Abécédaire "fourre tout" du jazz
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Abécédaire "fourre tout" du jazz
#1 par lcartau » 17 Fév 2022 à 12:33
merci de ne pas poster de réponse avant que les réservations soient bloquées jusqu'à Z
On va parler ici de tous ces disques oubliés ou du moins en dessous du sempiternel Top100 des meilleurs disques de tous les temps

Mais pas que. Essayer de faire des discographies assez complètes de ces auteurs moins connus que Miles, Bird, ou Coltrane. Parler des disques et de leurs qualités de pressage etc...
Anita O'Day
Anita O'Day – Anita O'Day Sings The Winners
https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... 5cEu7KGiUA
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Anita O'Day – Anita Sings The Most
https://youtu.be/N8CBGqiNPDA
https://youtu.be/-WxWAVn52qU
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Ann Burton
Ann Burton de son vraie nom Johanna Rafalowicz, née en 1933 du mariage d'une immigrée polonaise juive et d'un diamantaire hollandais aux Pays Bas. Totalement autodidacte, elle n'a jamais pris un cour de chant. Elle écoute les plus grandes chanteuses de son époque et enregistre deux premiers albums (ci dessous) en 1967 et 1969 après quelques essais dont une tournée en Espagne et au Portugal avec le saxophoniste hollandais Piet Noordijk. Ses deux albums rencontrent un joli succés national et un peu au Royaume Uni. Au Japon, son disque est la meilleure vente de Jazz Vocal de l'année 1971 devant Ella... Elle part en tournée en 1973 au Japon. Elle enregistra d'autres albums fabuleux et décédera en 1989 d'un cancer de la gorge. Encore une chanteuse trop méconnue.
Ann Burton With The Louis Van Dyke Trio – Blue Burton
attention trés grand disque. Prise de son avec une voix d'une grande présence et Trio au cordeau. Un enregistrement de 1967
https://youtube.com/playlist?list=PLrXS ... 9BiNQRC018
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Ann Burton With The Louis Van Dyke Trio – Ballads & Burton
Comme le disque précédent. Disque rare et somptueux. Peut être même meilleur tant la présence de la voix est evoutante. Un enregistrement de 1969 superbe.
https://youtube.com/playlist?list=PLrXS ... uaVW6Flspm
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Art Blakey
Art Blakey's Big Band – Big Band
Enregistrement de 1957. Un disque important pour l'histoire: Blakey ne joue quasiment jamais au sein d'un orchestre important (16 musiciens) sauf là. Et ça change tout. La diversité et la puissance de son jeu s'impose. Un détail amusant: en pleine Coltrane Mania, au début des années 2000, les américains rééditent l'album en rajoutant quelques alternative tracks de Coltrane (des essais en fait) chez Bethlehem et réintitulent l'album Coltrane's Big Band ! Coltrane n'était bien qu'un des sidemen, payé comme tel sur cet album.
https://youtube.com/playlist?list=PLKjj ... Fv_gCDlxi6
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Art Pepper
Art Pepper – I'll Remember April
Il n'existe qu'un pressage japonais de ces superbes concerts (memorial collection) en LP et une édition danoise tout aussi rare en CD .
Celui ci date du 14 février 1975 à Los Angeles. Il y a 4 autres disques (j'ai vendu ici il y a quelques années un exemplaire du vol.4). Des concerts mémorables.
l'extrait est loin derrière la qualité du disque, mais il est tellement rare que je ne trouve pas autre chose sous Youtube.
https://youtu.be/Tjg2xgmpPes
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Re: Abécédaire du jazz
#2 par lcartau » 17 Fév 2022 à 12:49
The Barry Harris Trio – Magnificent!
Impossible de trouver un extrait quelconque de cette merveille... Barry Harris est le roi du Piano Bop. Quelques mots sur Wikipedia de ce disque enregistré en Novembre 1969 Ici.
Un très grand pressage Prestige japonais (je pense le premier)
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Bernard Peiffer
Un pianiste français qui a joué avec Django s'exile aux Etats Unis. Il en reste une grosse demie douzaine de disques que j'aime beaucoup...
Bernard Peiffer – Bernie's Tunes ]
Je ne vais pas faire de la publicité mensongère, demandez à JB14 ce qu'il peut penser de ce disque (je ne lui en ai pas parlé mais j'ai cru comprendre

il s'agit de la seule réédition de ce disque. Un parfait exemple de ce qu'ont fait les japonais au début des années 90: rééditer des disques rares à partir des masters originaux. C'est somptueusement fait et ça sonne...
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https://youtu.be/wnfQMmzfawo
prix: 37€
Beverly Kelly
Beverly Kelly – Beverly Kelly Sings With The Pat Moran Trio
Un très très grand disque de jazz vocal
https://youtube.com/playlist?list=PL0q2 ... Fuv-SGFfWk
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Beverly Kelly – Bev Kelly In Person
Recorded "live" at the Coffe Gallery.
https://youtu.be/NUJhkDwOonU
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Billie Holiday
Billie Holiday – Sixteen Of Her Greatest Interpretations pressage japonais London Records – SLC 441 (M) (1972) M/M
Historic Recordings Taken From Original Commodore Masters
disque et pochette comme neufs.
Il s'agit du premier pressage de 1972 de ce disque qui marque la résurrection de ces enregistrements jusque là très mal repiqués des 78 tours. Ce sont les plus célèbres prises de son des années 40 de chez Commodore. Le disque n'est pas bruité le master l'est

