Le QuadFest, c’est à chaque fois la promesse d’une très belle journée.
Promesse tenue. Nous y sommes allés à trois, deux habitués (dont votre serviteur) et un nouveau venu (membre de l’AAA) qui donc découvrait l’endroit et son ambiance.
A peine arrivés se présente devant nous le petit buffet dans le hall d’entrée : jus de fruit et (bons) vins rouges et blancs de la région, petites assiettes de charcuterie agrémentées de fruits divers et variés. Exactement ce qu’il nous fallait après plus de deux heures et demie de route …
Très attentionnés, Manfred Stein et son équipe.
Nous démarrons les écoutes dans la salle du rdc : des ESL63 y trônent, spécialement « refaites » pour l'occasion (et d'ailleurs à vendre).
(désolé pour le contre jour ...).
Le vinyle y est à l’honneur (source exclusive) ainsi qu’une amplification d’origine artisanale allemande, basé sur des MOSFET : préampli et blocs mono (les deux prototypes et les deux version actuelles à l'écoute).
La source est une nouveauté conçue et réalisée par une très sympathique jeune femme, Martina Schoener, ingénieur de son état, à l’origine des laveuses LoriCraft et de son produit de nettoyage (distribué sous sa propre marque « L’Art du Son », oui elle parle le français, plutôt bien, en faisant l’effort pour trouver les termes techniques exacts …) et de La platine
Transcription Référence 501 (dont la réputation est grandissante et le prix sans commune mesure avec celui des ESL …) utilisée lors de ces écoutes et qu’elle a conçue sur une base Garrard :
La laveuse LoriCraft et son fil à coudre qui permet d'optimiser le nettoyage.
La platine Transcription Référence 501:
Impossible donc d’y écouter mes galettes irisées... Mais les 30 cm sont présents en nombre dans la salle, pas spécialement des pressages audiophiles, mais des galettes de tous âges. Du coup, les écoutes sont très variées.
Le premier disque est celui de Brel - les marquises: assez grosse déception, car la restitution est plutôt agressive. On passe vite à autre chose pour se rendre compte que le Brel était très mal pressé et en mauvais état.
Car la suite était d’un tout autre calibre :
"We get requests" (Peterson et Cie),
un disque studio surprenant d’Elvis (très belle voix),
"Bistro ballads" par Audray Morris (quelle magnifique voix !): qui connaît ?
« unter uns » de Hermann van veen :
Et bien d'autres.
La tenue du grave est exceptionnelle, sans la moindre distorsion : j’ai rarement entendu des ESL63 à ce niveau là ! Tous le savoir faire de Quad Musikwiedergabe s’exprime dans cette restitution.
Sur les très bons enregistrements, la restitution des voix laisse … sans voix, car le naturel est la caractéristique principale de ce que l’on entend. Les ESL63 et la lecture des vinyles s’effacent, la musique s'installe avec une scène sonore vraiment crédible et stable. Un grand bravo, car nous y restons bien plus d’une heure, sans aucune envie de bouger.
On finit sur l’opéra (pas vraiment ma tasse de thé) NABUCCO, comme si l’on était au premier rang : la voix puissante et bien timbrée de la soliste, l’orchestre assez « plat » et pour cause, il est dans la fosse. Les amplis ne lâchent rien, même si on dénote par moment sur les fortes une certaine crispation du haut medium, typique, il me semble, des amplis à transistors sur les ESL à très haut niveau sonore. A suivre ...
Mais clairement, dès l'entrée, la barre est placée très haut(e).
Après une nouvelle petite pause dans le hall d’entrée, nous nous installons à l’étage ou vient de se finir la conférence de Jurg Jecklin sur l’acoustique des salles pour la reproduction sonore, à laquelle j’avais déjà assisté partiellement pas le passé (dispensée alors dans la langue de Goethe).
Au menu, la lecture de CD (ensemble Musical Fidelity), préampli maison Quad TranDyn et le nouvel amplificateur stéréo Quad 204V QA (PP de KT88 de 40 Watts) pour alimenter les ESL63QA, ampli stéréo classe D, le Quad 204QA pour alimenter les deux caissons ad hoc.
Ici, l’auditeur a tout le loisir d’auditer sa musique, ce dont je ne me prive jamais.
La Stravaganza de Vivaldi par Polger (Channel Classics, une merveille de prise de son), Bojan Z (Transpacifik) et Voyage (duo piano / Jazz), entre autres, défilent.
Voyage (j'en reparle plus loin):
Et, au passage, intéressez-vous à ce quidam, originaire du pays des tulipes ...
