Oui, il n'y a pas à dire, le gars Eric ne fait que des bêtises en ce moment : il ventile son Lumley, il ventile ses blocs Exposure…
Donc un petit CR de l'écoute de ce WE.
Nous avons donc fait un raid sur les rives du lac du Bourget samedi soir, Eric, Isabelle et moi, pour apporter ledit Lumley à Olivier et voir s'il allait bien au teint des LS3/5a d'Olivier. Commençons par le commencement : notre ami habite une maison dont un amateur de vieilles pierres ne peut que tomber immédiatement amoureux. Des murs d'une épaisseur "à l'ancienne", des terrasses dans tous les coins pour profiter de la merveilleuse vue sur le lac, une pièce d'écoute voûtée (mais avec une hauteur de plafond tout à fait respectable, rien à voir avec ce qu'on trouve par exemple dans les maisons anciennes du Trièves). Ces précisions ont leur importance, puisque comme chacun sait la pièce fait 80% du résultat d'un système hi-fi. Et là, le local est manifestement excellent.
Enfin, 80%, j'exagère un peu : il faut aussi tenir compte de l'ambiance et du protocle. Nous avons fait la connaissance de Claire, l'épouse d'Olivier, maîtresse de maison absolument délicieuse et qui a des principes tout à fait solides : quelqu'un qui nous dit que la plus belle musique, c'est celle de la nature, du chant des oiseaux et du vent dans les arbres ne peut être qu'une personne sensible. Il y avait aussi François, le fiston, qui a l'air d'avoir été éduqué avec un soin particulier : il est expert dans la confection de cafés d'exception (à l'aide d'une machine vintage La Pavoni) et on sent en lui de la bonne graine de nodiophile à poil dur, connaisseur d'amplis à tubes et tout le toutim.
On a commencé par aller chercher le bouzinga dans la voiture et par l'installer au milieu des jouets d'Olivier. Notre hôte est un homme de goût, qui a horreur de l'étalage de matériel électronique dans une belle pièce à vivre meublée avec soin. Donc tout est planqué dans un placard muni d'étagères de bois de belle épaisseur. Il n'y a que les enceintes qui dépassent, et ce sont, comme vous le savez sans doute, des LS3/5a. D'un modèle un peu particulier, puisque ce ne sont pas des modèles "constructeur" : elles sont montées en DIY avec les HP KEF règlementaires et un filtre Falcon dont la réputation n'est plus à faire.
On a écouté quelques notes pour valider le montage, mais c'était l'heure de l'apéro. Protocole soigné avec une bière locale au génépi, puis un délicieux petit blanc sec pour accompagner une farandole d'antipasti en tous genres : anchoiade, tapenade noire aux figues, tapenade rouge, tomates séchées, mechouia… Le tout en tapant la discute dans un patio bien agréable organisé autour d'un bassin où ondulent paresseusement deux espadons et quelques poissons rouges sous l'ombre d'un petit érable du japon. Idéal en cette année Debussy…
Après, nous sommes retournés écouter un peu de musique. Il faut quand même que j'en cause un peu, sinon, Jean-Pascal va dire que je ne fais que des digressions. Mais, cher Jean-Pascal, quand on est très bien reçu, c'est la moindre des politesses de le signaler !