https://youtu.be/Tl3Tv5mhFyE
https://youtube.com/playlist?list=PLArp ... YyVmOXJoS1
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Bobby Brookmeyer
Bobby Brookmeyer – Brookmeyer
Encore le fabuleux travail de BMG Victor sur les masters analogiques d'époque. Il n'y avait pas de réédition de ce fabuleux disque depuis 1957, et le travail est prodigieux.
Gene Quill au sax Alto, Al Cohn fait de multiples arrangements et joue de la clarinette (ils vont collaborer sur un des albums du Quintet d'Al Cohn), Buddy Jones et Milt Hilton à la basse, Epstein également sur d'autres cuivres, Hank Jones au piano. A noter que c'est Brookmeyer qui joue le magnifique solo de piano sur le superbe Nature Boy ci dessous.
https://youtu.be/9B0Sbhf3kf0
https://youtu.be/nmHKgziP8fg
https://youtu.be/Z-xPB3d4Ftg
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Brookmeyer / Hall / Raney – The Street Swingers pressage japonais avec OBIWorld Pacific Records – PJ-1239 (dec 1991) M/M
Un pressage TOSHIBA EMI de la trempe des fameuses rééditions entreprises avec King Records.
https://youtu.be/f7MPxyOm19E
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Bobby Jaspar
Bobby Jaspar – New Jazz Vol. 1 pressage japonais avec OBI BMG – BVJJ-2947 - M. 33.333 (ms.362) (1997) M/M
Il s'agit d'un pressage très rare.
C'est la seule réédition en LP de ce 25cm particulièrement rare
http://www.popsike.com/BOBBY-JASPAR-NEW ... 42396.html
J'en ai acheté deux par erreur

