Quoi de neuf en cd classique?

[Pseudo]

Les oreilles allergiques aux cordes pincées pourront se tourner vers ce disque inattendu glissé entre les diapasons d'or à grande visibilité commerciale et haute valeur ajoutée du magazine de novembre:



Publier sur un label inconnu (de ma part, en tout cas) un programme de musique française du 17e au piano représente un certain risque. Clément Lefebvre l'assume avec assurance: attaques étudiées, belle construction des plans sonores, belle sonorité avec ce qu'il faut de retenue dans ce répertoire. La Gavotte et ses six doubles convainquent particulièrement par leur belle progression, un cinquième double éblouissant et un sixième en trompe-l’œil, s'ouvrant avec retenue avant de culminer en apothéose.

L'instrument utilisé, un Yamaha CFX, manque sans doute un peu de richesse pour ce répertoire. Il a été capté, d'assez près je pense, en l’église de Bon Secours à Paris en octobre 2017. Cette acoustique réverbérée assez claire n'est pas idéale pour un piano de concert, mais il faut noter que la réverbération ne brouille pas le son direct du piano. Le petit reproche qu'on pourrait adresser à l'artiste est de pédaliser beaucoup, sans doute pour compenser la relative sécheresse de son instrument.

Dans tous les cas, un très beau disque, et un pianiste à suivre! Marcelle Meyer doit en soupirer d'aise.

[opera]

Excellente question ! Qu'est-ce que j'ai pu faire chier embêter mes enfants avec ce qu'ils appelaient mon "glïng-glïng". Sans compter que pour moi également d'ailleurs, ça ne s'est pas fait spontanément. Le révélation est venue d'une série d'émissions au sujet de Couperin, sur France Musique, présentée par Davitt Moroney dans les années 90. J'avais été littéralement charmé par ces petites pièces, chantantes, intimistes, délicieuses et finalement d'une douce mélancolie. Et finalement la grâce et l'expressivité très particulière de cet instrument. C'est Blandine Verlet, chez Astrée, qui emportait mon adhésion à l'époque dans ces pièces de clavecin de François Couperin. Il y a plus raffiné maintenant comme son de clavecin. D'ailleurs, elle a réenregistré depuis quelques "ordres" sur Aparte avec un son beaucoup plus lumineux.
Je conseillerais bien ça, en fait, soit le disque paru en janvier qui contient le merveilleux "Treizième ordre", soit le double CD paru en 2012 et couvert de récompenses.
https://www.youtube.com/watch?v=EboVDne6q9w
On est dans la musique française, ce n'est pas la grandeur de Bach (qui admirait Couperin, d'ailleurs), ni la fièvre de Scarlatti. C'est le chant, la poésie, l'expression pudique des sentiments l'âme humaine. A mon avis plus facile à aborder que les pièces plus anciennes du disque de Staier, qui plus est interprétées sur un clavecin accordé à l'ancienne (non tempéré).
Il y a forcément plein d'autres propositions possibles !
Aimes-tu Bach au piano (Variations Goldberg, Clavier bien tempéré, Suites Anglaises et Françaises, Partitas...) ?

Concernant Rondeau dans Scarlatti, le critère, c'est que j'ai tout de suite tendu l'oreille, tout de suite été ému. Joue-t-il trop avec le tempo ? Ornemente-t-il trop ? Ça ne m'a pas frappé.

Quant à HantaÏ tout en nuances et Rondeau plus excessif, euh... je vous conseille de réécouter la K141 ou la K175 par Hantaï dans  premier CD pour Mirare : on est quasiment dans le free !

Non, j’écoute finalement assez peu le répertoire classique avant le XIXe même si j’ai croisé Machaut et Josquin des Prés puis Vivaldi, Rameau et JS Bach, j’écoute essentiellement de la musique romantique, moderne et un peu contemporaine mais surtout la musique savante occidentale représente seulement 30% de ce que j’écoute aujourd’hui, une des raisons pour lesquelles, peut-être, le clavecin m’échappe …mais je vais quand même essayer vos suggestions, merci !

[Nicodimdom]

les pièces plus anciennes du disque de Staier, qui plus est interprétées sur un clavecin accordé à l'ancienne (non tempéré).

Je le ré-écoute en ce moment. Eh bien, tempéré ou pas, il sonne superbement bien ce clavecin.
Tu l'as écouté?

[micbog]

« Quant à HantaÏ tout en nuances et Rondeau plus excessif, euh... je vous conseille de réécouter la K141 ou la K175 par Hantaï dans  premier CD pour Mirare : on est quasiment dans le free ! »

C’est précisément la K175 que j’ai écouté (entre autres) ce matin par Rondeau (je ne possède pas l’interprétation de P. Hantaï de cette sonate) qui m’a fait faire mon commentaire. Mais ce n’est que mon impression...

