22 Aoû 2024 à 14:02
22 Aoû 2024 à 14:47
sax.tenor » 20 Aoû 2024 à 10:58 a écrit:C'est intéressant tout cela. J'ajoute à la discussion les échanges sur les cordes croisées vs cordes parallèles :
Forum Piano majeur
et bien sûr : Barenboim / nouveau piano à corde parallèles
et historiquement (extrait de Fan de Erard: ÉRARD VERSUS STEINWAY un colloque sur les sonorités de différents pianos par William et Philippa Kiraly)
Traduction du texte en anglais d'un article paru dans la revue américaine « The Piano Quarterly ». Printemps 1982, n° 117, pages 44-45.
[...] L'idée qui était à l'origine de ce colloque de deux jours consistait à comparer les qualités relatives d'un piano à queue moderne avec celles d'un instrument du milieu du 19° siècle. On a voulu comparer un instrument qui aurait pu être utilisé par Chopin, Liszt ou Schumann avec un des excellents pianos d'aujourd'hui : un Steinway moderne.
L'idée de ce colloque venait du Professeur Kenneth Taylor du Collège Kenton et d'Edmund Michael Frederick, collectionneur et restaurateur de pianos du 19° siècle. Le colloque comprenait une visite de la belle collection de pianos rassemblée dans la Collection Frederick, un concert sur le piano Érard, des discussions au sein d'un groupe de personnes ayant des compétences étendues pour vérifier l'affirmation de George Bernard Shaw : « La musique s'écoute de la meilleure façon lorsqu'elle est jouée sur l'instrument du compositeur ».
[...] M. Porter faisait remarquer d'emblée, qu'il s'agissait d'une comparaison des pianos et non pas d'une confrontation. En fait, les résultats des essais ont fini par mener à des révélations lorsque des compositions entières ou des extraits furent joués d'abord sur l'un et ensuite sur l'autre instrument. Le premier essai de M. Dudley sur le piano Érard avec l'Arabesque de Schumann mettait en évidence les basses chaudes et un médium rappelant agréablement les bois de l'orchestre. L'acoustique de la salle étant assez sonore, si bien que quand on entendait ensuite le son du Steinway, l'effet fut atterrant : c'était comme si on utilisait une grosse machine de terrassement pour remplir un simple bac à sable. Comparé au piano Érard, le Steinway avait un son massif, même en jouant doucement. Le son plus prolongé du Steinway facilitait la mise en place d'une mélodie, mais c'était aux dépens de la clarté harmonique et les basses puissantes envahissaient les autres registres. La sonorité de l'Érard était légère et brillante. En raison d'un son plus court (dû aux marteaux plus légers et aux cordes plus minces), il était possible d'entendre les voix secondaires distinctement : les basses avaient de l'autorité sans dominer. « Si les couleurs sonores du Steinway évoquent le rouge et le bleu, alors celles de l'Érard chantent toutes les teintes de l'arc-en-ciel », a estimé M. Dudley. M. Fisk mettait l'accent sur la mécanique rapide et légère de l'Érard. « Le piano parle si vite que, lorsque je suis en train de le faire parler, il a déjà parlé ».
Sans qu'on le dise explicitement, il devenait clair que chaque joueur entendait avec le piano Érard les intentions du compositeur qui étaient cachées par le Steinway et on se posait la question suivante : comment trouver la technique pianistique qui nous approche de ce que l'on entend avec un Érard tout en jouant sur un Steinway. M. Dudley ajoutait encore des éléments à la réflexion en mettant en évidence la puissance sonore de l'Érard avec un fragment des Funérailles de Liszt, dans lequel il obtenait une forte tension expressive sans nous casser les oreilles. Ainsi les discussions continuaient dans un élan de que tions et de réponses qui se poursuivait pendant la réception pour encore se maintenir, sans relâche, jusqu'à minuit.
La Collection Frederick [...] réunit 23 instruments dans des états variables de restauration et dont une bonne dizaine est maintenant en état de marche, y compris le bel Érard de 1856 qui est utilisé pendant le colloque.
[...] C'est grâce aux événements précédents que les participants du colloque écoutaient le concert du soir sur l'Érard de 1856 avec une compréhension aiguisée et un vif intérêt. M. Dudley s'en tenait aux trois compositeurs qui ont dominé le colloque : Chopin, Liszt et Schumann dans un programme destiné à faire briller le piano tout en faisant ressortir tous les éclats de la musique. Dans la Barcarolle op. 60 de Chopin, le rythme berçant dans la main gauche ne dominait jamais, mais il n'était pas non plus masqué par la mélodie de la main droite. Sur le Steinway, ce n'était simplement pas possible de rendre le thème coulant de l'Arabesque op.l8 de Schumann comme on peut le faire sur l'Érard : l'instrument moderne est trop percutant. Et dans les Funérailles de Liszt, exécutées maintenant en entier, la procession sombre et funèbre se heurtait aux motifs galopants dans les graves, à tel point que le piano lui-même semblait se lever et partir au galop. Décidément, des sons miraculeux.
Reproduit avec l'autorisation de Mme Philippa Kiraly (Traduction : René Beaupain).
