Vos disques de la semaine !

[Jim75]

Oh je ne suis sans doute pas le seul à l'avoir remarqué d'autant plus que tu nous l'as proposé en ... 2018   (j'suis pas très rapide)
J'aime beaucoup cette filière, lieu d'un véritable partage et de découvertes et sans doute moins polémique que les PA   Sauf peut être si on venait à proposer quelques vieux albums du groupe Triangle n'est ce pas.
J'y découvre plein de belles choses inconnues et remarquables.

Le dernier avantage, et pas des moindres, de cette filière c'est que Pédro n'y traine pas trop, c'est plutôt reposant  

Aller j'y retourne tiens ...

Jim

[olivier-49]

Le problème, c'est que je vais peut-être (je dis bien peut-être) insérer prochainement dans cette rubrique un disque qui est paru récemment et qui pourrait bien lui plaire... Je fais quoi ?  

[Jim75]

Pour la quiétude de cette filière, le mieux serait peut être de lui envoyer par mp  

[mkl]

Le problème, c'est que je vais peut-être (je dis bien peut-être) insérer prochainement dans cette rubrique un disque qui est paru récemment et qui pourrait bien lui plaire... Je fais quoi ?  :confused:

Dolly Parton ? Sabrina? Samantha Fox?
Ah non. Paru récemment....

Aya Nakamura? Nikki Minaj? Doja Cat?

[olivier-49]

Non, non, ce n'est pas à celui là que je pensais. Mais, sait-on jamais ? Ah non, on ne peut jamais savoir...  Mais je vais arrêter de spéculer, je crains le retour de bâton

Nicolas Michaux « Amour Colère » 25 septembre 2020
« Qui c’est c’t’apôtre ? » m’a demandé ma chérie. Eh ben, j’en sais rien moi, sauf qu’il est Belge, qu’il chante indifféremment en Anglais ou en Français, selon les morceaux, que c’est son deuxième opus et que je lui accorde désormais une place de choix sur le podium des faux désabusés. Il serait en compagnie de Bertrand Belin et de Philippe Catherine, par exemple, vous voyez le lien. Ou alors de Dominique A si on considère son premier album distribué, "La Fossette", celui qu’il avait bricolé tout seul dans sa chambre. On chante avec distance, on flirte avec une certaine dérision, on cultive le « less is more », on délaisse la fioriture pour aller à l’os. Attention tous ces gars là sont loin de s’en foutre. Et ce Nicolas Michaux encore moins que les autres  peut-être. Il chante exactement ce que le titre annonce, sa volonté d’amour et la collision de celle-ci avec la bêtise et la déchéance du monde, et donc sa colère. Les textes sont soignés, la musique épurée, non sans évoquer, au fil des chansons, quelques réminiscences familières, sur une inflexion de voix, une scansion de batterie. Bashung (« Une Seconde Chance » ), Dominique A (« A Nouveau », « Nos Retrouvailles »), Murat (« Amour Colère ») ou le Velvet Underground (« Factory Town »)
Voici donc une œuvre singulière, celles d’un faux désabusé, romantique minimaliste, une patte dans la chanson française, une patte dans une certaine idée du rock.

[R.C.]

Bonjour,

Un peu hors sujet, enregistrements non-recents...
Nicolas Michaux , il y a une dizaine d'années, faisait partie de Eté67, groupe Liegeois :
https://www.youtube.com/watch?v=Zz2wiIOlYYQ
Autre Belge, quasi inconnu chez nous , Jasper Steverlinck (Arid ) un peu de Jeff Buckley
https://www.youtube.com/watch?v=fNQahTd2IT8
https://www.youtube.com/watch?v=t-2Ul8hCWK8
RC

[olivier-49]