Quant au disque de Clément Lefebvre je l’ai beaucoup apprécié aussi, malgré les petites réserves concernant le Yamaha. Comme je l’ai déjà  plus haut mes préférences pour ce genre de musique va vers le piano.

[habermas]

Concernant Rondeau dans Scarlatti, le critère, c'est que j'ai tout de suite tendu l'oreille, tout de suite été ému. Joue-t-il trop avec le tempo ? Ornemente-t-il trop ? Ça ne m'a pas frappé.

Quant à HantaÏ tout en nuances et Rondeau plus excessif, euh... je vous conseille de réécouter la K141 ou la K175 par Hantaï dans  premier CD pour Mirare : on est quasiment dans le free !

Je pense que tu fais référence aux enregistrements Mirare, notamment ses premiers disques. Je te rejoins qu'ils sont très déroutants et souvent brouillons dans leur ligne mélodiques. Pour moi, ce n'est pas du tout représentatif du travail de Hantaï, pour ça il faut davantage se tourner sur les disques Bach & Couperin ou encore son enregistrement Scarlatti chez Astrée. Je suis en train de comparer la kk141 entre la version Mirare et Astrée, ça n'a simplement rien à voir. Les 141 & 175 sont très complexes et ça peut vite sonner brouillon.

Pour moi c'est Staier qui remporte haut la main le concours du meilleur Scarlatti, même s'il n'a enregistré qu'une trentaine de sonates. Je lui trouve de la passion et de l'entrain mais toujours en équilibre et sans excès. J'aime beaucoup Scott Ross également, dans un tempo généralement plus modéré que les autres interprètes mais qui arrive à insuffler de la vie par d'autres moyens, avec cette articulation de notes si caractéristiques de sa manière de jouer.





Pour ce qui est de la version Rondeau, après compte ce n'est pas mal, notamment une 208 très réussie, ainsi que les pièces les plus lentes. Mais mon agacement reprend sur les morceaux comme le 162 sur les passges vifs ou encore le kk132 et ses maniérismes insupportables sur les ornements...

Amitiés,

Joon

[mkl]

Non, j’écoute finalement assez peu le répertoire classique avant le XIXe même si j’ai croisé Machaut et Josquin des Prés puis Vivaldi, Rameau et JS Bach, j’écoute essentiellement de la musique romantique, moderne et un peu contemporaine mais surtout la musique savante occidentale représente seulement 30% de ce que j’écoute aujourd’hui, une des raisons pour lesquelles, peut-être, le clavecin m’échappe …mais je vais quand même essayer vos suggestions, merci !

Du coup, tu peux essayer ça:

Poulenc, Concert champêtre pour clavecin et orchestre.

C'est du clavecin, mais c'est plus moderne, comme musique. Ca sera peut-être plus facile pour toi que d'attaquer par du baroque.

[PP_65]

Mais mon agacement reprend sur les morceaux comme le 162 sur les passges vifs ou encore le kk132 et ses maniérismes insupportables sur les ornements...

Cherche pas, d'une manière ou d'une autre le ver est dans le fruit ( je décode : c'est dans la partition ) .

[opera]

Du coup, tu peux essayer ça:
[ Image ]
Poulenc, Concert champêtre pour clavecin et orchestre.

C'est du clavecin, mais c'est plus moderne, comme musique. Ca sera peut-être plus facile pour toi que d'attaquer par du baroque.

Merci mkl je jetterais aussi une oreille à ce Poulenc

[Nicodimdom]

Magnifique oeuvre et disque que ce Poulenc.

Et perso, je ne suis pas réfractaire au Xenakis de PP non plus... mais pour aborder le clavecin je préfère une barricade mystérieuse (ou des).  

[pecheur1958]

La prochaine fois que tu passes je te ferai découvrir ça, mais faut des enceintes qui descendent un peu (ou un bon caisson)

[Nicodimdom]

JJ, tu veux dire que tu as ce magnifique instrument dans ton chez toi?  

Plus sérieusement, je ne connais pas Rondeau comme nos spécialistes du forum mais je comprends leur désarroi. Je pense qu'il prend de sacrées libertés. Il est vraiment un INTERPRETE car il se met au premier plan. C'est sûr que ça doit ébouriffer les puristes. N'empêche que pour iconoclaste qu'est son interprétation, le résultat est tout de même étonnant. On n'en sort pas indemne. Ca secoue et je pense que pour faire connaître et aimer cet instrument au plus grand nombre, il est le meilleur ambassadeur.  Son truc vit !

