglo noir avec le même bois que celui qui recouvre les deux baffles d’extrême grave dont il sera question plus loin.
Les VOT ainsi amputées descendent sans faiblesse jusqu’à 111 c/s (mesure effectuée au point d’écoute) avec une très bonne linéarité.
En rouge, la réponse sans correction, en noir la réponse avec un cross passe-haut à gauche et un cross passe-bas à droite.
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L’avantage est de n’utiliser les VOT que dans la partie du spectre sonore où c’est bien le seul pavillon qui agit et non le système basse-reflexe. Je n’ai d’ailleurs pas bien compris comment les deux systèmes pouvaient cohabiter harmonieusement étant donné la différence de rendement entre l’un et l’autre.
Aux trois voies stéréophoniques de mon installation, j’avais ajouté une voie de contre-grave confiée à un JBL de 48 cm monté dans le morceau d’un ancien tuyau de décharge en grès dont le bord circulaire a une épaisseur de 10 cm. Je m’étais dit qu’un tel montage serait complètement insensible aux vibrations de caisse.

En fait de nombreuses critiques s’élevèrent à propos de ce montage qui donnait un extrême grave quelque peu décevant par rapport à la qualité de l’ensemble de l’installation. Je viens en conséquence de remplacer le système unique tuyau d’égout
par deux caissons basse-reflexe de 280L environ construits autour de deux HP RCF 18L300 de 18’’.
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Les deux enceintes ont été réalisées selon les calculs de mon ami Paul (jf acoustics). Ce fut mon travail d’été et celui de mes amis Paul et Robert, sans le concours desquels jamais je ne serais parvenu à assembler et surtout à coller en même temps les 6 parois de chacun des caissons avec force serre-joints. Mais le résultat est là.
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J’ai continué à suivre les conseils de mon ami Paul et, avant d’écouter, malgré mon impatience, j’ai commencé par promener mes nouvelles enceintes dans l’espace que je croyais le plus favorable à la reproduction de l’extrême grave, tout en vérifiant la courbes de réponse pour chaque emplacement à l’aide de l’instrument de mesure CLIO. C’est ainsi que j’ai finalement placé les deux enceintes contre les murs latéraux, le haut-parleur dirigé vers le mur du fond comme c’est le cas dans l’auditorium de Paul.
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On peut gloser sur l’intérêt de reproduire l’extrême grave dans toute sa puissance. Beaucoup d’enceintes de très grande réputation sacrifient les sous-harmoniques et le son qu’elles délivrent peut n’en paraître que mieux détouré. Cependant, lorsqu’on a l’occasion d’entendre une installation qui se donnent les moyens de reproduire l’extrême grave (dimension du baffle, des haut-parleurs et aussi de la pièce d’écoute), on est frappé par le réalisme inimitable que prend la restitution musicale.
III
L’amplification multiple m’a paru la façon la plus rationnelle de faire fonctionner harmonieusement une telle cavalerie de haut-parleurs, en évitant autant que possible les pièges du haut-rendement dont les bruits de fond. Par facilité mais aussi pour son efficacité, je me suis tourné vers un filtrage numérique. Mon choix s’est porté sur le BEHRINGER DCX 24/96. Il s’agit d’un appareil bon marché destiné à la sonorisation plutôt qu’à la haute-fidélité et je connais les critiques dont il a fait l’objet. La firme SELECTRONIC a cependant commercialisé une version modifiée de très bonne qualité musicale. Le BEHRINGER a le très grand avantage d’être un appareil-multifonctions très complet fonctionnant avec trois entrée, dont deux peuvent être utilisées en numérique, et avec six canaux de sortie analogiques. Les convertisseurs associés aux sorties analogiques n’ont peut-être pas la qualité des meilleurs dacs du marché (au prix faramineux) mais le système à l’avantage d’utiliser six convertisseurs qui ne sont sollicités chacun que dans une bande de fréquences restreinte par l’usage des filtres coupe-bande (cross), ce qui réduit fortement la distorsion par intermodulation, principale ennemie de la conversion numérique-analogique.
J’utilise deux de ces BEHRINGER modifiés pour tenir les sept canaux de mon installation.
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Le premier BEHRINGER contrôle la totalité des canaux stéréophoniques à l’exception du canal d’extrême grave. L’extrême grave (il est unique pour l’instant après mélange des deux canaux stéréophoniques) est modelé par le second BEHRINGER. Le signal est d’abord traité en stéréophonie par l’entrée numérique de l’appareil, puis, après sommation des deux canaux stéréophoniques, le signal mono ainsi obtenu est réinjecté dans la troisième entrée (demeurée en analogique) Tous les trois canaux sont pourvus de filtres passe-bas (cross). Les filtres des deux canaux numériques stéréophoniques sont mis ainsi en série avec celui du troisième canal analogique. Ce dispositif me permet de couper l’extrême grave avec des filtres en série de 48db/octave chacun, soit avec une pente avoisinant théoriquement les 100db, quasi verticale en tout cas même si les filtres de l’appareil ne reproduisaient pas tout à fait la pente annoncée par les mesures.
On peut voir sur cette image, au-dessus des deux BEHRINGER, le coffret contenant le potentiomètre multiple qui règle le volume des 7 canaux.
