JB14 » 03 Avr 2025, 21:33 a écrit:Alors, alors, que dire du système de Gilles ?
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Juste deux mots pour justifier mes choix :
- le concert à Central Park, parce que c'est unique dans l'histoire, 500 000 spectateurs, un son de folie, Simon and Garfunkel à leur sommet avant leur séparation. Et que tout le monde dans sa vie a entendu The Sounds of Silence.
- Le concert d'Yves Montand, parce que la voix d'Yves Montand dans les Feuilles mortes, avec juste le piano derrière, on est dans quelque chose qui potentiellement est au-delà de taquiner les étoiles
- Segue in C, le grand morceau de First Time, parce que les deux plus grands orchestres de Jazz de l'histoire sont réunis dans un immense studio. Celui du Duke à droite, celui du Count à gauche et ils y vont, à fond. Et la prise de son est fabuleuse, ce qui ne gâte rien. Pour voir si tout y est, dynamique comprise, ça le fait un peu.
La suite à venir...
JB
Alors, la suite...
Désolé d'abord pour le temps pris pour essayer de rédiger un CR convenable. Il se trouve que je ne suis pas retraité comme certains ici (paraît-il), que je ne suis pas enseignant (désolé PP...), que j'ai la chance d'avoir quelques enfants, dont une fille qui a six ans, que je ne déteste pas sortir, bref, mes journées sont quand même un peu occupées.
Ensuite un mot pour le choix des disques. J'ai précisé que j'en avais amené une dizaine. Donc si j'en ai laissé dans le sac, c'est tout simplement parce que cela ne me paraissait pas nécessaire.
Je pense en particulier au Live de Michel Jonasz que Jérôme adore et qui peut jouer le rôle de Billie Jean avec le potard à fond à droite qui fait fantasmer notre Ajmars. Disons que quand le Manu Katché sort enfin du bois dans Y a rien qui dure toujours, on est de bonne humeur si le son est vraiment à donf'
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Un jour je reviendrais chez Gilles avec le disque le plus difficile à reproduire de toute ma discothèque (AMHA), que certains ont déjà entendu dans mon chez moi d'avant : Aïda de Verdi, Solti à la baguette, Decca et ses 3 micros en 1962, l'Opéra House de Rome, 120 musiciens, autant de choristes, les trompettes logées dans les baignoires, Leontyne Price, excusez du peu. L'enregistrement est fabuleux, mais il faut tout pour que la musique emporte tout, que tout y soit et que cela emballe Margot :
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Mais je n'étais pas venu pour le fight. Et je sais surtout que Gilles ne raffole pas de l'opéra. Et dans l'après-coup... je dirais ce que j'en pense à la fin de mon petit compte-rendu.
Alors, au début, Gilles a joué avec la télécommande pour voir si j'entendais une différence entre le 300 B et le SMSL. Il faut être honnête, une fois les niveaux ajustés : oui, il y a une différence lorsque tout passe par le switch. Mais elle est ténue. Un grave apparemment très légèrement plus ferme et présent sur le SMSL, un peu plus d'harmoniques sur le 300 B, Ok. On se dit in petto : ben dis donc, pour 400 balles, il est trop bon le SMSL.
Au tout début, il m'a fait écouter ses petites colonnes blanches : j'ai détesté tout de suite. Enfin, comme je suis bien élevé, j'ai dit que pour de la Hfi c'était bien. Mais franchement, on a globalement un joli petit son, mais côté émotion, c'est Waterloo.
On s'est donc très vite concentré sur ses deux grandes "colonnes", si on peut les appeler ainsi, disons ses deux Larges Bandes très particuliers soutenus chacun par 4 HP de 38 cm, sans caisse.
Assez vite aussi, j'ai demandé à Gilles de switcher complètement le switch. Et donc les comparaisons se sont faites avec les 2 amplis en direct derrière le pré. En ajustant assez finement les niveaux.
Alors, dans cette configuration, qu'entend-on ?
Je vais d'abord parle de ce que l'on entend chez Gilles avec les blocs 300 B en direct.
Je ne vais pas y aller par 4 chemins : on entend un système exceptionnel. Où il y a tout, de très belle manière et qui plonge de manière remarquable dans la musique. On a du mal à arrêter, on peut avoir la gorge nouée, l'émotion prend à la gorge.
Mais pourquoi donc ?
Et bien d'abord parce que le rendu du medium (les voix donc, mais aussi tout le haut medium aigu) est absolument hors normes. Il y a une finesse, une délicatesse, un rendu des plus infimes détails qui est hors du commun. Et c'est là que choisir de bons enregistrements est utile.