Après, on peut discuter de la prise de son aussi. Un choix comme d'hab.

P.S: Pour les basses, je ne m'inquiète pas.

D'autres choix pour Royer mais aussi de compositeurs et d'oeuvres pour se familiariser au clavecin sur ce site:
http://claveciniste.blogspot.com/2017/0 ... royer.html

[jeanpascalg]

Plus sérieusement, je ne connais pas Rondeau comme nos spécialistes du forum mais je comprends leur désarroi. Je pense qu'il prend de sacrées libertés. Il est vraiment un INTERPRETE car il se met au premier plan. C'est sûr que ça doit ébouriffer les puristes. N'empêche que pour iconoclaste qu'est son interprétation, le résultat est tout de même étonnant. On n'en sort pas indemne. Ca secoue et je pense que pour faire connaître et aimer cet instrument au plus grand nombre, il est le meilleur ambassadeur.  Son truc vit !

Le problème c'est que sott ross a tellement installé un style qu'il faut faire tout le contraire pour se faire remarquer.

Je n'ai entendu rondeau en  direct qu'un fois à la fnac et c'était bien plus sage que ses disques.

[micbog]

Décidément, ce fil m'aura fait écouter beaucoup de clavecin ! Ce matin j'ai pu faire une écoute comparative entre les interprétations de la K175 par J. Taylor et par J. Rondeau. C'est vrai que Rondeau "interprète" véritablement cette oeuvre si on la compare à celle de Taylor. J'ai cependant préféré assez nettement le jeu et l'instrument de Taylor qui est bien capté où on entend vraiment toutes ses subtilités (le pincement des cordes en particulier). Globalement entre Taylor, Hentaï et Rondeau c'est Taylor qui est le plus agréable à mes oreilles. Rondeau en fait un peu trop, même si son disque est intéressant.

Et comme on en était à la musique pour clavecin, je me suis aussi passé quelques plages du dernier enregistrement de C. Rousset (Louis Couperin) et je dois dire que je suis sous le charme de la musique, de l'interprétation et de l'instrument.

[olivier-49]

Bon, il semble que je sois minoritaire alors !  
De plus, Rousset ne m'a jamais fait vibrer. Je le trouve froid. Je l'ai vu une fois en concert, il a joué, puis il est parti. Pas de rappel, rien.
Concernant Louis Couperin, il y a vraiment des choses magnifiques. Skip Sempe ou Gustav Leonhardt, par exemple.

[pecheur1958]

Gustav Leonhard

[Nicodimdom]

J'ai parfois (souvent ) un problème d'utilisation des smileys. Tu veux dire quoi?

[pecheur1958]

  =
Que j'adore                                      
Que c'est nickel chrome                         
Que c'est mieux que Rondeau

[olivier-49]

Ah ben Gustav, c'est une référence absolue. Y compris comme chef, d'ailleurs. Ses interprétations des cantates de Bach ou de la St Matthieu sont des sommets.
Mais dites, on a un peu dévié du sujet des nouveautés classiques, non ? Et si on faisait un fil "Clavecin" ??

[Nicodimdom]

Merci JJ. J'ai pas mal de GL aussi.

Et tant qu'à divaguer pour la dernière fois dans ce fil; d'une corde à l'autre, j'écoute avec un plaisir immense ça en écrivant:

Bon W.E. à tous.  

[Pseudo]

Sous le titre de "Frage" (question), Gerhaher publie un récital Schumann qu'on nous annonce comme le début d'une intégrale:



Après une Belle meunière de Schubert  qui m'a laissé réticent malgré un diapason d'or (l'émission embarrassée y est compensée par une forme de brusquerie), on retrouve le chanteur au mieux de sa forme: la ductilité de la voix s'épanouit dans de magnifiques demi-teintes, au profit d'une vision intimiste de ces Lieder. Gerold Huber suit son partenaire avec précision et parvient à colorer son discours pour envelopper le chant dans un bel écrin de timbres.

Le passage de l'artiste chez Sony a réglé le problème des enregistrements en opposition de phase de sa première période chez Arte Nova (qui déformaient le timbre de la voix et restituaient l'espace de manière incohérente, à moins de penser à inverser le branchement des HP ou de disposer d'un inverseur de phase, évidemment). Il n'en reste pas moins que la prise de son restitue un studio froid et passablement réverbérant. Les timbres sont préservés, mais un peu de chaleur serait la bienvenue.

Malgré cette petite réserve, un enregistrement magnifique de sensibilité.