Vous écoutez quoi en classique, là?

[dino]

Je doutes que beaucoup de gens aient envie d'écouter la sonate facile qu'ils ont joué en 3ème année de piano.

Après nous n'avons pas du tout les mêmes gouts car je trouves ça relativement insupportable. C'est du Mozart romantique avec rubato à la Chopin. Son jeu n'a aucun rythme et sa fantaisie est pour moi trop lente. Mozart n'a pas écrit un nocturne.

Quelques exemples qui me parlent plus :

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Monsieur à très bon goût En tout cas pour ce que tu proposes à écouter, je n'ai pas écouté Alice Ader

Pogorelich, joue en moyenne une fois par an à Paris (hors covid )   On pourra discuter indéfiniment de ses choix d'interpétations particulièrement ses tempi très lents, mais ses concerts sont assez incroyables, extrêmement captivants.

Permets moi cependant une petite correction:

Je doutes J'espères que beaucoup de gens aient envie d'écouter la sonate facile qu'ils ont joué massacré en 3ème année de piano.

[haskil]

Oui pour un particulier c’est cher, car c’est une somme importante. Un tracteur puissant est cher aussi pour un particulier...Mais il peut ne pas l’être si l’on considère que c’est un outil de travail.
Ensuite, en tenant compte que c’est européen, artisanal de haut vol, que ça représente des centaines d’heures de travail de la part de beaucoup de compagnons, fait de plusieurs centaines d’essences de bois coupés et stockés depuis des décennies.... je sais que les marges commerciales ne sont pas énormes

Mais il faut comparer ce qui est comparable: un piano moderne a un prix qui est relié au coût de revient de sa fabrication alors qu’un violon ancien est spéculatif, du reste aujourd’hui la plupart de ces instruments appartiennent à des fondations, ils sont donc prêtés à des artistes alors que y’a pas si longtemps, il y a 20 ou 30 ans, personnellement j’enregistrais des artistes qui avait un Stradivarius ou Del Jesù sans qu’ils soient forcément des milliardaires.

Il existe une Lutherie contemporaine d’excellente qualité avec des prix, sinon abordable, du moins en relation avec le coût de fabrication.
Également pour les archets qui peuvent coûter des fortunes

Et Perlman qui me dit : si je joue un violon français, un Pic, un Lupot, à la place de mon violon... personne ne s'en apercevra dans la salle...

Et Heifetz à qui une dame dit à l'issue d'un concert : "Votre violon a un son merveilleux... " Heifetz atrappe son violon dans la boite et le secoue... "je n'entends rien..." et ajoute : le son de mon violon c'est le mien...


POur les pianos, au-delà de la qualité intrinsèque du piano, de son corps sonore et de sa mécanique, en imaginant qu'il soit bien harmonisé et réglé, il ne faut pas oublier le pianiste...  J'ai été juré de concours assez souvent pour avoir constaté que le même piano joué par plusieurs pianistes à la suite changeait du tout au tout...

D'ailleurs en public avec les grands pianistes, c'est la même chose : Nelson Freire fera bondir la qualité perçue d'un même piano joué quelques jour avant par un pianiste au son peu intéressant, voire pauvre : Aimard par exemple dont les qualités sont ailleurs...

-- 13 Nov 2020, 18:20 --

Oh! Toutes les banquettes en bois aussi sont bruyantes....sans parler des pédales et de la lyre..  et même de la translation du clavier pour la pédale « una corda »

Heureusement des banquettes en métal et avec piston (pour le réglage) existent, et c’est tant mieux!

Les mauvaises langues disaient que c'était ce que Bösendorfer savait faire de mieux pour le concert   alors que l'ancienne banquette Steinway grinçait de toute part...

[haskil]

Ce soir, j'écoute un disque assez rare de ma pianiste préférée, un disques de pièces pour Piano de Mozart par Alice Ader. Etant ma pianiste préférée et le disque n'étant jamais sorti en format CD pour je ne sais quelle raison, malgré un 5 diapasons et une critique très élogieuse à l'époque:

[ Image ]



Je l'avais contactée par mail à l'époque si elle n'avait pas un exemplaire de promo à me vendre. Elle fut vraiment très gracieuse dans sa correspondance et j'ai pu obtenir ce CD comme ça à l'époque.

Ce disque Mozart a un "je ne sais quoi" qui vous donne le sourire durant tout le disque. C'est une machine à souvenirs, je n'ai aucun autre disque qui me fait cet effet. On s'y plonge, on remonte le temps, les souvenirs remontent en surface, on est transporté. Je pourrais écrire des tonnes sur le toucher, le phrasé, etc. mais c'est faire déshonneur à ce grand disque de le disséquer ainsi.