Tom Petty, « Wildflowers & all the Rest (Deluxe Edition) » 16 octobre 2020
Attention, évènement.
Résumons. Tom Petty est mort il y a 3 ans. Avec son groupe The Heartbeakers, après 40 ans de carrière, il avait acquis aux States un statut de grand au panthéon de l’Americana, non loin de Bruce Springsteen (son pote) ou même de Dylan (avec qui il a joué). Wildflowers, sorti en 1994, est son deuxième album solo, c’est à dire sans ses Briseurs de Cœur. D’ailleurs, à l’époque, il a le cœur brisé. Rupture avec sa chérie de 30 ans, ça fait forcément du « Broken Heart » - chanson incluse dans l’album et que ne renierait pas un George Harrison.  A l’époque, il avait écrit 25 morceaux, soit l’équivalent d’un double album. Refus de Warner Bros. Heureusement, et vraiment on peut le dire à l’écoute, sa famille et ses musiciens, respectant ainsi le projet initial, ont rassemblé le tout, y incluant les 10 chansons manquantes. Et voici donc dévoilé All the Rest, à savoir les inédits additionnés, bien sûr, de prises alternatives ou live, pour pas se faire traiter de radins par les fans. Ils ont rudement bien fait.
L’album original, qui atteignait tout de même la respectable durée de 60 minutes, fut donc conçu comme un album solo et ça fait une sacrée différence. On y entendait un Petty plus intime, une musique épurée du son fourni des Heartbreakers, aidée en cela par le nouveau producteur Rick Rubin, celui des fabuleux American I, II, III… de Johnny Cash. C’est donc un disque moins rock, mais magnifique, que l’on sent très personnel, et qui confirme que, même sans ses Heartbeakers, Tom est un briseur de cœurs à lui tout seul. Il faut voir sur les réseaux sociaux comment ses fans éplorés écrivent que Tom leur manque tellement, qu’ils pensent à lui tous les jours, qu’ils vont se précipiter pour acheter en ligne ce petit pull avec le logo de l’album, qu’ils pleurent en écoutant telle chanson et que leur vie ne sera plus jamais comme avant. Je vous dis pas comment ils ont fondu en entendant de nouveau la voix chérie (c’est vrai qu’elle est touchante) sur ces chansons, comment dire, complètement craquantes. « Leave Virgina alone », « Hope you Never », ça y est, on est accro, ils nous a eus.
Mais attendez, ce n’est pas tout. Les home demos nous font pénétrer encore davantage au cœur de l’intimité du bonhomme. Il s’agit de 14 des chansons de Wildflowers, jouées et enregistrées à la maison par TP, lui-même, tout seul. Pas de triche possible, l’artiste, sa guitare, une basse, jouée par lui-même, la naissance d’une chanson. D’ailleurs, si on écoute bien, on se rend compte que les paroles sont encore en voie d’écriture, elles ne sont pas dans leur version finale. Ici, aucun des maniérismes rock (qu’on adore au demeurant), une voix nue, vulnérable, tendre comme jamais.
Un grand songwriter, textes et musiques, doublé d’un grand interprète. La douloureuse amertume du cœur brisé, sans aucun pathos. Ah le con. Il nous a eus.
Ah, tiens au fait, ce n’est pas tout. Vous voulez réentendre ce qu’il sait faire sur une scène, vous les aimez ces gimmicks rock ? Boum, bonus, 14 chansons de plus en Live ! Enjoy !

[olivier-49]

Beabadoobee « Fake It Flowers » 16 octobre 2020
Alors la petite effrontée a atteint les 20 ans et après une série d’EP remarqués (j’avais adoré le dernier « Space Cadet »), elle sort son premier « album ». Douze titres au lieu de quatre ou cinq. Le son est plus fourni, plus rock, quasi grunge, la production plus travaillée, mais la voix de la coquine surnage avec facilité. Perso, il me semble que Space Cadet contenait davantage de trouvailles : harmonies audacieuses, mélodies irrésistibles, immédiatement tubesques (« She Plays Bass »), ça ne manquait pas de saveur. Bon, on aime toujours l’effet que ça fait d’entendre sa voix faussement naïve, faussement fluette, se trimballer sur ces épais murs de guitares mais je ne retrouve pas ici le charme spontané de son EP d’octobre dernier. Plus de professionnalisme dans la production, mais moins de surprises, moins d ‘émotion. Mais bon peut-on virer comme ça quelqu’un qui dit que quand elle se fâche, elle peut faire peur mais qu’on ne la laissera pas tomber, parce qu’elle est jolie ? Ah, et puis elle explique elle-même « Si vous êtes seul dans votre chambre et que vous vous sentez triste, c’est un excellent disque sur lequel danser en slip. » Bon. Ok, alors. Disque de la semaine 42. Et puis "Care" est quand même un sacré morceau de rock !

[olivier-49]

Bon, vous pourrez dire que c’est le bordel dans sa rubrique, on remonte au 2 octobre ? Après avoir chroniqué les disques du 16 ? Ah vous n’aviez même pas remarqué ? Bon, ben faut suivre hein, y’a une interro écrite prévue pour solder l’année bientôt.

