28 Juil 2012 à 13:51
pdobdob » 28 Juil 2012, 12:03 a écrit:@ Icartau
Moi ce qui m’interpelle c’est le fait que l’on dise d’un instrumentiste de niveau international, qu’il est plus technicien que musicien, je n’arrive pas à faire cette différence.
Cette différence si elle existe est subtile et doit tenir d’autres facteurs d’ordre physiologique, psychologique, d’ordre acoustique, d’ordre mécanique pour le piano etc.
Au concert ce qu’aime le public c’est souvent un excès démonstratif d’interprétation je me rappelle Beethoven / Lang Lang / Eschenbach / Orch de Paris / Pleyel…standing ovation, je ne sais pas si cela au disque l’effet aurait été le même ?
Cet excès démonstratif d’interprétation est peut être ce qu’on appelle technicité…![]()
Pierre.
28 Juil 2012 à 14:00
PP_65 » 28 Juil 2012, 10:05 a écrit:Je ne suis pas du tout sûr de l'éternité d'une musique ou d'un art , pour revenir aux interprètes du Classique , il se peut qu'il y ait tout simplement saturation , le marché est gorgé de disques des grands du passé qui ont connu la fébrilité ou la passion de faire connaître aux masses ( via le microsillon et le CD) des répertoires peu joués ou oubliés , le mélomane (je ne parle pas du touriste de concert) ou le musicien ne peut ignorer ce passé qui le regarde en permanence et les marges pour la nouveauté sont maigres ; en conséquence je ne vois qu'une seule issue pour l'art : le répertoire contemporain .
28 Juil 2012 à 14:06
SudPigalle » 28 Juil 2012, 10:57 a écrit:Je pense comme en peinture que les deux ont leur place.
Les classiques pour montrer l'évolution et les audaces replacées dans leur temps
et
Les nouvelles créations pour montrer qu'il y a encore d'autre voies
Je ne vois pas pourquoi toujours vouloir opposer les unes aux autres alors qu'elles sont complémentaires et que les nouvelles n'existeraient surement pas dans leur état sans les premières.
JP
28 Juil 2012 à 14:38
lcartau » 28 Juil 2012 13:51 a écrit:Bonjour Pierre, oui il y a de cela. Disons que parler d'esbrouffe serait absolument exagéré. Pour autant, je ne vois dans les pianistes modernes notamment, qui atteigne des sommets de lecture d'une partition. En ce qui me concerne, pour revenir à Hillary Hann, qui visiblement a son public, on est à des kilomètres du brillant et fulgurant Heifetz, ou de la lecture globale et de la profonde architecture d'un Milstein. Et cette différence n'a rien de subtile, il suffit d'écouter les 3 interprètes et de comparer posément.
En tout cas, à mes oreilles, elle n'est pas plus subtile que de lire du Michel Tournier, et du Marc Lévy. ça vient de manière assez évidente, dès que l'on s'affranchit de la qualité de la prise de son. Il est évident que l'instrument d'Hillary Hann est techniquement mieux enregistré que les deux autres. Mais, nous savons faire la différence entre Murnau et David Finscher non :wink: ?
28 Juil 2012 à 15:27
pdobdob » Aujourd’hui à 12:03 a écrit:[...]
Au concert ce qu’aime le public c’est souvent un excès démonstratif d’interprétation je me rappelle Beethoven / Lang Lang / Eschenbach / Orch de Paris / Pleyel…standing ovation, je ne sais pas si cela au disque l’effet aurait été le même ?
Cet excès démonstratif d’interprétation est peut être ce qu’on appelle technicité…![]()
Pierre.
28 Juil 2012 à 21:13
lcartau » 28 Juil 2012, 08:32 a écrit:D'ailleurs, et même s'il fallait ouvrir un post spécifique, il y a un vrai sujet concernant le talent des musiciens dans le répertoire dit "classique" aujourd'hui comparé à ce qu'il était jusque dans les années 70. Il y a plusieurs raisons à cela:
30 Juil 2012 à 15:00
pdobdob » 28 Juil 2012, 14:38 a écrit:
Je pense que la comparaison avec des écrivains ou réalisateurs est mauvaise, ils sont libres d’inventions.
Un musicien concertiste doit s’exécuter à jouer des œuvre écrites…Faire la différence entre musicalité et technicité d’un artiste me semble délicate.
Les musiciens que tu cite ne prenaient ils pas trop de liberté avec le tempo…Et puis, ils ne sont pas tout seul le chef à sa vision des choses également, tout cela est un ensemble à un moment donné et ce moment peut être magique.
Pierre.
30 Juil 2012 à 15:06
Pseudo » 28 Juil 2012, 21:13 a écrit:
Intéressante réflexion.
