C'est bien construit et c'est très agréable à manipuler.
Mais quand même ...
Il y a eu une filière fleuve sur Summilux qui commence à l'annonce de l'arrivée du M-240 fin 2012/début 2013.
J'ai lu l'ensemble de la filière et je peux en faire un résumé.
1 - Les Leicaïstes se précipitent chez leurs revendeurs pour réserver un M-240 soit en le payant comptant soit en versant des arrhes. Précisons qu'à sa sortie, le M-240 est proposé à un peu moins de 6000€, boîtier nu.
2 - Retard dans les livraisons en France. Nos pauvres Leicaïstes qui ne savent vraiment pas comment dépenser les 6000€ qu'ils ont de trop, râlent et tapent du talon et braillent comme des gosses à qui on refuse un dernier tour de manège.
3 - Hourra ! Les premiers exemplaires sont livrés !
4 - Zut ... gros pb de pixels grillés sur les capteurs. Retour en Allemagne (Deutsche Qualität ?). Plusieurs semaines, voire mois d'attente ...
5 - Re-zut ... pb au niveau des écrans LCD, joliment appelé par nos Leicaistes jamais en mal "d'images" : la tâche de café. En fait, il y avait comme une tâche de café sur les écrans LCD les rendant inutilisables. Re-retour en Allemagne. Bonjour le bilan carbone des M-240. Deutsche Qualität ? (bis)
6 - Là, ça commence à râler sévère chez les afficionados de la pastille rouge. Mais tout le monde se calme et acclame Leica au motif que pour patienter, ils se sont vus offrir un subliiiime livre de photos joliment signé "Leica". On en regretterait presque d'avoir eu un M-240 n'ayant jamais eu de pb tellement la gratification est ... gratifiante.
7 - Tout va ensuite pour le mieux jusqu'au jour où, pour des raisons obscures, Leica change de fournisseur pour ses oeillets qui assurent la liaison entre le boîtier et la sangle. Vous me voyez venir, je suis sûr ...
Donc, on a autour du cou un boîtier qui vaut maintenant allègrement plus de 6000€ (ben oui, tout augmente ma bonne dame) et une optique valant au bas mot 5000€.
Et là, patatras ! Les oeillets cèdent, et c'est 10 000€ à 15 000€ (voire parfois plus !) de matos qui s'écrasent aux pieds de nos Leicaïstes ...
Qualité Leica ?!!
Mais c'est la force d'une marque que d'arriver à être aussi approximative tout en conservant un socle de convertis à vie (De ce point de vue, ça me faut furieusement penser à Audio Note).
On ne fait pas le choix de Leica pour sa supériorité technologique (sur tous les critères, Leica est largué par rapport à ses concurrents).
On choisit Leica pour son histoire, pour avoir entre les mains un morceau de cet héritage prestigieux, pour le plaisir aussi de manipuler un objet de luxe et qui, d'une certaine façon, impose une posture photographique et une façon de photographier.
Cette approche est hautement respectable et c'est une expérience unique, à laquelle on arrive à se plier ou pas. Personnellement, je n'y suis pas arrivé et il n'y a aucune raison de se contraindre soi-même à l'usage d'un outil.
Un outil doit servir à ... et ce n'est pas à l'utilisateur de servir l'outil.
Cela étant dit, si je devais replonger un jour vers la pastille rouge ce serait vers le Monochrome (première version) dont le traitement des noirs et blancs et des gris est superbe de richesse et de subtilité et/ou vers le M8 dont la restitution des couleurs est d'un naturel et d'une fluidité hors du commun.
Bref, des vieux machins, des vieux capteurs ... tout comme mon XPro-1 que j'ai en double exemplaire et qui délivre des images d'une fluidité que l'on ne retrouve plus avec les capteurs suivants.
Un peu à l'image des vieux Dac qui sont moins définis (piqués) que les bêtes de concours actuelles, mais qui offrent ce "naturel" et cette fluidité que ces derniers n'ont (presque) plus.