Oddjob, « Kong » 2 octobre 2020
Allez un peu de jazz, tiens. C’est fou ce que le mot jazz peut contenir de trucs différents maintenant. Le « jazz » s’est mâtiné de musiques venues du monde entier, ce n’est pas une nouveauté, mais précisément, ces dernières années, d’influences européennes qui forcément enlèvent un peu (beaucoup) de sueur et de swing aux musiques des pionniers. Folklores, rock, hip-hop, rap, musique contemporaine, le jazz se fait moins noir, plus blanc. Oddjob, un collectif scandinave, en est un bon exemple. Leur album Kong s’écoule tel un fleuve traversant des paysages changeants mais toujours avec une extrême cohérence. Les découvertes sont riches, les textures chaudes et complexes, le rythme n’est pas absent, c’est particulièrement créatif, très écrit, ouvrant la voie cependant à des solos raffinés (synthé, piano, trompette, saxophone...) qui se fondent naturellement dans la masse. Un peu comme savait le faire Weather Report dans une musique plus électrique.
Un étonnant voyage qui nous emmène, fascinés, loin, très loin au cœur de la musique.
Superbe.

[PP_65]

Si je prends les trois derniers , je les entends comme de la pure Retromania ( ce que Petty a toujours fait, en fait) ; ayant tout cela déjà en tête il est évident que je ne vais pas ouvrir le porte-monnaie .

[olivier-49]

Allez hop, faille dans l’espace-temps dans cette chronique, on passe d’octobre à décembre. Non pas qu’il n’y ait rien à présenter entre les deux dates, mais pour la simple et bonne raison que le disque suivant 1) en vaut la peine et 2) a été « pondu » par des Angevins, comme moi, et donc des gens que je connais un peu et que j’aime bien. J’espère que ce disque s’imposera à vous comme il s’est imposé à moi.

Lo’Jo, Transe de papier, 4 décembre 2020
Lo’Jo a commencé sa carrière aux côtés d’une compagnie mi fanfare – mi théâtre de rue avec laquelle il a parcouru l’Europe. Le groupe a toujours gardé son esprit de troupe, communautaire, nomade, ouverte sur le monde et sur les rencontres, d’où qu’elles viennent. Depuis, Lo’Jo a sillonné la planète, et ses différentes influences – le cirque, le tango, le jazz, le taraf tzigane, le Maghreb,  l’Afrique, etc - se sont ancrées pour devenir constitutives d’une musique que les médias ont classée parmi les « Musiques du Monde », la « World Music ». Mais Lo’Jo n’a jamais fait que du Lo’Jo et ce disque en révèle l’évidence. « Transe de Papier » est, sans conteste, le plus abouti, le plus plein, le plus émouvant. Ce que l’on pouvait ressentir, sur les (16 !) albums précédents, comme une juxtaposition devient Unité. La production de Justin Adams, et le son, à la fois précis et enveloppant, magnifiquement enregistré au studio Real World en Angleterre, y sont sans doute pour quelque chose. Jamais Lo’Jo n’avait atteint une telle cohérence – cohérence au sein de chaque morceau et cohérence d’ensemble. Pas de temps mort (sauf peut-être dans « Bal la poussière »), chaque note est intense.
La poésie de Denis Péan - le chaman, le griot, l’oracle – y est moins à nu, moins rugueuse. Elle s’enveloppe de tous ces sons, de ces ambiances, de ces instruments multiples (de la kora au basson, du mélodica au violon, en passant par l’électronique...), de ces voix, de ces visites – dont celles, précieuses, de Robert Wyatt et Tony Allen. Elle fait davantage partie de la musique - ou l’inverse - s’intégrant aux phrases musicales lumineuses qui éclairent ce disque. C’est aussi ce qui enchante, cette musicalité aboutie, jamais mise en défaut : le somptueux motif de basson dans « Pas Pareil », la magnifique et si nostalgique ligne du violon de Richard Bourreau dans « Permettez Majesté » – belle à pleurer, les chœurs de Nadia et Yamina Nid El Mourid dans « Minuscule », extraordinaires de pureté (on pense aux chœurs de Magma), ou dans « Transe de Papier », cette fois-ci proches des bouleversantes voix bulgares.
Parfois même, ce sont les filles qui tiennent le morceau, laissant Denis derrière ses claviers et c’est toujours du Lo’jo et pas tout à fait le même, un Lo’Jo plus « chanson » pour dire vite. Exemples, le magnifique « Sépale », ou « Jeudi d’Octobre » ponctué par l’incroyable jeu de batterie de Tony Allen, le sorcier de l’afrobeat, que l’on jubile à retrouver sur « La rue passe » qui conclut le disque.
Parfois un clavier seul suffit et Denis nous emmène dans le poignant « Black Bird », porté par le balancement de ces notes de piano qui s’égrènent comme dans un Bach épuré, mâtiné de César Franck. « Peut-être s’est-il trop penché à la fenêtre du mystère / trop bercé au chant de la nuit pleine ».
Denis Péan est un homme vrai, humble et profond – un « intact », comme le dirait Christian Vander dont le groupe, comme Lo’Jo, connait une vie de décennies consacrées à la musique. Denis Péan a consacré sa vie à la musique et à la poésie et, dans ce disque, il nous fait toucher du doigt sa « transe de papier », celle de la création. Mieux qu’aucun des précédents, cet album, somme toute assez nostalgique, exprime la beauté du monde - en même temps que ses fractures. « Tout est si minuscule, qu’un rien nous bouleverse (,,,) Tout est si majestueux ». La beauté de certains moments nous étreint la gorge et le silence qui tombe après la dernière note nous laisse avec le sentiment que, ça y est, Lo’Jo fait partie des grands. Il tient son chef d’œuvre.