Il reprend en deux volumes (je n'ai pas le second) les enregistrements du prodigieux saxophoniste belge et mari de Blossom Dearie. Bobby Jaspar est mort à 37 ans, et est de l'avis général le précurseur de ce que sera le son de Stan Getz. C'est tout à fait prodigieux. Il va avoir une carrière fulgurante et sera le saxophoniste de Chet is Back !. Il forme l'avant garde avec son Quintet du jazz européen francophone.
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Booker Little
Booker Little – Booker Little
Un immense classique du jazz. Des pointures à tous les étages et un son !
https://en.wikipedia.org/wiki/Booker_Little_%28album%29
https://youtube.com/playlist?list=PL0q2 ... AjTYgS6zJ7
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Booker Little And Max Roach – Booker Little 4 & Max Roach
https://youtube.com/playlist?list=PLUJ7 ... -nreI-UZvU
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Re: Abécédaire du jazz
#3 par lcartau » 17 Fév 2022 à 13:06
Il y a un moment que je veux organiser un propos autour d'une chanteuse d'une rare élégance. Plusieurs fois ici j'ai mis en vente des disques de chanteuses américaines allant au delà des classiques, bien que somptueuses, Ella Fitzgerald, Billie Holliday, Sarah Vaughan ou même Helen Merrill. J'y reviendrai volontiers, mais je me suis dit que regrouper les doublons d'une chanteuse pourrait offrir un exemple de ce que le chant américain a produit après guerre, et que nous sommes en train d'oublier.
Les chanteuses américaines atteignent au milieu des années 50 la pleine maturité d'un art vocal qui commence avec les comédies musicales des années 20, et sont en fait le prolongement d'un opéra populaire dont Verdi et d'autres promoteurs du 19eme siècle n'auraient pas à rougir.
Pour le milieu des années 50? Et bien la radio pendant la guerre et dans l'immédiate après guerre, et surtout le microsillon, offrent toutes les conditions de la formidable explosion du chant populaire. Les standards sont là. On a des immenses orchestres avec des directeurs fabuleux (Bien sûr Basie, mais aussi Stan Kenton dont je vais reparler).
Partout sur le territoire, émerge des jeunes filles à la voix fabuleuse. Certaines resteront dans l'Histoire (j'en ai cité 4 plus haut) d'autres disparaitront dans l'oubli, et certaines ne seront connus que par les aficionados. Interroger autour de vous qui connait Ella, puis finalement Helen Merrill. C'est particulièrement attristant.
La chanteuse que je vais évoquer maintenant a eu un succès commercial énorme. Un vrai coup de canon avec deux 25 cm sortis la même année (1954) chez Bethlehem. Il s'agit de Chris Connor. Elle a 27 ans en 1954. Elle chante depuis 4 ans dans l'orchestre de Claude Thornill.C'est une clarinettiste à l'oreille sûre. Elle est remarquée par une autre chanteuse dont je vous parlerai prochainement, June Christy qui travaille avec Stan Kenton. Christy cherche une remplaçante. Elle a fermement décider de quitter Kenton pour lancer sa carrière solo. Elle est comme Kenton chez Capitol. Connor, qui sort de l'emprise de Thornill, va signer chez Bethlehem pour ne pas faire la même erreur que Christy. Elle va enregistrer pour commencer ces deux 25cm, réunis dans l'album Chris Connor sings Lullaby of Birland. C'est à mon avis, un des 10 plus beaux albums de Jazz vocal de tous les temps. Son timbre, ses variations et sa capacité à parcourir plusieurs octaves, sont prodigieux.
Chris connor Sings Lullabys Of Birdland
https://www.youtube.com/watch?v=HauOcqSFjnE
https://www.youtube.com/watch?v=kRJa7jbpXj0
https://www.youtube.com/watch?v=z8eP6WG0aDY
https://www.youtube.com/watch?v=nfYle4wtIfk&t=2s
https://www.youtube.com/watch?v=n49Nzpc7Djk
https://www.youtube.com/watch?v=BYy76t4rYD8&t=17s
https://www.youtube.com/watch?v=szTv3m3pC8A&t=24s
Chris Connor – Sings Lullabys Of Birdland
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This is Chris
En 1955, après le succès des deux 25cm, elle enregistre toujours Bethlehem This is Chris. Après Larkins et son trio, on lui offre des musiciens de premier plan: Le jeu de Joe Puma à la guitare, Milt Hinton à la basse, la flute d'Herbie Mann, et deux trombones prodigieux: JJ Johnson et Kai Winding. C'est toujours aussi beau. Un peu moins spontané. Mais les timbres ...
https://www.youtube.com/watch?v=5lKB6go2FMU&t=3s
https://www.youtube.com/watch?v=HLlbbG01Tlw&t=3s
https://www.youtube.com/watch?v=1TMgi56HbbM&t=4s
https://www.youtube.com/watch?v=Fq8ylrixtu0&t=4s
Chris Connor – This Is Chris
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Dès 1956, elle part chez Atlantic et va être la grande chanteuse de Jazz blanche jusqu'au milieu des années 60.
Curieusement ça commence mal. Atlantic, qui veut sans doute attaquer le marché Capitol, lui fait enregistrer un album de romance avec un orchestre qui joue sincèrement trop et trop fort.
He Loves Me, He Loves Me Not n'est pas un album à retenir pour moi. Il sera d'ailleurs peu ou pas réédité.
Et Atlantic se reprend aussitôt et lui fournit des musiciens d'immenses valeurs: Ralph Burns dirige entre autres: John Lewis, Zoot sims, Milt Hinton et Oscar Petitford se relaient à la contrebasse, les batteurs ne sont pas en reste.
Chris Connor Chris Connor Atlantic
https://www.youtube.com/watch?v=_UDc5xymV5c&t=44s
https://www.youtube.com/watch?v=dmrZ2FBRDtc&t=4s
https://www.youtube.com/watch?v=lYVu7I50nB0&t=1s
La même année sort "Chris" qui est un énorme succès. On quitte les ballades du précédent album pour un tour de chant parfois plus en modulation et gai. On retrouve plusieurs musiciens des deux premiers 25cm chez Bethlehem qui vient de sortir le 33cm reprenant les 25 cm.
https://www.youtube.com/watch?v=tKFg9r1v0to
https://www.youtube.com/watch?v=BT3a2LO2KC0
https://www.youtube.com/watch?v=ERH9QsGdLjk
Chris Connor Sings The George Gershwin Almanac Of Song
En 1957 sort le double album " Chris Connor Sings The George Gershwin Almanac Of Song ". Al Cohn, Joe Newman, Eddie Costa... Une merveille. Pareil, un des albums les plus méconnus du Jazz vocal américain. Une merveille. Cet album est aujourd'hui très difficile à trouver. Les deux rééditions en doubles albums japonaises sont très très recherchées. La raison est extrèmement simple, les pressages américains sont aujourd'hui quasiment inaudibles en raison du vinyle utilisé. Il existe également une édition très rare chez Atlantic Japon en un volume qui correspond au premier disque et qui est en revanche sans bruit de surface mais moins bonne que les deux rééditions japonaises suivantes (j'ai les 3 pressages)
https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... FqxfnsoHDI
Chris Connor – Chris Connor Sings The George Gershwin Almanac Of Song