Hautement recommandé, c'est vraiment dommage que ce disque ne soit jamais sorti dans le commerce, mais à priori c'est disponible en écoute sur toutes les plateformes de streaming. Voici un petit extrait de la sonate n°16 que je trouve particulièrement réussie et de la fantaisie en ré mineur:

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Amitiés,

Joon

Je ne vais pas me déjuger : c'est vraiment splendide. Et la Sonate "facile" fait peur à tous les pianistes qui la jouent : tant de nudité... et Ader qui s'amuse avec candeur et une variété d'articulations remarquables... Son jeu n'a rien de romantique au sens où en entend généralement ce terme - faire du sentiment -, et comme l'entends Jean Pascal visibement vu ses commentaires, son jeu ne joue pas non plus sur la profondeur de timbre du grand piano : elle sait le faire sonner comme s'il était plus petit. C'est remarquable !

Il y en a d'autres qui le sont. Mais elle l'est. Bien plus que Pogorelich qui donnent dans le son sculptural parfaitement mis au point mais un brin impavide, comme grisé par sa seule sonorité. Impressionnant, mais pas très très mozartien, en fait.

Ader est une pianiste assez formidable : elle n'as pas des moyens pharamineux, mais son intelligence musicale, sa sensibilité lui font faire des choses parfois soufflantes : je ne l'imaginais pas réussir les Tableaux d'une exposition, mais pourtant son disque est très très intéressant. Pas Benno Moiseiswitsh, mais Alice Ader et personne d'autre ce qui n'est pas rien dans une oeuvre pas si bien servie que cela au disque.

-- 13 Nov 2020, 18:44 --

Bonjour,

Il y a quelques années " Diapason " avait illustré sur son disque des meilleurs extraits un coffret Magda Tagliaferro par la sublime page de Granados " La jeune fille et le rossignol ". Le coffret était assez onéreux et je m'étais contenté d'écouter cette plage en boucle, peut-être la plus belle version jamais gravée ( même par delà Alicia de Larrocha que je vénère , et J.Philippe Collard dont j'ai acheté le dernier très bel album ). La parution de ce double CD m'avait échappé et je rattrape le temps perdu. Si vous ne connaissez pas bien cette pianiste, je vous invite à en faire autant. Je suis de nouveau scotché à " Quejas o la maja y el ruisenor ." Mais tout le reste est prodigieux, avec une densité de son extraordinaire dans le premier CD. Vous y trouverez également des pièces de Villa-Lobos, d'une virtuosité folle exécutées de façon fulgurante. Rien moins que renversant.

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Celui où elle joue en ouverture le Manuel de Falla arrangé pour piano par Samazeuil ? Une des grandes prises de son stéréos faite par André Charlin pour Decretet-Thomson... Impressionnant, oui... Et elle à son zenit

[dino]

Je change de fil et je lis que tu as également la chance de dialoguer avec Perlman Je suis décidément bien envieux  

Pique et Lupot sont des très bons luthiers, les meilleurs français avec Vuillaume et valent très cher (certes pas autant que les grands italiens). Bien sûr Perlman à raison à 99.9%, certains, violonistes, grands connaisseurs de Perlman l'entendront certainement tout de suite. Ce qui est intéressant c'est que si Perlman joue avec un Pique ou un Lupot pendant longtemps, beaucoup plus de gens l'entendront car il y aura indubitablement une légère évolution dans son jeu dû à l'adaptation au violon, ses qualités et ses défauts... C'est bien pour ça qu'on choisit son instrument, éventuellement qu'on se ruine pour, tout est question de compromis, de choix entre qualité de timbre, puissance, facilité de jeu, souplesse de l'instrument, variété des palettes sonores....et on est tous différents...

Mais c'est certain que perlman sur un violon d'étude c'est toujours Perlman

[haskil]

Perlman ajoutait : même mon luthier ne s'en apercevra pas la plupart du temps... et il ajoutait qu'il y a un concerto ou peut-être on pourrait le percevoir dans une très grande salle : le Concerto de Brahms qui exige un très grande puissance que l'on a avec grands les Del Gesu et certains stradivarius... Le même Perlman qui ne croyait pas à l'école russe de violon : son maître Ivan Galamian, comme son autre maître Doroty Delay, enseignaient avec la méthode d'archet de Capet qui a changé le cours des choses quand le Français l'a publiée : Auer, le maître d'Heifetz et père du violon russe, l'a tout de suite adoptée...

Certains très grands violonistes jouent même sur des violons neufs... il y a un luthier espagnol, aussi un luthier français (installé vers Le Mans si j'ai bonne mémoire) qui sont connus pour faire des violons aussi bons que les meilleurs Del Gesù, les meilleurs Stradivarius, les meilleurs Steiner, Lupot, Pic...

Les violon de Vuillaume sont évidement remarquables, mais ce luthier français qui d'ailleurs était aussi inventif en terme de formes qu'il était aussi un copieur revendiqué de grands violons anciens, dont des Stradivarius, était surtout surtout réputé pour ses violoncelles... De mémoire d'ailleurs, Casals a fait la première partie de sa carrière avec un Vuillaume qui était donc pas bien vieux quand il l'a acheté, avant de passer à Goffriler.  

restent les archets et là Tourte domine toujours la question, quoi que certains archetiers rivalisent avec lui de nos jours et là c'est plus compliqué car un violoniste qui a trouvé SON archet en changera moins facilement que de violon...