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Pour que l’ensemble puisse fonctionner convenablement, il est absolument indispensable que le volume de chacun des canaux puisse être synchronisé au dixième de db près. Ce rôle de précision est assumé par un commutateur à 24 positions (de marque DACT), chaque position assurant une division de la tension d’entrée par une double résistance. Voici l’intérieur du coffret où l’on peut voir le commutateur à 8 galettes et son environnement électronique qui est tiré d’un kit SELECTRONIC et que j’ai aménagé.
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IV
L’amplification multiple demande, comme sa dénomination l’indique, autant d’amplificateurs de puissance qu’il y a de canaux. Pour mes sept canaux, j’en utilise six, dont un stéréophonique. J’ai conçu et réalisé moi-même la plupart de mes amplis.
L’ampli d’extrême grave est le seul ampli à transistors (une simple plaquette MONACOR mais avec une alimentation très puissante). J’envisage de le remplacer par un ampli classe D (genre HYPEX) avec une alimentation à découpage, système probablement de moindre inertie que l’amplification classique.
J’ai conçu et réalisé deux amplis à lampes, 300B pour les rubans.
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J’ai encore construit deux amplis en push-pull parallèle avec des 6550 montées en UL pour les Voix du Théâtre.
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Enfin, l’ampli pour les TAD, qui est lui stéréophonique, est un kid que j’ai monté, une réalisation de l’ingénieur hollandais VANDER VEEN, au rapport qualité/prix excellent. Il s’agit d’un ampli originairement prévu pour des EL34 ou 6550. Je l’utilise actuellement avec quatre KT88, tétrodes montées en triode. J’ai fait appel pour l’amplification en tension à deux 6DJ8 AMPEREX dites « bugleboy (?) ». La différence avec les ELECTRO HARMONIX d’origine est évidente dès les premières secondes d’audition.
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Mes amplis à lampes fonctionnent tous sans contre-réaction.
V
La qualité d’une installation dépend en premier lieu de la qualité de la source qui l’alimente. J’ai essayé toutes les sources au long de ma vie et je me suis arrêté aujourd’hui sur la plus nouvelle parce qu’elle m’a parue la meilleure, la dématérialisation. Fidèle à mon habitude de ne pas faire appel à un appareil du commerce (du genre LIN ou AURENDER) onéreux et inaptes à toute évolution, je me suis fait construire un ordinateur dédié avec le concours de quelques amis beaucoup plus versés en informatique que je ne pourrais jamais l’être. Il est construit dans un boîtier du gabarit d’un gros ordinateur de bureau dans lequel je puis ajouter toutes les cartes de logiciel souhaitées. Cet ordinateur est devenu mon unique pourvoyeur de musique et a définitivement remplacé mon convertisseur puis mon transport de CD. Il alimente directement les BEHRINGER en signaux numériques par le truchement d’une carte-son LYNX.16e avec sorties AES comme l’exige l’entrée numérique des BEHRINGER. Cette configuration très simple m’a paru très supérieure aux liaisons USB que j’ai pu entendre.
Je me suis donc mis à l’entreprise de longue haleine de riper tous mes CD avec le logiciel EXACT AUDIO COPY. Un des grands avantages de la numérisation est la possibilité de télécharger depuis la toile des fichiers musicaux en 24 bits (avec éventuellement un échantillonnage plus élevé que celui du CD). Les fichiers vendus par QOBUZ sous la dénomination « MASTER » sont d’une qualité sonore manifestement supérieure à celle du CD, du moins pour ceux que j’ai pu vérifier. J’ai pu ainsi comparer quelques CD ripés avec leur version « MASTER » téléchargée. Je tiens à ajouter que toute amélioration dans la qualité de la reproduction sonore est un pas supplémentaire vers la beauté de l’œuvre musicale et l’inspiration des interprètes, mais que c’est l’œuvre musicale qui demeure l’essentiel à atteindre.
La signature sonore de la restitution numérique dépend en grande partie du bibliothécaire utilisé (player) conjointement avec la carte-son. J’en avais importé deux, JPLAY et JRIVER, pour servir ma carte-son LYNX. Je n’utilise plus aujourd’hui que JPLAY qui m’est apparu de loin comme le plus expressif, surtout le plus expressif, c’est-à-dire celui qui donne le plus de vie à la musique. De même, il m’est apparu très nettement que l’usage du « langage » informatique kernelstreaming était de loin préférable à l’asio malgré ce qu’on peut lire à ce sujet.
VI
Une sorte de philosophie de la haute-fidélité apparaît en filigrane dans le développement de mon installation -je suis arrivé à un âge où l’on peut se prétendre philosophe- c’est dire préférer les solutions évolutives à celles qui se referment sur un cul-de-sac, préférer aux appareils vendus prêts à écouter « clé sur oreilles » les appareils que l’on peut concevoir soi-même ou, si on n’est pas suffisamment au fait de la technique, faire concevoir par d’autres plus qualifiés comme ce fut le cas pour mon ordinateur et pour mes caissons de contre-grave, préférer les solutions qui permettent une adaptation aux évolutions de l’électronique et aujourd’hui aux évolutions rapides du numérique-audio, et cela sans devoir tout changer, trivialement dit « sans devoir tout racheter ». Agir autrement me paraît être non seulement une perte de beaucoup d’argent mais aussi une perte du temps consacré à l’essentiel, c’est-à-dire à l’écoute de la musique.
Cordialement Olivier
La haute-fidélité est une servante de la musique et non une fin en soi.