J'avoue ne pas avoir osé faire un compte rendu à chaud, hier soir. Je ne connais pas trop ce forum... Allons-y quand même... et même plus loin avec le concert de ce soir en fin de post.
Je partage globalement ce qu'a écrit Jubilator. Avec quelques nuances, évidemment.
Un premier Hautbois absolument, quel mot choisir, je ne sais pas.... Plus qu'une mention spéciale.
Les quelques petits "errements" ne me gênent JAMAIS... Sauf s'ils sont visiblement dûs à un manque de travail. Je suis pianiste et je connais la déstabilisation que cela peut provoquer. Et les couacs, les attaques un peu trop dures, les légers décalages, c'est la vie, réelle, pas les enregistrements où l'on peu s'y reprendre à 50 fois et où le montage permet de faire des raccords au centième de seconde...
j'avoue avoir eu un peu peur à la première "attaque" (c'est le mot

) dans le Kyrie, je pense que l'écho de ce "K" n'a pas finit de faire le tour de la salle
Je n'ai pas trouvé les Tempi "rapides". Je trouve que c'est trop rapide quand je ne peux plus respirer en écoutant, sauf si c'est l'objectif du compositeur... Et la question des Tempi pour la musique des XVII et XVIIIème est un telle question!!!
Plus important que les Tempi, les pulsations étaient parfaites, traversaient les parties, les pupitres, les voix. Un travail de folie pour une restitution incroyable où l'on entend plus le travail, mais où tout semble naturel.
Ce que sans doute Jubilator appelle la "lisibilité"...
Je ne comprend pas trop la "virtuosité pyrotechnique" citée par Jubilator. Les allegro de cette musique sont jubilatoires

, et la virtuosité n'était à mes yeux et oreilles qu'une maitrise de l'Art au service de la Joie dans les Coeurs... Mission accomplie.
L'Agnus Dei venait d'ailleurs. D'où? Chacun décide suivant ses croyances et philosophie.
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Je sors à l'instant du Concerto pour Piano de Schumann et de la seconde Symphonie du même. Radu Lupu au piano. Claudio Abbado à la direction.
J'ai joué ce concerto, j'en ai 20 versions, je l'ai écouté des centaines de fois.
J'ai éclaté en sanglots à la fin du concerto. Un moment de Vérité et de Beauté Absolues.
Je suis passé, "ils et elles" sont tous passés à côté de ce concerto.
Pendant que Radu Lupu jouait, j'ai su au plus profond de moi ce qu'il allait jouer en bis. Je l'ai dit à mon épouse pendant les applaudissements, entre deux sanglots.
Radu Lupu s'est assis au piano pour le bis, et il a joué Rêverie de Schumann comme jamais aussi je ne l'avais entendue.
Le premier mouvement du Concerto n'est qu'une rêverie sur cette rêverie, avec quelques apparitions brèves de Fiorestan, mais c'est bien Eusébius le rêveur qui dirige tout ce mouvement. Et la lecture de Radu Lupu hurle de vérité. J'en suis encore bouleversé. Non ce n'est pas un concerto "brillant", comme tout le monde le joue de Martha Argerich à Daniel Barenboim.
45 ans de travail, des centaines d'heures sur ce ce concerto, et en une fraction de seconde (il m'a suffi des 3 secondes de la descente des accords initiaux du piano pour être frappé par la foudre) comprendre qu'on n'a rien compris (qu'heureusement on n'est pas le seul), et toucher une parcelle de Vérité, c'est un moment rare dans une vie.
Cela ne m'était arrivé qu'une seule fois, il y a presque 30 ans. Michelangeli, le second Scherzo de Chopin, que je jouais à l'époque pour je ne sais plus quel concours, et 5 secondes de la première phrase du Scherzo, et c'est le même drame que le premier accord de l'ouverture de Don Giovanni qui pénètre les coeurs. Je n'ai depuis 30 ans, jamais osé rejouer ce Scherzo que la plupart des pianistes jouent "brillant" et "salon", alors que c'est le Commandeur qui vient réclamer notre vie.
Je suis peut-être un peu grandiloquent ce soir et demain je regretterai peut-être ce que j'ai écrit. Non pas que je ne pense pas chaque mot écrit, mais un peu de réserve sera sans doute revenue. Tant pis. Ou tant mieux pour ce soir.