Cher Pouet-Pouet,
combien de fois encore vas-tu nous sortir ton catéchisme des mythes fondateurs et du martyrologue des « suicidés de la société » à la Braxton qui devraient, à eux seuls et sans plus d’examen, faire office d’argument final, de point Godwin même (traiter l’adversaire de Panassié vaut bien l’Hitler des autres) ?
L’a t’on déjà entendue cette antienne : « Si tu rejettes Tartempion, c’est que tu es comme ces philistins qui rirent devant les toiles impressionnistes ou rejetèrent Van Gogh. »
J’avoue, en tant qu’ancien soixante-huitard, j’ai un temps pratiqué le mépris face aux sceptiques qui se méfiaient des nouveautés rugissantes et du progrès forcément progressiste. Que ne nous sommes-nous gaussés de ceux qui ne comprenaient rien (du moins le croyions-nous) aux aubes dorées de la dernière singularité sortie…
Sans bien voir que nous étions nous mêmes dans la société du spectacle depuis des lustres. Et que nous nous contentions d’endosser des rôles.
Et puis, force me fût de constater que tous ces excellents progressistes s’étaient convertis à une nouvelle idéologie, le post-modernisme dont le premier postulat était que « tout est égal à tout et tout est affaire de marché ». Debord avait eu raison au delà de toute espérance.
Du coup, un vent nouveau (quel mot galvaudé) s’est depuis levé (ta daaa) et a proclamé le retour à un art politique et critique qui est (serait) l’affaire de tous. Cf Toni Negri et consorts…
Cette démocratisation de l’art (que je ne peux qu’approuver) m’apparaît tout de même un peu bidon de chez bidon dans la mesure où le plus grand nombre des « œuvres » (visuelles, auditives, gustatives etc.), qui me sont affirmés comme paradigmes de la modernité, le sont par encore et toujours le même « maître abrutisseur » (un concept de Rancière) à savoir l’éternel pédagogue, celui « qui sait » qu’il soit critique d’art, prof au Collège de France ou simple intervenant sur un forum mais dont la prétention est qu’il est le seul, à pouvoir apposer le stamp « Kultur Korrect » sur l’artefact (plastique, musical, discursif etc.) dont il est question…
Et là, je décroche, il me prend des envies de contradiction pour la contradiction, d’affirmation d’une réaction (c’est bien le mot) face à l’agression (oh, gentille, bienveillante, il s’agit avant tout d’éveiller l’abruti qui vous fait face), voire de meurtre (symbolique, on se calme) du casse-c… de service qui me présente sa resucée de pensée surgelée…
Au moins, si nous nous entendions sur le concept de l’artiste en tant qu’individu attaché à un travail pour la forme comme aboutissement du sens, donc à des codes comme cadre d’expression commun à l’artiste et au récepteur…
Bon, allez, ce n’est pas grave, bonne année tout de même.
PS : ce fil est censé donner envie d’écouter du jazz !