Montand, dans les Feuilles mortes, on sent à l'écouter qu'il parle de lui. De ses amours :
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunisSa tristesse, la sienne, se ressent presque physiquement. C'est absolument impressionnant : c'est un immense chanteur. Le piano d'accompagnement derrière es parfait, n'en fait pas trop, est juste attentif à cette profonde tristesse, le souvenir de cet amour disparu. On ressent aussi que c'est la fin du concert, la voix de Montand est totalement chaude, lancée. C'est un peu différent au tout début.
Même impression pour le Concert à Central Park de Simon and Garfunkel. Ils commencent par Mrs Robinson, les 500 000 spectateurs ronronnent de plaisir, les musiciens sont à fond. Simon and Garfunkel ont encore la voix un peu retenue. Normal, c'est le premier morceau, et ils peuvent être un peu noués aussi : 500 000 spectateurs qui viennent vous écouter, ça peut impressionner un brin une minute.
Et la dernière chanson du concert, c'est évidemment The Sounds of Silence. Les voix sont parfaitement chauffées, Central Park est déjà en apesanteur c'est une des dernières fois qu'ils vont la chanter, l'histoire s'arrêtent et ils le savent.
L'émotion contenue dans la chanson est telle que dans le public certains le ressentent en pleine poitrine et en crient presque. C'est absolument sublime.
Et, soit dit en passant pour un concert live, le disque est parfaitement enregistré et le vinyle ne perd rien.
Il me souvient d'un ami venu chez moi un jour dont c'est le disque fétiche, CD bien sûr. Il me dit l'avoir passé chez lui au moins 500 fois. Il l'entend pour la première fois en vinyle, il était comme fou : il n'en croyait pas ses oreilles.
Et Segue in C, la bataille au sommet des deux plus grands orchestres de l'histoire ? Disque fétiche de Moska, qui me l'a fait découvrir. 40 musiciens de Jazz chauffés à blanc qui se tirent la bourre mais aussi se respectent et s'écoutent, un immense moment de musique.
Le Duke et le Count se parlent au piano par petites phrases géniales, bref un sommet absolu de l'histoire du jazz. Et, de mon point de vue, un de mes meilleurs enregistrements de Big band que je connaisse, si ne n'est le meilleur. Il y a tout, la dynamique (!), l'espace du très grand studio que l'on entend très bien, l'assise de la contrebasse, les cuivres de très grande classe, bref, le bonheur.
Le rendu chez Gilles m'a fait penser à l'un des meilleurs rendus sur ce disque que j'ai entendu (je ne parle pas de chez moi) est sur une enceinte découverte dans un salon, la PMC Fenestria. Où franchement il y avait tout et la musique par dessus le marché. 55 000 € sur la moquette, mais rien à dire :
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Peut-être un peu moins de grave chez Gilles, et encore, car on n'a pas du tout l'impression qu'il en manque. Le medium de la Fenestria était très bon, mais sans conteste celui de Gilles est supérieur en finesse, en subtilité, en résolution.
Bref, il faut se rendre à l'évidence : Gilles a réussi à installer un système exceptionnel chez lui. Avec le bonheur d'une absence totale de son de boîte, ce qui évidement s'entend. Et me fait penser aux fabuleux système installé par Gérard Mezzadourian chez le Doc, là aussi avec des enceintes bien ouvertes à l'arrière et qui ne manquaient ni de grave ni du reste (une quatre voies dans mon souvenir, 38 cm/ 25 cm/Medium/aigu).
Dans le même temps, je suis d'autant plus surpris que c'est la première fois que j'entends un bon système chez Gilles ! J'ai écouté chez lui des Jubal (infâme), des je ne sais quoi avec du tube devant, de la DL103 (je croyais que c'était depuis longtemps interdit à la vente), enfin, tout sauf de la musique.
Là, on sent qu'il s'est dit : dans ma nouvelle maison que j'ai, j'ai enfin la pièce qui va bien, je m'en occupe et je suis enfin sérieux pour le matos. La platine c'est bien sûr autre chose que sa Thorens 124, la Hana en cellule, c'est quelque chose qui sonne pour de bon avec un aigu, ses 300B sont des bombes évidentes (et surprenantes dans le grave), son pré est forcément excellent. Et ses enceintes sont finalement parfaitement équilibrées, l'absence de caisse étant habilement compensée par la présence de 4 HP de 38 cm.
Alors quelle peut être la suite ? A mon humble avis, si j'étais Gilles, je ne changerai rien ! Je connais la propension des audiophiles - et il ne l'est pas à moitié - à sans arrêt changer pour aller "plus haut". Et du coup à ne jamais vraiment s'installer dans la musique. Le Doc passait son temps à dérègler le système fabuleux que GM avait installé dans son salon, qui était le salon où Clara Haskil jouait au piano quelques décennies plus tôt.
Là, de mon point de vue, je virerais le switch, pour m'amuser je chercherai à aller encore plus haut en cellule (c'est un jeu sans risque et gratifiant), mais basta.
Et alors, la comparaison avec le SMSL ?
La suite au prochain numéro...
JB