J'ai mis FAURÉ DEBARGUE dans mon panier :wink:
22 Aoû 2024 à 16:49
22 Aoû 2024 à 20:57
lupu a écrit:Mais le jeu de L. Debargue, chaque fois que j'ai pu l'entendre au disque, me paraît marqué par une sorte de digitalité électrique, certes impressionnante, mais qui laisse finalement assez peu de place à l'émotion et à la couleur.
22 Aoû 2024 à 23:42
Pseudo » 21 Aoû 2024, 22:05 a écrit:De quoi tu causes, Lombric? :wink:
23 Aoû 2024 à 12:43
lupu » 22 Aoû 2024, 16:49 a écrit:J'ai comparé, à partir du disque " Classica " d'avril 2024, le nocturne N° 13 po 119 par Lucas Debargue avec la version de Jean-Philippe Collard
l'interprétation et l'instrument de J.P Collard me paraissent plus riches en atmosphère et en couleur
le jeu de L. Debargue, chaque fois que j'ai pu l'entendre au disque, me paraît marqué par une sorte de digitalité électrique, certes impressionnante, mais qui laisse finalement assez peu de place à l'émotion et à la couleur. En ce qui concerne l'instrument et sa captation, ils me paraissent aller dans le même sens: peu d'assise dans le grave, une sorte d'embrun métallique dans le médium, en somme rien qui paraisse rendre justice aux exceptionnelles qualités annoncées.
23 Aoû 2024 à 16:13
Pas du tout. C'est la dernière création, comme cela a été dit, de Stephen Paulello. C'est un piano moderne, innovant et puissant. Je vois que tu n'as pas consulté les documents indiqués précédemment.jeanpascalg a écrit:Lucas Debargue joue sur piano historique, il est normal que l‘on ait pas la même ampleur qu’un Stenway récent.
jeanpascalg a écrit:Pour juger :
Lucas Debargue
https://www.qobuz.com/fr-fr/album/faure ... 0qqcgf7lba
JP Collard EMI :
https://www.qobuz.com/fr-fr/album/faure ... jtge8e6a0a
Mais JP Collard l'as réenregistré et je préfère cette dernière version moins chopinienne.
https://www.qobuz.com/fr-fr/album/gabri ... 9028005011Personnellement, je n'ai pas, sur les exemples Qobuz que tu donnes, été conquis par le jeu de Dalberto mais si j'écoutais l'intégrale, je serais peut-être séduit...Qui sait ? Les quelques extraits proposés ici de l'intégrale de Jean-Claude Pennetier me semblent plus qu'intéressants par contre. https://www.mirare.fr/albums/integrale- ... -volume-2/
lupu a écrit:J'ai comparé, à partir du disque " Classica " d'avril 2024, le nocturne N° 13 po 119 par Lucas Debargue avec la version de Jean-Philippe Collard ( vinyle EMI 1974 ). Sur cette page, ce qui ne préjuge pas de l'intégrale, l'interprétation et l'instrument de J.P Collard me paraissent plus riches en atmosphère et en couleur ( et , reconnaissons-le, en discrets craquements ! ). Ce qui est peut-être facilité par un tempo plus lent, une demi-minute de plus, ce qui n'est pas négligeable.
En effet, et ce n'est pas en écoutant une ou deux pièces que l'on peut se faire un bon jugement sur une intégrale. En plus, dans une intégrale, il es exclu de penser que tous les morceaux sont des références. Pris individuellement, on trouvera toujours mieux sur un prélude, un nocturne ou une barcarolle. L'enregistrement du Fauré de Collard (que je possède aussi et que j'aime) est plus ancien ; je ne parle pas de la date bien évidemment mais du fait que les enregistrements modernes de piano sont totalement différents dans l'ensemble aujourd'hui (à Sushu). On capte et on y entend (presque) tout. Le piano de Collard, plus lointain, moins défini, nous entraîne plus facilement à la rêverie ; Les notes baignent dans une atmosphère "fin de (19e) siècle" telle qu'on se plaît à l'imaginer. Confortable et feutrée, propre aux songes. Mis à part la belle interprétation de JPC, cette captation est donc un plus pour nous aider à pénétrer dans un "certain" univers de Fauré.
lupu a écrit:En ce qui concerne l'instrument et sa captation, ils me paraissent aller dans le même sens: peu d'assise dans le grave, une sorte d'embrun métallique dans le médium, en somme rien qui paraisse rendre justice aux exceptionnelles qualités annoncées.
23 Aoû 2024 à 16:24
23 Aoû 2024 à 18:02
24 Aoû 2024 à 13:48
24 Aoû 2024 à 15:34
24 Aoû 2024 à 19:09
Nicodimdom » Aujourd’hui à 13:48 a écrit:Ce que tu dis s'entend. :biggrin:
24 Aoû 2024 à 20:02
24 Aoû 2024 à 20:22
25 Aoû 2024 à 09:42
26 Aoû 2024 à 13:32
Nicodimdom » 23 Aoû 2024, 16:13 a écrit:comme pour les interprètes. Kantorow, Debargue, Dalberto, Rana... Aimez, délaissez, préférez, détestez, choisissez, rejetez. Mais ce sont de grands pianistes.
26 Aoû 2024 à 16:17
26 Aoû 2024 à 20:56
27 Aoû 2024 à 00:12
jeanpascalg » 26 Aoû 2024, 13:32 a écrit:Justement comment tu définis un grand pianiste face à un autre moins grand ?
27 Aoû 2024 à 07:38