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A Jazz Date With Chris Connor
En 1958, toujours accompagnée d'immenses musiciens (Oscar Petitford, Al Cohn, Lucky Thompson, Sam Most, Eddie Costa, Joe Puma, Kenny Burell, Joe Wilder ) elle enregistre un live au Village Vanguard. La prise de son est magistrale. C'est un tour de chant prodigieux, et un disque de chevet pour Marilyn qui va être marquée par la voix de Chris. Tout le monde connait la passion de Marilyn pour Ella. Mais Ella semble tellement inaccessible, et Ella est elle même intéressée par la qualité de jeu de Chris. La version de Lonely Town est un magnifique exemple de sa capacité a maitrisé tempo et intensité. Son timbre de voix, dépourvue de vibrato fait des merveilles.
Le disque correspond à l'édition de 1958 avec les 12 premiers titres ci dessous. à ma connaissance, les autres titres présents sur cette playlist n'existent pas au disque.
https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... YljmcHbykA
Chris Connor –A Jazz Date With Chris Connor
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Chris Craft
La même année sort Chris Craft, Atlantic continue à investir dans son artiste vocale pour concurrencer notamment Capitol et Emarcy (Mercury)
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On change d'équipe de musiciens de taille de la formation, mais on confie les manettes à George Duvivier, Percy Health, Bobby Jaspar, Al Epstein, Stan Free et Mundell Lowe, excusez du peu!
https://www.youtube.com/watch?v=T9GEuwrRqiE
https://www.youtube.com/watch?v=Qytmmoy7lYk
https://www.youtube.com/watch?v=Wm8uYiJtb0w
https://www.youtube.com/watch?v=vZ19oPeFqew
Chris in Person
En septembre 1959, retour sur scène au Village Vanguard avec cette fois ci, un quartet. Chris Connor alterne petite et plus grande formation. Accompagnée de Kenny Burrell (au jeu inimitable...) , Bill Rubinstein au Piano, Eddie de Haas à la contrebasse et Lex Humphries à la batterie, sa voix se fait plus grave, mais est mise en valeur par la présence moins envahissante des musiciens. Une version de Misty moins lumineuse que la Vulgate enregistrée par Ella. Même si c'est plus darkside, il y a sans doute plus d'automne sur cette version. Le preneur de son se laisse déborder une ou deux fois par la puissance vocale et surtout ses écarts dynamiques, au plus près de la partition.
https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... 2eHuIq3w_M
Chris Connor – Chris In Person
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Witchcraft
L'année 1959 est également marquée par la sortie de l'album studio Witchcraft. Retour à une grande formation, Capitol et ses stars dont the Voice, impose un standard plus entertainment. On est proche du standard émission télé de l'époque, broadway et descente d'escalier et grosse formation de cuivre. La voix est prodigieuse. Le premier titre me déplait franchement, et puis derrière, démonstration de swing vocal! Et surtout quel enregistrement!
https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... 1_kk7IdRLI
Maynard Ferguson And Chris Connor – Two's Company
Accompagnée de Maynard Ferguson et d'une grande formation en 1961, elle enregistre encore des grands disques comme celui ci. Jetez une oreille attentive à The WInd et bien entendu aux autres titres. C'est toujours aussi beau.
https://www.youtube.com/watch?v=emBo7fuATmM
Maynard Ferguson And Chris Connor – Two's Company
Et puis quelques autres disques dont le très remarquable At The Village Gate: Early Show / Late Show , enregistré dans le club avec encore une petite formation de fabuleux musiciens (Ronnie Ball, Richard Davis, Mundell Lowe et Ed Shaughnessy
Count Basie
Count Basie – Basie Plays Hefti
Basie avec un des plus immenses compositeurs de Bebop de l'époque. Hefti est méconnu et pourtant c'est le compositeur du magnifique Girl Talk (jetez une oreille si ce n'est pas fait au disque éponyme d'Oscar Peterson) et de bien d'autres choses. Un disque dans la veine de "Atomic Mr. Basie" comme la plupart des disques Roulette de Basie.
https://youtube.com/playlist?list=PLyHn ... GO-CY8HgNV
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Re: Abécédaire du jazz
#4 par lcartau » 17 Fév 2022 à 14:39
merci de ne pas poster de réponse avant que les réservations soient bloquées jusqu'à Z
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Re: Abécédaire du jazz
#5 par lcartau » 17 Fév 2022 à 15:27
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Re: Abécédaire du jazz
#6 par lcartau » 17 Fév 2022 à 16:17
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Re: Abécédaire du jazz
#7 par lcartau » 17 Fév 2022 à 16:55
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Re: Abécédaire du jazz
#8 par lcartau » 17 Fév 2022 à 18:01
Il faut donc que je m'astreigne, et c'est bien normal, à vous dire qui est Helen Forrest. Sur d'autres chanteuses signées à la fin des années 50 et pendant les années 60 dont on trouve de très belles rééditions chez Decca, Emarcy ou Vik. Ces chanteuses furent souvent des réels talents mais des feux de paille. Là non. On parle encore d'une immense star des années 30, 40 et 50, qui est peu connue en Europe (et c'est bien normal. C'est une star de la Radio pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans un moment où les TSF servent à d'autres choses en Europe). La carrière d'Helen Forrest est associée à la grande histoire du Music Hall et des Big Band américains. Ce fut la chanteuse du Swing! Sa carrière parcoure cette histoire. Elle est née Fogel dans une famille juive en 1917 à Atlantic City mais va naturellement grandir à Brooklyn (si vous voulez savoir ce à quoi a pu ressembler sa jeunesse, il faut impérativement voir Once upon a time in America film testament de Sergio Leone. D'ailleurs il faut impérativement voir ce film si ce n'est pas fait! C'est sans doute un des plus grands films de tous les temps. Noodles, étant le héros Russe par excellence, écrasé par le Destin). Elle chante dès le début des années 30 dans l'orchestre de son frère Ed. Le succès grandissant elle rejoint les grands Big Band de l'époque. Elle démarre en 1938 avec Shaw qui cherche une remplaçante à Billie qui vient de quitter sa formation (C'est amusant d'ailleurs de remarquer que très souvent les rencontres dans l'Histoire du Jazz se font ainsi. Un musicien intègre une formation en remplacement d'un parti ailleurs, fuyant des problèmes de drogue (Chet !) et d'autres vivant des vies multiples (du coup c'est Kerouac qu'il faut lire là !). Elle intègre donc ces grands orchestres et travaillera plus tard avec Goodman et surtout Harry James.