Il est certain que le mouvement du retour au texte, initié dans les années 70 je dirais, a produit des effets pervers. Mais il a aussi permis de redécouvrir des partitions défigurées par des traditions interprétatives nées bien après l'écriture de certaines œuvres, et il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
Le cas de la musique baroque est différent: c'est une renaissance qui s'est produite dans le sillage des Leonhardt, Harnoncourt, Brüggen, Bilsma, et bien d'autres.
Ce retour au texte s'est sans doute accompagné d'une prudence excessive des interprètes, de manière très générale: le texte, le texte avant tout. Il en est résulté une lecture plus honnête des partitions, mais une originalité moindre. Plus personne n'a osé inclure toute l'humanité du monde dans le mouvement lent d'un concerto de Mozart, comme Oïstrakh.
30 Juil 2012 à 15:53
lcartau » 28 Juil 2012, 13:00 a écrit:Tu as partiellement raison. "Partiellement" parce que tu ne peux pas rattacher toute forme d'art à son instant de création. Au fond, quelqu'un qui lirait la République et Les Lettres Persanes peut en tirer le plus grand profit sans savoir qu'un ouvrage a été écrit avant un autre.
Ce qui est important, c'est que l'on continue à produire de l'Art. Mais sincérement, la question que tu mets souvent en avant de soutenir les artistes contemporains face aux anciens n'a qu'une utilité sociale. D'un strict point de vue artistique, crois tu que Van Gogh ait eu besoin d'avoir du succès pour devenir un artiste majeur de l'Histoire de l'humanité ?
Non, une oeuvre s'impose parce qu'elle a du sens. Il y a des chances que les Back Eyes Peas finissent comme Salieri :mrgreen:
30 Juil 2012 à 16:14
PP_65 a écrit:
Il y a une sacrée différence entre un peintre et un compositeur dans la mesure où l'oeuvre du peintre est finalisée tandis que celle du compositeur doit être jouée ou enregistrée pour livrer sa pleine mesure , ce qui ne peut se faire dans la solitude et a donc besoin de support ( d'auditeurs, de musiciens , de lieux ) ; n'oublie pas la phrase de Varèse ( découverte sur un disque de Zappa) : "the present day composer refuses to die" , qui est à la fois une déclaration d'indépendance et un appel à l'auditeur .
30 Juil 2012 à 17:23
31 Juil 2012 à 23:42
PP_65 a écrit:Pas de classement de valeur ? Je ne sais pas , ne connaissant pas assez le Classique, mais je pense que tout acte artistique est intimement lié à l'époque qui le voit naître ( dans notre cas, pour la partition comme pour son interprétation ) . Pour le Jazz ou le Rock , je mets au dessus les originaux face aux "copies" : Armstrong au dessus des Haricots Rouges .
01 Aoû 2012 à 00:32
01 Aoû 2012 à 08:33
PP_65 a écrit:Tu crois que Bach aurait pu dire, comme Nietzsche : "Dieu est mort" ? Le peu que je connais de son art tend vers la pureté d'un idéal vu à travers la Chrétienté .
01 Aoû 2012 à 08:57
PP_65 » 01 Aoû 2012 00:32 a écrit:Tu crois que Bach aurait pu dire, comme Nietzsche : "Dieu est mort" ? Le peu que je connais de son art tend vers la pureté d'un idéal vu à travers la Chrétienté .
"S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu."
01 Aoû 2012 à 09:37
01 Aoû 2012 à 10:22
lcartau » 01 Aoû 2012, 07:33 a écrit:
Pour Bach tu as raison, mais pour son œuvre ? Je ne dis pas qu'elle n'est pas d'essence divine (au contraire !) mais ce que je veux dire, c'est que parfois (souvent?) l’œuvre s'affranchit de l'époque.
01 Aoû 2012 à 10:24
lcartau » 01 Aoû 2012, 08:37 a écrit:Oui c'est marrant Jean Pierre, en lisant PP, je repensais à cette citation de Cioran (on en avait déjà parlé). Disons que l'oeuvre de Bach dépasse largement le contexte religieux de l'époque. L'oeuvre de Bach est magistrale de modernité et d'évidence!
01 Aoû 2012 à 11:01
PP_65 » 01 Aoû 2012, 10:22 a écrit:
Je ne le crois pas, je pense que c'est dans l'ADN même de l'oeuvre et qu'on peut ne pas le voir ou l'entendre au 1er abord mais que c'est toujours présent et qu'à l'insu de notre plein gré, ce passé nous entoure . Et il n'est pas besoin de reculer bien loin, j'entends cela chez les Beatles !
01 Aoû 2012 à 11:03
PP_65 » 01 Aoû 2012, 10:24 a écrit:
Il faudrait savoir ce que tu entends pas modernité ; pour ce qui est de l'évidence, c'est très relatif, j'ai trouvé Varèse plus évident que Bach lorsque je les ai entendus pour la 1ère fois .