DanielP60 » Aujourd’hui à 09:16 a écrit:.
1)Il y a une grande différence entre l'auditeur qui disserte autour d'un Steinway à 120 000 € le bestiau et le pratiquant en milieu domestique qui aura du mal à installer un crapaud dans son salon.
2)Il me semble qu'il y a sur LbC d'estimables 1/4 queue Pleyel, Gaveau et autres du début du 20ème qui sont à la fois réputés et beaux pour moins de 5000 €.
1) les crapauds sont des instruments très contestables. Leur seul avantage est d'avoir la mécanique à plat propre aux queues qui facilite la répétition (parfois appelée "double échappement"). Mais comme les mécaniques sont très courtes, elles ne sont pas très agréables. Pire, leurs cordes sont souvent plus courtes que les grands droits et leur table d'harmonie bien plus réduite. Bref, en deçà d'1,80m l'avantage est limité. Après, c'est plutôt le problème de la maîtrise du volume sonore qui apparaît ainsi que des problèmes de place.
2) Hélas les vieux (dans l'ordre) Pleyel, Erard, Gaveau (éviter les 1/4) ne sont pas si inestimables que ça car leur âge leur donne plein de défauts. Le prix du marché reflète les problèmes qui attendent le futur acquéreur. Dans le même ordre d'idée il y a des Maserati et des Rolls pas si chères que ça en occasion.
Pour les vieux pianos, ce sont tous les problèmes liés aux feutres qui partent en poussière. Les marteaux créent des soucis car les feutres d'origine sont souvent morts, le refeutrage hasardeux et les nouveaux marteaux inadaptés car trop gros et lourds. Cela a comme effet de dénaturer le son d'origine et à terme de fatiguer la chaine cinématique pas adaptée.
Bien inspecter l'éventuelles fentes sur la table d'harmonie et pire que tout une ovalisation des trous de sommier rendant la tenue de l'accord impossible (fissures de sommier rédhibitoires aussi).
Si des cordes doivent être remplacées, ça peut être la galère aussi, moins pour l'approvisionnement (bien mesurer le diamètre quand même) que pour la tenue de l'accord.
Et puis, et puis.... et puis en fait tout peut poser problème.
Il n'en demeure pas moins que ces instruments peuvent avoir un très grand charme, beaucoup de lisibilité grâce à des cordes non croisées, et un volume sonore adapté à l'environnement domestique, mais il faut bien avoir en tête que :
-Si on se lance dans une rénovation perso, c'est un chantier à très long terme. Le nombre de touches fait que ce sont des opérations très répétitives. Par exemple, je remplace les gances (la "ficelle" qui tient le ressort d'un piano droit) d'un de mes pianos et j'en suis à 14/88. Compter 3 à 7 min par gance mécanique démontée : donc piano injouable et mécanique à stocker en évitant la casse. Si pris isolément les réglages mécaniques sont accessibles (connaissances et pratique néanmoins indispensables), leurs imbrications créent de la complexité (un réglage joue sur les autres) : connaître la méthode, les cotes, avoir les outils, etc... Le problème c'est que si tous les points sont déréglés et qu'on est à l'aveugle sur certaines cotes spécifiques, on peut partir dans un très mauvais délire. Ca peut être pire que l'état d'origine et en ayant perdu tous les repères (car au début au moins, on sait que les jeux "s'ouvrent" avec le temps).
-Si on achète un piano rénové, il faut s'assurer de la réputation de l'artisan pour ne pas se retrouver avec un Frankenstein type Erard- Reiner - no name.
Si on joue peu, pas de problème, mais pour une pratique fréquente et qui envoie, la question de la fiabilité se pose... un peu comme pour une voiture ancienne utilisée comme taxi.