Helen FORREST et Bennie GOODMAN
Encore une des mes terribles parenthèses. Deux petites choses: D'abord les Ashkénazes (juifs d'Europe Centrale et Orientale pour simplifier) sont des musiciens. Je ne vais pas vous faire l'affront de citer les immenses musiciens russes qu'ils ont donné au 19ème et au 20ème siècle. Mais la musique Yiddish c'est un peu le blues de l'Europe Centrale! L'Amérique est capable d'accepter d'écouter dans cette période où la ségrégation reste une réalité, de la musique de Juifs aux noms souvent "américanisés". Ils vont être un socle des années 30 et 40 de la musique Big Band. Il va bien sûr y avoir une hybridation avec les grands orchestres noirs de Duke et plus tard de Basie. Mais il faut imaginer que dans les années 30, les orchestres ne sont culturellement pas encore totalement mixtes mais ça commence! ( et hop on visionne Cotton Club de Coppola !). Donc New York ville d'immigration des juifs de l'Est fuyant les Pogroms, intègrent via Ellis Island, la culture italienne, Yiddish et les enfants d'esclave fuyant les Etats du Sud. C'est dans ce tumulte culturel que nait le Swing! Et Helen Forrest avec sa tessiture et son phrasé impeccable va, en devenant à la fin des années 30 et pendant toute la guerre une grande vedette de radio participer au premier rang à cet essor du Swing.