[EMT]

N’empêche que si tu enlèves son violon au violoniste, il ne peut pas faire grand chose non plus.

[Jubilator]

même plus pisser…  

[haskil]

N’empêche que si tu enlèves son violon au violoniste, il ne peut pas faire grand chose non plus.

Evidement !   Et un archet !

[opera]

Puisqu'il est question de violon, je vous suggère l'écoute de ce concerto de William Schuman

Bon dimanche

[sax.tenor]

..................

POur les pianos, au-delà de la qualité intrinsèque du piano, de son corps sonore et de sa mécanique, en imaginant qu'il soit bien harmonisé et réglé, il ne faut pas oublier le pianiste...  J'ai été juré de concours assez souvent pour avoir constaté que le même piano joué par plusieurs pianistes à la suite changeait du tout au tout...

D'ailleurs en public avec les grands pianistes, c'est la même chose : Nelson Freire fera bondir la qualité perçue d'un même piano joué quelques jour avant par un pianiste au son peu intéressant, voire pauvre : Aimard par exemple dont les qualités sont ailleurs...

J'ai aussi constaté en tant qu'auditeur de concours piano que le pianiste influe sur le son perçu. L'attaque, le jeu contrôlé des pédales etc
Edit: pour le son du piano (sans parler de musique, d'interprétation), il me semble que les attaques, la dynamique de ppp à fff ne sont pas restitués avec la même ampleur par tous les pianistes. Les fp subito non plus

Et que dire de mon prof. (soliste à la garde républicaine !) a qui je présentais mon horrible 1er sax acheté d'occase sans connaissance : "il sonne faux" dit-il. Il mettait son embouchure et jouait merveilleusement en rattrapant les problèmes intrinsèques. Quand je remettais mon embouchure cela redevenait une casserole.   Je crois qu'on avait le même type de bec "classique" obligatoire dans ses cours. Ce serait l'anche alors ?  

[peyrerouge]

[sax.tenor]

C'est insupportable, j'ai arrêté le visionnage de la deuxième vidéo. Je suis malade pour eux !

Perso, j'ai vécu ce moment quand le chef me fait signe (mon petit solo au sax) et que rien ne sort (gorge serrée incontrôlable). Tout s'était bien passé à la répétition    solitude solitude  

[Le Kronenbourgeois]

Je ne sais plus qui en parlait sur un autre fil, mais j'ai ressorti ça:

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[Le Kronenbourgeois]

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[Pseudo]

.................

[joperrot]

Une autre époque...

[Pseudo]

Certes...

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A propos d'une autre époque, réécouté ce soir les inventions à deux et trois voix de JSB par Ralph Kirkpatrick. Enregistré en mono dans les années 50 (mon exemplaire), il réussit sur son improbable et merveilleux clavicorde un miracle dans ces "petites" pièces. Bien avant la "révolution baroque" de la fin des années 60, il avait compris comment faire chanter cet instrument que, selon Forkel, Bach lui-même tenait en haute estime pour exprimer les "sentiments délicats". Ecoutez comment, dans les inventions à deux voix, le clavicorde permet de distinguer la voix aiguë, la corde à peine effleurée et pourtant si précise, et le grave, dans un son luthé délicatement vibré.

[Le Kronenbourgeois]

Kogan, oui. Mais Karl Richter...?

Oui, à vrai dire je ne suis pas fan de cette version, notamment de l'enregistrement.
Je préfère de loin celle de Szeryng / Walcha

[olivier-49]

Certes...

[ Image ]

A propos d'une autre époque, réécouté ce soir les inventions à deux et trois voix de JSB par Ralph Kirkpatrick. Enregistré en mono dans les années 50, il réussit sur son improbable et merveilleux clavicorde un miracle dans ces "petites" pièces. Bien avant la "révolution baroque" de la fin des années 60, il avait compris comment faire chanter cet instrument que, selon Forkel, Bach lui-même tenait en haute estime pour exprimer les "sentiments délicats". Ecoutez comment, dans les inventions à deux voix, cet instrument permet de distinguer la voix aiguë, la corde à peine effleurée et pourtant si précise, et le grave, dans un son luthé délicatement vibré.

Émouvant. Je n'avais jamais entendu. Dans ce même répertoire, j'avais adoré le disque de Bob Asperen, qu'il avait intitulé "Lessons with Bach". Retenu et poétique.

[Pseudo]

Émouvant.  Dans ce même répertoire, j'avais adoré le disque de Bob Asperen, qu'il avait intitulé "Lessons with Bach".

N'est-ce pas?  je ne connais pas cet album de van Asperen, qui n'est pas disponible sur Qobuz.