[habermas]

Deux petites nouveautés dans ma pêche de cette semaine:

- The Allah-Las, "Lahs", Mexican Summer (Label) (Rock indé/lo-fi): le dernier opus des rockers-surfers californiens les plus connus de la génération actuelle. Toujours aussi détendu, toujours aussi californien, toujours aussi lo-fi (si vous n'écoutez que les disques les plus audiophiles, passez votre chemin   ). Un style qui n'a toujours pas évolué depuis leur premier disque, mais quand c'est du bon, pourquoi changer?  





- Angel Olsen, "Whole new mess", Jagjagwar (Pop/Folk): Après avoir sorti un album en 2019 très décevant pour les fans de ses premières heures, Angel Olsen renoue avec son "son" d'origine. Très belle réussite, avec sa voix unique qui n'est pas la plus belle de sa génération, mais certainement parmi les plus touchantes. Et toujours un texte d'une rare beauté.



Bonnes écoutes!

[pierrebour1]

ah non,pas du tout déçu par son précédent album,même si j'aime bien whole new mess.j'ai toujours eu du mal avec les versions accoustiques,trouvant cela un peu facile,après ce n'est que mon avis

[habermas]

Je trouvais "All Mirrors" moins intéressant personnellement que "My woman" qui était un super album et déjà sur guitare amplifié. Mais les goûts et les couleurs  

[olivier-49]

Je ne connaissais pas cette nouveauté de 2109  , ces Allah-Las, dont j'aime bien le Rico instrumental, mais pour moi dès que ça chante, ça se gâte un peu. Agnes Obel, j'ai un peu de mal avec la voix.

Quant à moi je reviens à octobre 2020, avec une perle déjà saluée, plus haut par slabadabada, un de nos forumeurs attentifs.

Eels, Earth to Dora, 30 octobre 2020
On pense à des boîtes à musique, à des manèges nostalgiques, à des airs des seventies, Mark Oliver Everett est doué pour tourner de jolies ballades pop, à la fois sucrées et tristes, qu’il chante avec un chat dans la gorge. On perçoit cependant que, sous cette joliesse, il y a anguille (hihihi*) sous roche, une faille quelque part. On sent que le gars ne va pas toujours très fort. Mais ce disque flotte entre deux eaux (comme une anguille ? Hihihi*), il oscille entre passé et futur, entre doutes et craintes de la souffrance, d’un côté, et espoir d’un rayon possible, de l’autre : « Looking back, I don't know how / But I can see clear up ahead / Smiling skies with a chance of "yes" / Maybe it's time to get out of bed ». Certes la tristesse lui colle encore aux basques mais il entrevoit une lueur. Et ce qui rend ce disque si attachant, c’est que, quel que soit le côté du balancier, il nous régale du début à la fin par la qualité mélodique et harmonique de chacun des morceaux, dont aucun n'est pareil, et le raffinement des arrangements. On voyage à travers des paysages qui, somme toute, peuvent apparaître paisibles si on n’y regarde pas de trop près. Bien sûr, on peut jouer au jeu des réminiscences : les Beatles, par exemple (le refrain de Baby, Let’s make It Real), ou les Tindersticks (la voix grave sur la nudité fragile des arpèges de guitare électrique dans OK), et cela fait déjà de Eels un groupe assez unique. On le savait déjà. Un disque qui se détache du lot, bien au-dessus du lot.
*Pour les non-bilingues, anguille se dit eel en Anglais. Hihihi.

