Le JMF Audio
L'appareil a été reçu par Francis au printemps et j'ai eu l'occasion de l'écouter peu après cette réception . Je trouvais qu'en dépit de très belles qualités d'analyse, il manquait de fluidité et d'articulation. Peut être un peu de matière aussi...le tout aboutissant à un coté mécanique et analytique auquel je ne souscrivais pas.
Bref, je ne peux pas dire que cet ampli m'avait beaucoup plu.
En fait il s'agissait d'une version qui n'a été que très peu produite car le constructeur est passé rapidement à la version suivante. L'appareil a donc été profondément modifié durant l'été chez JMF Audio. Il correspond maintenant beaucoup plus à la gamme actuelle commercialisée. J'avoue me perdre un peu dans les numéros de versions et d'upgrade...Francis donnera des précisions si nécessaire.
Et en effet, le changement est important. En général c'est le propriétaire qui a payé la modification qui aime le croire et tente de s'en persuader. Et plus c'est cher, plus il est nécessaire de s'en convaincre.
Sauf que là c'est vrai. Et pourtant je partais avec un apriori plutôt défavorable...
On a pas vraiment l'impression d'écouter le même appareil surtout grâce à la présence importante de matière. Les notes semblent maintenant s'imprimer beaucoup mieux dans l'espace et on ressent très bien les prolongations de note, les pédales...Mais tout est intégré au message musical, ce qui n'était pas vraiment le cas. Il n'a pourtant rien perdu de son pouvoir d'analyse et de sa transparence.
Ce qui retient aussi mon attention est la grande propreté de restitution. Tout reste en place même dans les moments les plus complexes. Il n'y a absolument aucun sentiment de compression même sur les passages très chargés en forte. On peut dire qu'il a du coffre mais pas que...
La restitution fourmille de vie et les micros accélérations sont très bien ressenties.
Il est également très équilibré en toutes situations et lorsque cela pousse il n'y a jamais aucun sentiment de déséquilibre sur le spectre. Cela semble évident mais ce n'est pas le cas. Peu d'amplis y arrivent vraiment bien.
Sur le Earth Wind and Fire, le swing s'installe parfaitement bien et invite à la danse. Coté scène sonore c'est également très réussi et on obtient un coté assez précis du positionnement de l'interprète. Sur ce point c'est un plus car coté ampleur, les panneaux font merveille mais la précision et la ponctualité n'est pas forcément ce qu'ils réussissent le mieux.
Alors ampli parfait ?
Cela dépend ce qu'on entend par parfait. Si on entend par ce terme une restitution parfaite de ce qui est enregistré, c'est sans doute le cas et j'avoue ne pas avoir écouté chez Francis d'amplis à transistor faisant mieux dans ce domaine. Les Tacts sont un peu à part car, bien que très réussis, étaient accompagnés d'une correction. C'est donc difficile de comparer et cela fait surtout longtemps.
Après on peut aussi un peu subir les défauts de ses qualités car quand on va très loin dans un domaine, on peut s'exposer à afficher un peu trop les défauts des enregistrements sachant que les prises de son et les pressages ne sont pas tous parfaits...
Mais même dans ce domaine il fait mieux que ce qu'on pouvait redouter, peut être grâce à sa propreté de restitution
Alors finalement le plus gros problème de cet ampli, c'est qu'il existe des amplis à tubes qui pratiquent ce que je j'appelle de "la post production". J'expliquerais plus loin ce que j'entends par là et finalement on en vient à se demander si on écoute le même enregistrement. Et donc aux oreilles (polluées diront certains) d'un vieil audiophile (mais pas du tout NOS

) comme moi, il manque toujours un peu quelque chose...
Passons donc au coté subjectif (le coté obscur diront certains!)
Sur le Mozart, la restitution est de haut niveau mais il me manque un peu le coté "dramaturgie". Une sorte de densité du drame qui n'est pas exactement au niveau auquel je l'attends. Sur le Respighi, Francis me dit à l'issue de l'introduction style fête foraine "tout dans le medium aigu", que s'il avait ce disque il zapperait ce passage...
Cela me choque moins mais c'est vrai qu'on est content qu'il se termine alors que ce n'est pas le cas normalement.
Sur les voix de Sinatra, Nat King Cole, Jimmy Witherspoon, il me manque aussi le coté très incarné donné par les tubes.
Peut être qu'on peut un peu corriger ces points par l'utilisation d'une cellule moins pointue que l'Etna ou un peu par la câblerie, un système n'étant finalement qu'un immense jeu de compensations.
Mais pourquoi le corriger vu qu'il fait aussi des choses impossibles à réaliser pour l'ampli à tubes ?
Comme la restitution parfaite de la dynamique de l'enregistrement. On verra plus loin que l'ampli à tubes comprime, certes de façon subtile, mais évidente lorsqu'on fait la comparaison. Le truc très "putassier" sur l'ampli à tubes en plus des timbres, c'est que l'ampli est également très vivant (pas du tout mollasson ou langoureux) et qu'il apporte énormément d'air autour des interprètes. Artificiel diront certains puisque pas dans l'enregistrement, c'est vrai mais on y croit...
En conclusion, je dirais que l'ampli est vraiment excellent. Il a ce coté monitor auquel on peut ne pas adhérer totalement mais il est honnête. Son coté vivant et rapide permet aussi de compenser un peu le coté très soyeux et un peu doux de la restitution du panneau.