Après l’annulation de l’année dernière, cette reprise des Rencontres, associée à une nouvelle direction était très attendue.
Comme pratiquement tous les ans, j’ai eu l’occasion de m’y rendre, avec toutefois moins d’expos vues cette fois du fait de quartiers d’été réduits de moitié cette saison. Les venues en Arles sont passées de 4 - 5 à 2. J’ai néanmoins pu voir une bonne dizaine d’expositions.
Peut-être est-ce dû en partie à la situation d’attente qui fait que l’on projette souhaits et espérance, mais j’ai trouvé que cette édition était la moins passionnante de toutes celles que j’ai vues jusqu’à présent. Si de très belles expositions sont toujours présentées, la philosophie générale qui caractérisait les Rencontres comme une vitrine de la photographie contemporaine qui s’ancrait dans l’histoire de la photo semble s’être sinon envolée, tout au moins fortement diminuée. Un avis bien sûr relativisé par la vue partielle que j’ai eue de ces Rencontres.
De ce que j’ai vu et selon un avis librement subjectif :
Au Palais de l’Archevêché : la rétrospective consacrée aux photos de portraits de
Pieter Hugo est sans nul doute la meilleure exposition. Une de celles qui rappellent l’époque où François Hebel dirigeait les Rencontres.
J’ai beaucoup aimé également celle, collective, qui se tenait à l’église des Trinitaires :
Thawra ! Révolution ! Soudan, Histoire d’un soulèvement. Comme son titre l’indique elle retrace la récente révolution soudanaise ayant entraîné la chute d’Omar el-Bechir. Là encore une superbe exposition. De type collective, elle regroupe photographes amateurs et professionnels, regroupés dans une scénographie sophistiquée qui met à la fois en valeur le travail de chacun et la cohérence de ces différents regards.
Cette année, un nouveau lieu était ouvert : le musée Arlaten. C’est là qu’était présentée la rétrospective
Sabine Weiss. À en juger par la queue des visiteurs qui patientaient avant d’entrer, il n’est pas impossible que ce soit la plus visitée des Rencontres. Ce qui est parfaitement justifié, vu que Sabine Weiss est une grande dame de la photographie. J’ai bien sûr beaucoup aimé également bien que je n’affectionne pas particulièrement la street. Et, pour conserver un œil critique face au travail d’une des plus grandes photographes, il y a une série de photos que je n’ai pas trop appréciée. Je suis toujours mal à l’aise avec le côté voyeur que parfois revêt la photographie. Mais, comme je disais en préambule, un avis hautement subjectif, car les personnes avec qui je visitais n’ont pas eu la même impression.
Généralement, je prends un grand plaisir aux expositions présentées à l’Espace Van Gogh. J’ai trouvé celle sur
l’Orient Express inintéressante au possible, à l’exception d’une petite série de photos prises par le photographe d’une revue, dont le nom m’échappe, et de quelques affiches illustrées.
Il n’est pas rare que celles qui sont présentées au cloitre Saint-Trophime soient davantage des expériences plasticiennes qui interrogent le média photographique, tout au moins dans la salle qui accueille la Résidence BMW. C’était encore le cas cette année et j’ai trouvé interessant le travail que la lauréate
Almudena Romero effectuait sur le pigment et le procédé photographique. La salle du haut peut, selon les éditions abriter une exposition photographique classique comme ce fut le cas avec les photos des statues déboulonnées de Lénine en 2017, ou être de type plus conceptuel comme cette année avec Blue Skies d’
Anton Kusters sur le traumatisme et l’oubli. Un travail qui m’a évoqué le mémorial de Pingusson.
The New Black Vanguard installé à l’église Sainte-Anne est l’une des expos les plus médiatisées de ces Rencontres. Il s’agit là aussi d’une exposition collective. Elle est consacrée à la photographie de personnes noires par des jeunes photographes noirs dans le monde de la mode. Une exposition qui oscille entre le glamour et le sociologique avec certaines photos plastiquement superbes. Si j’ai bien aimé cette exposition, mon fiston un peu moins, et cela nous a valu une discussion un peu animée lors du déjeuner sur les aspects que peut revêtir le post colonialisme dans l’art et le politique.
Le site des ateliers s’est profondément métamorphosé, et de ne pas l’avoir vu depuis 2 ans rend cette mutation encore plus visible. Il est aujourd’hui un parc qui commence à être arboré avec des installations permanentes et le souhait que ce site devienne un lieu de promenade pour les arlésiens est manifeste. On est loin de la friche industrielle des anciens ateliers de la SNCF où on errait entre les bâtiments étourdis par la chaleur. Toutefois, avec cette conversion on a perdu un grand nombre de bâtiments et avec eux, de fait, un grand nombre d’expositions puisque la quasi-totalité des ateliers servait de lieux d’accrochage pour les rencontres. Il en reste quelques-uns dont celui de Mécanique Générale (l’un des plus notoires) qui accueille cette année :
Masculinité. Une « grosse » exposition dans ce qui était généralement la tradition de celles présentées aux ateliers. Des expositions collectives regroupées autour d’un thème. Celui de cette année est assez faible pour être réellement fédérateur et cette exposition est très inégale et bien souvent rébarbative. Certes les célèbres portraits »politiques » de Richard Avedon y sont montrés, mais ils l’avaient déjà été il y a peu à l’Espace Van Gogh et dans un accrochage autrement intéressant. Les autoportraits de Talibans retrouvés dans l’arrière-boutique d’un photographe font partie des belles choses présentées.
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airV le 01 Sep 2021 à 10:10, édité 1 fois.