D'ailleurs, j'enchaîne sur une autre digression, pour rappeler que la pièce d'écoute d'Olivier a déjà vu passer beaucoup de très beau matériel, dont il donnera la liste complète s'il a envie. Mais dans le tas, il y a eu des Maggies et des panneaux Quad. Le choix des LS3/5a s'inscrit donc clairement dans une démarche de "downsizing" – il fallait s'y attendre, quand on commence par donner à son patio un petit côté zen ! En tout cas, l'idée est de réduire le nombre de boîtes, sans renoncer à la qualité, et en s'orientant vers le fonctionnement le plus simple possible. Olivier a donc opté pour une solution dématérialisée : tous ses CD sont stockés sur un Imac, qui affiche toutes les pochettes des albums que l'on veut écouter : il n'y a qu'à choisir… Une platine vinyle Denon constitue l'autre source (c'est marqué dans sa fiche de police, sous son avatar, si vous voulez des détails). Le préampli est tout petit, un modèle Oppo avec deux petits vu-mètres numériques. Mais la surprise vient surtout du caisson de grave, extrêmement discret, planqué sur le côté du canapé sous une pile de magazines. C'est un modèle peu connu en France, un TBI Magellan, qui permet un paramétrage de la fréquence de coupure de l'enceinte (si j'ai bien tout compris). Olivier a réglé la coupure basse des LS à 100 Hz, ce qui permet d'éviter l'effet de bosse bien connu des LS dans le bas et d'avoir un raccordement très propre. Et pour descendre, on peut dire que ça descend…
Alors, comment k'ça klaxonne, comme dirait Zorgl ? Eh bien, ma foi, très très bien !
On reconnaît d'emblée la signature des garces, avec ce mélange assez unique de précision, d'image sonore et de densité sur les timbres : c'est très élégant, et moi qui possède deux paires de LS (KEF et Harbeth), je ne suis pas du tout dépaysé. Le vrai gros changement, c'est le bas, avec l'apport de ce fameux caisson. Disons-le tout de suite : ce n'est pas un simple petit apport anecdotique, c'est un VRAI grave, assez sec, avec de l'impact quand il le faut. Par exemple, nous avons écouté un disque de percussions japonaises et le rendu était vraiment
très impressionnant, avec une extension, une rapidité et une ampleur surprenantes pour un si petit boîtier (le caisson est plat, de l'épaisseur d'un carton d'archives).
Il n'y a pas grand'chose à redire, et nous avons enchaîné les disques avec grand plaisir :
La nascita del violoncello (disque Agogique de Bruno Cocset), le célébrissime
Ella et Louis ,
Seul de Denis Colin à la clarinette basse, les
Musicall Humors de Hume… C'est un système très "easy listening", avec peut-être un côté un peu moins "monitor" que ce dont je peux avoir l'habitude avec les LS : on entend moins les bruits de clés de la clarinette basse, dont l'extrême aigu me semble aussi un peu gommé (avec du coup l'avantage que ce n'est absolument pas agressif). Les cordes pincées, sur Hume (plage 6 du CD, de mémoire), le sont aussi un peu moins franchement. Mais c'est difficile de dire si c'est dû au modèle de LS, à l'apport d'un caisson qui donne un équilibre différent, à un côté naturellement euphonique de l'ampli à tubes, ou à une légère simplification liée à l'encodage numérique. Mais ce n'est là qu'une tendance, que je signale pour chipoter un peu : l'essentiel, c'est qu'il s'agit d'un système totalement cohérent, qui sublime les LS3/5a et qui, grâce à la noblesse du Lumley et l'apport du caisson, permet d'écouter tout type de musique sans frustration. Voilà un assemblage à base de LS3/5a qui est un véritable système principal, capable de satisfaire à 100% un mélomane sans qu'il ait envie d'aller voir ailleurs pour modifier ceci ou cela. C'était un pari difficile quand on voit la taille de ces petites boîtes, et il est pleinement tenu.
Et pour énerver encore un peu Jean-Pascal et donner l'eau à la bouche à tous les petits hommes Verts normalement constitués, il faut dire un mot de la merveilleuse côte de bœuf (une viande exceptionnelle, maturée 45 jours) cuite à la perfection au barbecue, accompagnée d'une ratatouille et d'un gratin de courgettes très parfumés, du plateau de fromages gargantuesque qui donnerait envie de réciter des poèmes de Saint-Amant, du crumble d'Isabelle. Mais il faudrait une épopée pour raconter tout ça, et j'ai déjà une
Bonniniade en chantier depuis plusieurs années…
Le bonheur, c'est simple comme une visite chez Olivier.