Promotion début 1945 pour les tickets de rationnement. Et oui, les stars de la Radio, dont Helen FORREST sont "mobilisées"
Une autre "petite chose": c'est quoi un concert de Swing? C'est un concert d'une grande formation orchestrale où globalement on amplifie la voix de la chanteuse (ou plus rarement du chanteur) pour qu'elle reste audible au milieu d'un orchestre jouant plus ou moins fort face à un public qui mange, boit un verre, fume, discute, aime, vit. On est très très loin du rituel, de l'acte de représentation sociale qu'est le concert en loge ou même au parterre dans un Opéra. Le silence, l'attention, ça se gagne par quelques moments de grâce nécessairement arrachés à un public qui vit la Nuit. Le Swing est une musique populaire et de lieux interlopes! On vient boire un verre quand c'est interdit, pendant la prohibition, en écoutant de la Musique faits par les "gens qui ne sont rien". Ils sont juifs, noirs, souvent alcooliques, drogués, enfants de prostituées.
Mais revenons à comment ça sonne. ça sonne fort et les micros progressent un peu. Mais ils sont placés là où ils peuvent, sont difficilement paramétrables, etc... Donc en gros c'est l'ajustement au brouhaha permanent. Imaginez un concert dans un Hall de gare et ajouter des rires, des bruits de verre, de couverts, et un paquet de fumée. ça y est vous y êtes! On est à des kilomètres de la paire de Tannoy avec un verre de Whisky tourbé. Ici le tord boyaux rend aveugle! Ici, les artistes se nourrissent à la seringue, ont des cathédrales musicales dans la tête qui assemblent avec des instruments de fortune (Monk... Mon dieu les plus belles fleurs poussent souvent dans les décharges). Le spectateur, et finalement l'auditeur est au milieu de tout cela.
Et là, il va y avoir finalement un miracle "vectoriel". Je plaisante mais à moitié. La Radio va permettre sur la qualité sonore de faire ce que la télévision va faire plus tard pour le Sport (je sais, c'est tellement négligeable le sport, devenu tellement "mercantile" mais c'est aussi un "moment" populaire), ça devient immersif. Le micro à disposition de la Chanteuse, l'orchestre capté dans un milieu stable sans d'autres interférences sonores, permettent d'entendre au mieux, à la "meilleure place" de concert (un débat pourrait s'ouvrir par ailleurs sur un autre fil) chez soi de la Musique. Alors bien entendu, on sait aujourd'hui qu'une technologie de captation et de restitution ne peut pas rendre "tout" ce que l'on perçoit lors d'un concert, mais là c'est passer de la perception d'un piano à Saint Lazare, à la possibilité de profiter calmement,tout en ne sortant pas "uptown". Bien sûr, on est dans l'avènement du miracle patriarcale américain, Madame prépare le repas dans sa cuisine sur équipée pendant que Monsieur lit le journal en chaussons sur son fauteuil, fumant la pipe en écoutant la chanteuse à la mode. Sandrine Rousseau est déjà en PLS! Disons qu'elle adorerait "l'odeur du Napalm au petit matin" ...
Reste en tout les cas un pan de l'Histoire de la Musique, et donc de la société américaine. Mariée 3 fois, Hélène Forrest sera follement éprise de Harry James, leader de l'orchestre, qu'elle n'épousera jamais. Ce sera, dira-t-elle à la fin de sa vie, son plus grand amour.
Miss Helen Forrest – Voice Of The Name Bands Pressage japonais Capitol Records – TOJJ-5901 (avril 1994) M/M
https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... S1GCjieobg
Herb Geller
Herb Geller – Herb Geller Plays
Le son du sax de Herb Geller avec sa femme Lorraine au piano... Sa femme, merveilleuse pianiste que vous entendez sur ce disque, accompagne les plus grands et surtout les futurs plus grands (notamment Miles à Los Angeles). C'est la période fastueuse chez Emarcy. Ils sont des membres influents du Jazz West Coast. ils vont graver ce superbe album. Puis Son heure de gloire sera d'être sans invité au côté Clifford Brown et de Max Roach dans le fabuleux Best Coast Jazz réunissant les acteurs du Jazz West Coast sous contrat avec Emarcy. On en reparlera quand j'aurais fini le tri des compilations West Coast chez Emarcy et surtout Pacific Jazz. Il est du coup également présent sur le disque de Dinah Washington vendu plus haut coordonné par Brown. Le son est chaud, et l'influence de Bird est permanente. Ils graveront 3 albums chez Emarcy. Il y aura un autre magnifique disque chez Jubilée en 1957.
Et puis Lorraine meurt en 1958 d'une crise d'asthme. Herb est inconsolable. Il part en tournée au Brésil avec l'orchestre de Benny Goodman et joue pendant des semaines de la Bossa Nova à s'exploser les lèvres. Il ne va jamais rentrer vivre aux Etats Unis. Il arrive à Paris où il joue avec Solal, Kenny Drew et bien d'autres. Puis partira vivre à partir de 1960 en Allemagne. Pendant 5 ans il ne produit rien pour lui. Il réapparait en 1962 comme un collaborateur de la prolifique scène jazz de Hambourg. Gulda l'engage. Et il refera quelques projets solos mais il n'est plus le bon gars au bon endroit.
C'est pour moi un de ces musiciens qu'on oublie dans les fameuses playlists qui ne sont que des palmarès d'olympiades. Tout le monde veut le podium mais ne s'intéresse plus à ceux qui ont échappé à la Lumière pour des raisons quelconques. Il va vivre de nombreuses années avec sa seconde épouse à Hambourg, et devenir un pilier du Jazz allemand. Il meurt à 85 ans et sera inhumé en Californie pas trop loin de Lorraine.
https://youtu.be/VGO2sXzpFbc
https://youtu.be/2joWrHSsNUY
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Re: Abécédaire du jazz
#9 par lcartau » 17 Fév 2022 à 19:47
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#10 par lcartau » 17 Fév 2022 à 20:06
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#11 par lcartau » 18 Fév 2022 à 10:59
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#12 par lcartau » 18 Fév 2022 à 11:39
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#13 par lcartau » 18 Fév 2022 à 12:20
Difficile de passer sous silence ici, et pour l'occasion je vais essayer de proposer la plupart des disques que j'ai en doublon. Disons plutôt en triple, quadruple ou plus tant j'ai quand même envie d'avoir des doublons pour mes vieux jours. L'ensemble de ces disques seront bientôt totalement hors de prix. Le MJQ est un classique de l'audiophile. Je m'en amuse un peu, mais certains s'en moquent ouvertement: le MJQ serait un jazz populaire et facile. Mais pourquoi le contester? Ne pas être élitiste ne constitue pas, a priori en tout cas en ce qui me concerne, un défaut rédhibitoire. Disons que le MJQ présente plusieurs traits constants tout au long des 40 années de carrière si l'on va jusqu'au bout:
- un niveau d'interprètes très élevé. Là je ne plaisante pas. Dire que c'est du Jazz facile pourquoi pas, mais la plupart des instrumentalistes prétentieux devraient y réfléchir calmement. C'est techniquement et musicalement très abouti. Quiconque a vu les dessins préparatoires de Guernica dans la partie du Prado dédié, savent ce dont Pablo Picasso était capable en terme de dessin académique. Les membres du MJQ sont tous d'excellents instrumentistes.
- Des enregistrements aboutis. Si vous voulez tester un jour la musicalité, disons le naturel de votre système, il ne faut pas faire l'impasse. Avec un pressage de qualité de "Django" et même les différents concerts sont très intéressants. C'est même troublant pour des enregistrements Prestige qui sont Mono.
Mais nous allons le voir maintenant, le MJQ ça n'est pas forcément du Easy Listening
à l'origine du MJQ il y a deux musiciens: Le pianiste John Lewis et le batteur Kenny Clarke se rencontrent pendant la seconde guerre Mondiale à Paris. Kenny Clark a déjà 30 ans. Il a cherché par tous les moyens à échapper à ses obligations militaires. Il vit depuis presque 10 ans en tant que musicien professionnel. C'est un ami dès 1938 de Dizzy Gillespie. Il a longtemps joué avec Roy Eldridge et même Count Basie. Ne pas oublier qu'avant guerre, le format directeur du Jazz ce sont ces grands Big Band. Clarke vit à 300 à l'heure. Il a juste le temps d'épouser Carmen Mc Rae avant d'être rattrapé au sens propre par "la Patrouille". C'est dans ce contexte qu'il rencontre à Paris un jeune pianiste surdoué de 24 ans: John Lewis. Lewis est élevé par sa grand mère dans un milieu social plus "conservateur". Lewis apprend d'abord le piano classique avec Bach (et ça aura son importance dans la vie du MJQ) et Chopin. Il a un contact de "loisirs" avec le Jazz que sa tante danse et écoute.
Les deux hommes jouent donc ensemble et de suite Clarke, qui sera plus tard un grand enseignant de la Batterie (et influencera le Jazz Français et son jeu de batterie pour la deuxième moitié du 20ème siècle en formant les grands batteurs français) sent que Lewis est un excellent musicien.
De retour à New York en 1946, c'est assez naturellement que Clarke présente Lewis à Gillespie qui cherche à remplacer Monk dans son orchestre. Lewis est embauché pour remplacer Monk, Clarke remplace Max Roach. Ils vont jouer au milieu, excusez du peu, d'une des plus riches section rythmique de l'histoire des Big Band. Ils sont accompagnés de Ray Brown à la basse, et Milt Jackson au vibraphone. Et c'est là que va naitre réellement le Modern Jazz Quartet.
Benny Goodman dans les années 30 demandaient à 3 de ses musiciens de la section rythmique de jouer des entractes pour que la section de cuivre puisse souffler au sens propre quelques minutes. Il faut imaginer ce que c'est de souffler pendant plusieurs dizaines de minutes avec intensité dans un instrument à vent au milieu d'une formation de cuivre sans retour. ça joue fort et longtemps. Il faudra qu'on en reparle à un autre moment, mais les cuivres ce sont les cordes des orchestres noirs de Jazz. C'est primordial. Tout s'organise autour d'eux jusqu'à ce que Count Basie rende un immense service à la direction depuis un piano. Gillespie demande donc à sa section rythmique, le fameux quartet (Lewis, Jackson, Clarke et Brown) de jouer des standards de Jazz pendant 5 minutes deux ou trois fois par concert. Tout le monde se met à aimer ça (y compris les cuivres qui font quelques solos au milieu trouvant l'exercice très musical) le public également. Les 5 minutes deviennent 10 puis un quart d'heure. Le Quartet devient une évolution moderne du Jazz Big Band. Vous voyez où je veux en venir ? Le Milt Jackson Quartet est né !
Quelques évolutions notables en deux temps. Ray Brown quitte la formation pour s'investir dans la carrière musicale de son épouse: Ella Fitzgerald. Il va signer chez Verve en l'accompagnant.
Milt Jackson a rencontré deux frères membres du Howard Mc Ghee Sextet: les frères Health. Percy Health est un excellent Bassiste. Au départ de Brown en 1952, Percy Health le remplace définitivement dans la section rythmique du Big Band et dans le Milt Jackson Quartet.
Jusqu'à la fin du Big Band, Gillespie leur demande quand même de se focaliser sur des reprises de standard. Le Milt Jackson Quartet assure à la fin presque 20 minutes d'entracte. Ce sont des instrumentistes chevronnés. A la dissolution du Big band, ils vont enregistrer plusieurs albums qui sont pour moi les vrais premiers disques du MJQ:
1951
En Aout 1951 sort le 25 cm Dee Gee Presents The Milt Jackson Quartet
Des classique que des classiques. Je n'ai pas encore ce disque
1952
Ils enregistrent en avril 1952 avec Lou Donaldson un album qui sortira en 1955 chez Blue Note avec des rajouts du Quintet de Monk:
https://youtube.com/playlist?list=PLBZm ... xIMZlG2g0F
Le son MJQ est déjà là. Bien sûr le Vibraphone de Jackson... C'est un très bel album
1953
un 25cm qui constitue le premier enregistrement chez Prestige en 1953:
Ce disque sort finalement deux ans avant l'enregistrement précédent. Il est moins connu parce qu'il est franchement en dessous en terme de qualité de pressage du Blue Note. C'est pour autant très très beau. Et surtout, Lewis prend un peu plus la main. Il voudrait que le Quartet soit un peu plus "Moderne" dans ces choix.
1955
En 1955 nous avons droit à ce disque toujours composé de standards
https://youtube.com/playlist?list=PL0q2 ... X-uVdusNyN
Ruddy Van Gelder assure l'enregistrement... La patte de Lewis s'affirme.
En 1955 chez Prestige (et chez Barclay en France sous le titre MJQ volume 2 pour qu'on s'y retrouve un peu !) sort The Modern Jazz Quartet