Comment dire, ce sont bien des ESL Quad, mais trouvons tous les trois que la qualité de restitution est variable, que la contrebasse bourdonne un peu et que par moment, la restitution se raidit un peu. Et de me rappeler d’autres écoutes des ESL63QA (celle du QuadFest 2013 par exemple) ou les ressentis similaires étaient éprouvés, alors que l’amplification était différente (Quad 204QA ou Quad 909). De là à en conclure que la suppression sur les 63QA de la suspension sur laquelle sont fixées les cellules des ESL 63 (et suivantes) depuis 1983 (pour des raisons déjà évoquées) a un impact négatif sur la souplesse de reproduction, il n’y a qu’un pas … Surtout quand on a dans l’oreille ses propres ESL ou les ESL63 du rdc …
Difficile dans ces conditions d'émettre un quelconque jugement sur le nouvel ampli à tube Quad 204V QA !
Une nouvelle pause s’impose donc et bientôt la seconde zone d’écoute à l'étage est prête : elle propose une écoute sans hp … visibles !
Cela ressemble à ça:
La toute nouvelle source CD de Quad est mise à contribution : un lecteur préampli avec entrées SPDIF, entrée USB (compatible DSD64,128 et 256), et entrée analogique haut niveau, DAC de course, sorties symétriques et asymétriques. Son nom : « Artera Control unit / CD player », pas encore officiellement disponible. Le bloc stéréo Altéra est également en exposition, arrivé deux jours avant le début du salon et non testé (et donc non utilisé).
Les écoutes se font face au mur multicolore et acoustiquement transparent.
Et les écoutes commencent magnifiquement : la Stravaganza de Vivaldi retrouve toutes les couleurs … tonales et la finesse de l’interprétation qui me font tant apprécier cet enregistrement chez moi. L’équilibre tonal est juste et stable quel que soit la combinaison instrumentale. La restitution des cordes atteint ici un sommet en termes de respect des timbres et d’absence de crispation. Car le système, contrairement à celui de l’écoute précédente, ne restitue pas la légère verdeur de certains instruments anciens sous forme de dureté sans le haut medium.
Rien de tout cela ici, car on a envie que d’une chose : de fermer les yeux et de demander aux bavards (il y en a quelques fois qui trainent là-bas aussi) de se taire …
L’évidence de la restitution musicale vaut également pour le trio de Bojan Z, qui cette fois tient toutes ses promesses. La contrebasse est nerveuse et très bien timbrée, sans bourdonnement aucun (et pourtant on est dans le même local) et le Fazioli présent à souhait: sublime, vraiment.
Un mot sur le CD « Voyage » (Harmonic Records, 1983) : il est très rare d’entendre une reproduction d’un duo de jazz piano / contrebasse enregistré, certes en studio, à l’aide d’une tête artificielle équipée de microphones omnidirectionnels (B&K41xx pour ne pas les citer). Nous avons plutôt l'habitude de la multi-microphonie (avec ses réussites indéniable). Mais ici, le naturel de la restitution fait merveille sur ces ESL, le respect des timbres me semble de très haut niveau et les tailles respectives des deux instruments bien respectées, ce qui n'est pas toujours simple à obtenir.
D’ailleurs, pas loin de moi est assis … le preneur de son - Gérard de son prénom, actif sur le Vert - de la session d’enregistrement, c’est son disque. Il semble également tout à fait conquis par cette écoute. D'ailleurs, l’heureux homme n'a pas quitté la région le coffre vide... Ce disque sera sans doute un de ses meilleurs étalons pour la mise au point de son système autour de ses nouveaux jouets.
Nous passons également deux plages du Hadouk trio / Live à FIP et du fantastique « Paris – Istanbul – Shanghai » de Joël Grare, deux enregistrements exceptionnels qui passent vraiment bien, même si le système n’affiche pas tout à fait la même énergie et la même autorité dans certains passage que peuvent le proposer des ESL989/29xx optimisées …
Par ailleurs, la scène sonore est également un peu étriquée, mais cela s’explique par le (trop) faible écartement des stacked (c’est encore un peu encombré derrière le rideau) et par la moindre capacité (bien connue) des ESL57 à restituer une scène sonore holographique.
Je pourrais sans doute (également) vivre avec ce système : les Stacked sont épaulés par une paire de caissons de deux HP en Push/Pull (des prototypes semble-t-il), bien réglés (on ne les « entend » pas), le tout alimenté par trois blocs stéréo Quad 204QA (modules classe D de 250w dont on a déjà parlé). Il se confirme que ces modules se contrefichent de l’impédance torturée des ESL57 et leurs permettent de s’exprimer au mieux. N’est-ce pas là l’essentiel ?
Du coup, il est légitime de repenser à la source Quad Altera utilisée pour cette écoute: toutes ces fonctionnalités et de sacrées qualités pour moins de 2000 Euros ! Là, Quad va intéresser du monde.
En tout cas, cette écoute (et d’ailleurs celle du rdc également) vaut le voyage. Un prochain voyage, un V12 sous le bras, juste pour v … écouter.
Dernière édition par
ABF le 23 Sep 2015 à 21:03, édité 1 fois.