Salut Bruno,
Je rebondis sur ta dernière phrase. Au-delà de l'émotion partagée, je crois, par (presque) tous, il me semble que tu pointes l'essentiel; entre les barbares de tous poils et tous les autres, il y a une différence essentielle, non de degré mais de nature: la civilisation. Clairement ces individus, qui ont tué à Paris aujourd'hui, mais dont les clones exécutent des massacres abominables chaque jour ou presque dans le monde et, singulièrement, dans des pays musulmans au nom de leur vision monstrueuse d'un islam "purifié" n'appartiennent non seulement pas à "notre" civilisation "occidentale", mais pas davantage à une autre civilisation et singulièrement pas à celle dont ils se réclament à grands renforts d'assassinats, de tueries et de rivières de sang.
Pour mémoire, les "frères" des salopards lâches qui ont abattu dans les couloirs et la salle de rédac de Charlie des personnes innocentes et sans défense, ont fait de même il n'y a pas 2 semaines au Pakistan où ils ont sauvagement assassiné 141 personnes dont, comble de l'horreur et de l'inhumanité, 132 enfants ! Les mêmes fumiers décérébrés & fanatiques (pléonasme) pratiquent le bain de sang rituel en Irak dès qu'une fête shî'ite est au calendrier et au nom d'Allah, qui n'a pourtant rien demandé, etc. la liste serait malheureusement si longue que la page entière n'y suffirait pas.
Bref, ces gens-là, dont il faut effectivement combattre avec la plus extrême vigueur le poison qu'ils diffusent dans les esprits les plus faibles & influençables, sont "hors-civilisation", des barbares. Et cela passe, sans doute, par faire collectivement très attention dans les semaines et les mois qui viennent à la tentation facile de la recherche du bouc émissaire et de la colère qui trouverait son exutoire dans la radicalisation. L'un des buts politiques de ce genre d'attentat étant bien sûr d'attiser les haines, de diviser la société pour qu'elle tombe dans le giron de la radicalité et que les gens finissent par s'affronter non plus verbalement dans le débat mais dans la rue, en se repliant les uns & les autres dans des communautés plus ou moins d'origine et pour une large part fantasmées. J'espère qu'on n'en arrivera jamais là, mais on vit une époque pleine de dangers et verser dans la violence est souvent la solution qui semble la plus facile.
Enfin, je me rappelle avec une certaine émotion des personnes les plus connues qui ont perdu la vie aujourd'hui parce qu'elles avaient choisi de continuer à exprimer leur liberté: Cabu bien sûr, qui me rappelle mes années de petit garçon et qui a traversé pratiquement toute ma vie de lecteur (j'ouvre à peine la dernière livraison du Canard enchaîné qui contient cette semaine encore plusieurs dessins de sa plume), Wolinski que je lisais plus ou moins en cachette ado chez un oncle qui avait pas mal de hara kiri, Bernard Maris dont j'appréciais la profondeur de vue, la modération dans le propos et l'attitude, pourtant couplées à une détermination sans faille à défendre ses idées.
Une grande pensée à leurs familles respectives et aux victimes, plus anonymes, dont les noms n'ont pas été divulgués dans les médias...les jours qui viennent vont être très difficiles pour tous, surtout pour ceux qui vont être inévitablement érigés en symboles bien malgré eux et, en quelque sorte, plus tout à fait appartenir à leurs parents, frères ou soeurs, amis, qui souffrent juste de la perte atroce d'un être cher.
David
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glouglou le 08 Jan 2015 à 02:05, édité 2 fois.