Encore Ruddy Van Gelder, mais là ça y est, Lewis compose beaucoup de titre du disque. On a basculé vers autre chose qui ne pourra plus s'appeler Milt Jackson Quartet. C'est le début d'une vision plus moderne, ouverte notamment sur le contrepoint de Bach, et une influence Jazz différente. Le Modern Jazz Quartet est vraiment né!
Et là sort un des premiers 30cm Prestige
The Modern Jazz Quartet – Concorde

C'est la première participation dans le groupe de Kay qui vient de remplacer Kenny Clarke. Kenny Clarke est en fait parti depuis janvier 1955. Après les premiers enregistrements, et les enregistrements avec Rollins et Drew, le Quartet donne une série de concert en tant que Quartet au Birdland. Rappelez vous, on est à la fin d'un cycle. Le public est habitué à un Jazz de Big Band, et finalement même avec des petites formations à un jazz joué relativement "fort". L'idée de Lewis, et finalement acceptée par l'ensemble du Quartet, c'est d'imposer un Jazz qui intègre le contrepoint cher à Lewis. Une musique qui va jouer sur des inflexions plus légères, sans doute plus sophistiquées. Et le MJQ fait le pari d'imposer le silence à un public très bavard et bruyant (il faut fréquenter un club newyorkais encore aujourd'hui pour le saisir) et jouant doucement. ça marche, sauf que... Et bien Clarke ne sait pas trop si c'est sa manière et son envie de jouer du Jazz. ça peut paraitre fou, mais même s'il veut bien l'intégrer, est ce que c'est ce qu'il veut faire? Clairement non... Clarke marquera l'Histoire du Jazz sur un point: le rythme est marqué à la Cymbale et non par la caisse claire. La caisse claire et la grosse caisse deviennent des éléments de modulation, de variation et donc de la phrase rythmique. S'il faut jouer un jazz moins fort, cela se fait au détriment de l'expression du batteur dans une telle dimension.
Le départ de Clarke n'est pas anodin. C'est vrai choix, mais aussi une vraie déchirure pour Lewis et même Jackson. le MJQ s'engage dans un nouveau chemin. Ce nouveau Chemin se fera quasiment exclusivement, à quelques exceptions dont je vous parlerai, chez Atlantic. Justement Atlantic possède en ses rangs un solide batteur qui s'est frotté au Jazz avec Lester Young, Miles et Gray, mais aussi au rythm and blues: Connie Kay. Chose amusante: il est envisagé au départ comme un remplaçant de Clarke. Il va finalement faire partie du MJQ jusqu'à la fin. Le groupe est stabilisé. Ses quatre membres vont jouer ensemble pendant presque les 40 années à venir.
1956
En 1956 sort chez Savoy Modern Jazz Quartet (oui je sais c'est d'un pratique pour s'y retrouver) ... qui reprend le Dee Gee Presents The Milt Jackson Quartet et ajoute le contenu de deux 25cm en 78 tours Shellac sortis également chez Hi-Lo Records

cela explique que ce disque sorti en 1956 présente Ray Brown à la Basse pour ceux qui suivent!
toujours en 1956 sort chez Prestige Sonny Rollins With The Modern Jazz Quartet Featuring Art Blakey And Kenny Drew

qui reprend le 45 tours suivant Sonny Rollins With Modern Jazz Quartet de 1954 chez Prestige

et deux 25 cm de 1952 qui n'ont pas grand chose à voir avec le MJQ si ce n'est que Percy Health qui vient de faire l'interim de Ray Brown au sein du Big Band de Gillespie.


C'est bien pour ne pas avoir à trouver le fameux 45 tours!
La vraie sortie de 1956, c'est un album mythique ! Django

https://youtube.com/playlist?list=PL4gU ... HUqYu3YSTX
Et là ça devient amusant... Parce que le mythe n'est en fait qu'une reprise, avec certes une fabrication complète d'un nouveau Master (et quel Master!) de

et de la face A de

Donc l'album mythique, celui qui va fonder le MJQ et sa patte sonore si particulière n'est qu'une reprise d'un matériel sonore déjà existant. Certes le travail de Mastering est prodigieux. Je possède les deux pressages précédents et c'est très en dessous en terme de gravure. J'ai du avoir entre les mains plusieurs dizaines de repress de qualité des années 60 mais surtout 70 et 80. C'est toujours très bon, voir même excellent!
C'est un grand classique. et ce n'est pas pour rien. C'est un des plus fabuleux enregistrements Mono. C'est incroyable de présence.
Le premier Album chez Atlantic du MJQ Fontessa