[habermas]

Agnes Obel, j'ai un peu de mal avec la voix.

Oh le coquin, il a osé confondre Angel Olsen avec Agnes Obel...  

[olivier-49]

Oups !   Pas exprès. L'âge, que veux-tu...

[olivier-49]

A la demande générale, à la suite de pressions multiples au nombre de deux auxquelles s’ajoutent les suppliques véhémentes de trois de mes admirateurs c’est à dire la totalité d’entre eux, je consens à reprendre la plume pour vous faire part en toute humilité des découvertes musicales qu’il m’arrive de faire au gré de l’actualité. Mais, plutôt que de courir après le temps en reprenant là où je m’étais arrêté, à savoir en octobre dernier, pour tenter de rattraper progressivement l’actualité, je vais faire l’inverse, c’est à dire vous parler des dernières sorties et recoller ainsi à l’actualité, sans négliger la petite dizaine de coups de cœur que j’ai pu avoir entre novembre et février dont je parlerai au fur et à mesure, selon mon énergie et l’enthousiasme de la foule.

Commençons donc par mon dernier coup de cœur.

Celeste, Not Your Muse, 29 janvier 2021
Rareté à ne pas rater, voici un de ces talents naturels, évidents, que l’on n’entend qu’une fois tous les 20 ans. Celeste, en plus ! C’est le nom que ses parents - père jamaïcain, mère britannique - lui ont donné. La texture, les inflexions de la voix, nul doute les origines « black » crèvent les HP, ou les caressent dans le sens du poil de bextrène, c’est selon. Mais comment font-ils ? D’où vient la profondeur sensuelle et mélancolique de ces voix chantées dans lesquelles on entend l’âme (soul) vibrer ? Billie Holiday, Ray Charles, Nina Simone, Marvin Gaye, et tant d’autres, on les entend et immédiatement on sait, ils sont noirs. Certains blancs, comme Nino Ferrer, voulaient être noirs pour cette capacité unique, certains autres, très rares, peuvent y être associés. Celeste est donc métisse, et sa voix est à tomber ou à pleurer, ou les deux en même temps. Elle a la puissance, la sensibilité, les nuances, elle a tout. On pense assez vite à Amy Winehouse, une de ces blanches à voix de noire, ou même encore à l’immense Etta James (« Beloved ») ou parfois, dans les accents tendres, à notre Camélia Jordana nationale berbère à nous qu’on a. Écoutez « Love is Back », impossible de ne pas évoquer la très regrettée chanteuse de « Back to Black ».
Bon, c’est bien beau d’avoir un organe de ce calibre, ça suffirait à la faire remarquer, mais quand, en plus, elle écrit ses propres chansons, que celles-ci sont imparablement bien foutues, qu’elles voyagent à travers une diversité de registres telle qu’on peut aussi bien l’imaginer en choriste chez les Stones (« Stop This Flame ») que chanteuse de jazz en longue robe de satin (« Beloved »), qu’elle a l’audace d’en faire un double CD pour son premier album et que, à chaque fois, on est pris par cette soul qui fait tellement de bien à l’âme, il y a de quoi être scotché par la maturité, la sensibilité et le talent de cette fille de 26 ans. Déjà le Royaume Uni est à ses pieds : Brit Award et BBC Music Award remportés la même année, espoir numéro un pour 2020 dans le sondage annuel de la BBC auprès de critiques de musique de "Sound of", et, à peine sorti, l’album Not Your Muse est numéro 1 chez nos camarades brexités d’outre-Manche. Une pépite tellement évidente qu’on sait déjà qu’on la retrouvera - et peut-être très haut, la Céleste.

[gix90]

Celeste coup de cœur 2019...ou 2018 je ne sais plus...

[mascarille2]

Piano – Antoine Hervé
Double Bass – François Moutin
Drums – Louis Moutin

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