https://youtube.com/playlist?list=PL0q2 ... CcNnILwdmz
Un album avec un fort parti pris esthétique. John Lewis en dit la chose suivante dans ses notes:
Fontessa is a little suite inspired by the Renaissance Commedia dell’Arte. I had particularly in mind their plays which consisted of a very sketchy plot and in which the details, the lines, etc. were improvised. This suite consists first of a short Prelude to raise the curtain and provide the theme. The first piece after the Prelude has the character of older jazz and improvised parts are by the vibraphone. This piece could perhaps be the character of Harlequin. The second piece has the character of less older jazz and the improvised parts are played by the piano. The character here could perhaps be Pierrot. The third piece is of a still later jazz character and develops the main motif. The improvised parts are by the drums. This character could perhaps be Pantaloon. The opening Prelude closes the suite. Fontessa is the three-note main motif of the suite and is perhaps a substitute for the character of Colombine.
En fait, on retrouve d'ores et déjà ce que Lewis et Jackson veulent faire avec le MJQ: construire autour d'un thème en introduisant un concept musical externe au Jazz. On est loin d'une musique spécifiquement afro américaine. Je dis cela sans porter un jugement positif ou négatif, mais c'est aussi un contrepoint culturel important. Tout est là pour la suite du MJQ. C'est un album fort et marquant. Il sera classé 25eme sur 100 dans le classement historique du Jazz par le British Jazz magazine en 2006.
Chose intéressante pour les audiophiles, il y a deux versions consécutives de cet album. Un master mono et un stéréo. Songez que nous sommes presque 10 ans avant les Beatles ! J'ai les deux et la Stéréo n'est pas une absurdité gadget telle que l'on peut en croiser.
Un point important: je corrige beaucoup de discographie qui font l'erreur d'inverser chronologiquement cet album et le suivant, que certaines placent avant: Fontessa est enregistré en janvier 1956, le suivant lors de l'été 1956 (exactement le 28 aout 1956 et peut être avec quelques sets supplémentaires le lendemain).
Une remarque, fuir le premier pressage (où quelques morceaux sont clairement mal mastérisés) et la réédition Speaker Corner qui est une bouillie infame !
The Modern Jazz Quartet Guest Artist: Jimmy Giuffre – The Modern Jazz Quartet At Music Inn

https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... ghYOEuIt0A
Le titre doit vous sembler bien long... Pour autant, il a son importance. Le Music Inn est un camp d'été dans la campagne du Massachusetts. Il a pour objectif d'organiser des rencontres de musiciens. D'abord destiné à des interprètes classiques, ce camp s'ouvre dès l'été 1955 aux musiciens de Jazz. Les débats sont vraiment forts et importants. Le Jazz se libère totalement d'un point de vue formel. Il s'est développé avant guerre et depuis la fin de la Guerre dans de multiples directions. Les musiciens ont envie de débattre. Lewis qui tient toujours à son intégration d'une voix intégrant le contrepoint et des éléments plus modernes de composition, participe activement à ses débats. Milt Jackson également, et Connie Kay a de multiples contacts de part ses interventions dans beaucoup de formations musicales. Très tôt John Lewis est persuadé que Jimmy Giuffre va être intéressé par les nouvelles compositions du MJQ. Il pense que Giuffre est le musicien le plus en proximité avec le MJQ. La session a lieu en aout 1956. ils échangent en amont (Giuffre est sur la côte Ouest, le MJQ est basé sur la côte Est) et se retrouvent en Aout pour mettre tout cela au point.
1957
On continue dans le simple niveau titre pour suivre !
The Modern Jazz Quartet – The Modern Jazz Quartet

Enregistré en Avril 1957 et clairement mal identifié sur le plan qualitatif. Cet album dispose d'un enregistrement de meilleure qualité que le Fontessa. C'est le disque "verre de Whisky" au même titre que Django. Milt Jackson et Lewis vont déjà très très loin en terme de groove et d'instruments placés. ça joue des standards avec brio, sobriété et un son...
The Modern Jazz Quartet And The Oscar Peterson Trio – At The Opera House

https://youtube.com/playlist?list=OLAK5 ... x9VcHNFyCc
Une incursion chez Verve des deux formations enregistrées le 19 Octobre 1957 au Opera House à Chicago. 3 titres pour le MJQ. Norman Granz est un petit malin et peut produire un disque du MJQ hors Atlantic. à noter que les 5 titres du Oscar Peterson Trio sont excellents également.
1958
The Modern Jazz Quartet at Music Inn Volume 2 - Guest Artist: Sonny Rollins
De retour au Music Inn (voir plus haut) au mois d'Aout 1958, le MJQ va enregistrer 6 titres, dont les deux derniers en Quintet avec Sonny Rollins : un fabuleux Bag's groove de Milt Jackson et une version de Night at Tunisia assez fabuleuse également. Nous sommes toujours dans cette idée d'ateliers: une réflexion sur ce que va être l'articulation des quartet et des quintet qui nous semblent aujourd'hui si familiers.
C'est alors pour la critique, le meilleur album du MJQ.

The Modern Jazz Quartet – “No Sun In Venice”

La même année sort la musique d'un film de Roger Vadim "No sun in Venice" (en Français "sait on jamais"). Le film a disparu de l'Histoire du cinéma. Vadim vient de réaliser "Et Dieu créa la Femme", il a la trouille que ce dernier soit un échec commercial et surtout censuré. Il recrute Françoise Arnoul et Robert Hossein. La musique est composée par Lewis et est interprétée par le MJQ. Il sort en 1958 bien qu'il ait été enregistré en 1957.
1959
The Modern Jazz Quartet – Music From "Odds Against Tomorrow"
Lewis écrit encore pour le cinéma, et le MJQ interprète encore la partition. Odds Against Tomorrow (Le Coup de l'escalier en français, film de 1959 de Robert Wise) va un peu plus marqué l'Histoire du cinéma que le film de Vadim. Avec Harry Bellafonte en premier rôle, il décrit l'histoire de la préparation d'un cambriolage vengeur sous forme de racisme. Pour la petite histoire, c'est le film préféré de JP Melville.
Contrairement à "No sun in Venice", Lewis compose les morceaux en visionnant les rushs du film. (on n'est quand même pas dans la même situation que l'improvisation magistrale face aux rushs d'Ascenseur pour l'échaffaud).

https://youtu.be/C6e3j0F2AK0
https://youtu.be/qvhtTw2mA78
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#14 par lcartau » 18 Fév 2022 à 15:39
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#15 par lcartau » 18 Fév 2022 à 16:14
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#16 par lcartau » 18 Fév 2022 à 16:36
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#17 par lcartau » 18 Fév 2022 à 17:15
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#18 par lcartau » 18 Fév 2022 à 18:01
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#19 par lcartau » 18 Fév 2022 à 18:50
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Re: Abécédaire "fourre tout" du jazz
#20 par lcartau » 18 Fév 2022 à 20:10
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